Patrimoine en ruine : plongée dans l’usine de parfum de Labé

Construite pendant la colonisation et nationalisée après l’accession de la Guinée à l’indépendance, l’usine de parfum de Labé faisait partie du riche patrimoine industriel du pays. Mais, comme la plupart des unités industrielles laissées par le premier régime guinéen, celle-ci a été fermée sous le régime de Lansana Conté, arrivé au pouvoir après la mort de Sékou Touré. Aujourd’hui, les installations de l’usine complètement en ruine, a constaté un correspondant de Guineematin.com à Labé.

Bâtie sur plusieurs hectares, l’unité industrielle se trouve entre les quartiers Nadhel et Safatou, dans la commune urbaine de Labé. Depuis l’arrêt total des activités de l’usine, en 2002, l’endroit est complètement abandonné. Les bâtiments et la plupart des machines sont encore là, mais ils ont été complètement usés par l’âge et le manque d’entretien. Sur les lieux, jadis sous haute sécurité, des bœufs profitent du calme et de la tranquillité pour se reposer. On nous apprend qu’il y a un gardien qui est chargé de surveiller les installations, puisque des cas de vols commençaient à être enregistrés sur place (un groupe électrogène y a été dérobé), mais ce dernier n’est pas visible sur place.

Aujourd’hui à l’abandon et en ruine, l’usine SIPAR (société industrielle des plantes aromatiques) de Labé a pourtant fait des beaux jours. Pendant de nombreuses années, l’unité industrielle a fait vivre beaucoup de personnes. C’est le cas du doyen Mamadou Ciré Diallo, un ancien employé de cette usine.

Mamadou Ciré Diallo, ancien travailleur dans l’usine

« J’ai travaillé avec les blancs de 1955 à 1971 au sein de cette unité industrielle. En ce moment, l’usine employait 44 à 45 personnes, tous les travailleurs confondus. Parallèlement à ces employés, il y a d’autres personnes externes qui ravitaillaient l’usine en fleurs d’oranger permettant d’obtenir le néroli. C’est-à-dire de l’essence tirée de ces fleurs qui sera ensuite cuite jusqu’à un certain degré. C’est cette substance qui est la matière première qui sera mise dans des bouteilles et envoyée en Europe pour faire enfin le parfum qu’il faut. Il y a beaucoup d’autres fleurs qui rentrent dans la fabrication du parfum, que des personnes externes fournissaient à l’usine. Quand tu envoyais trois kilogrammes de fleurs, tu as le choix entre un kilogramme de riz et de l’argent équivalent au prix d’un kilogramme de riz », se souvient-il.

« Beaucoup de personnes, de toutes les catégories d’âge, vivaient de cette unité industrielle. Moi, j’ai bénéficié de beaucoup de choses grâce à mon travail dans cette usine. J’ai eu assez de bœufs dont je jouis jusqu’à présent. Mais le malheur est qu’actuellement, tout est en ruine, c’est vraiment dommage et très regrettable », déplore notre interlocuteur.

Selon nos informations, plusieurs entrepreneurs guinéens ont tenté de relancer cette usine, mais tous se sont heurtés à des difficultés qui les contraints à abandonner le projet.

De Labé, Alpha Boubacar Diallo pour Guineematin.com

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