Accusée de sorcellerie, M’mah Soumah poursuit un guérisseur et ses patients à Kaloum

Monsieur N’Famny Camara et sa femme, Aissatou Bangoura, ainsi que le guérisseur Aboubacar Soumah, sont jugés au tribunal correctionnel de Kaloum pour des faits de charlatanisme. Au début, ils étaient poursuivis pour dénonciation calomnieuse, diffamation et atteinte à la vie privée au préjudice de madame Katty née M’Mah Soumah. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux présentant la plaignante comme une sorcière, est à la base de cette procédure. Les débats se sont ouverts dans la journée le jeudi dernier, 16 juillet 2020, où les trois prévenus ont nié les faits, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Au départ, les trois prévenus, qui comparaissent libres, étaient poursuivis pour des faits de dénonciation calomnieuse, diffamation, et atteintes à la vie privée de madame Katty née M’MAH Soumah. Mais au cours des débats, l’avocat de la partie civile, maître Mohamed Cheick Camara, a sollicité que les faits soient requalifiés en charlatanisme. Une demande acceptée par le tribunal.

A la barre, madame Katty M’Mah Soumah a expliqué les raisons qui l’ont poussée à porter plainte. « J’ai reçu une vidéo par Messenger de la part de ma sœur qui est en Belgique. Une vidéo dans laquelle madame Camara Aissatou Bangoura (l’une des prévenues) est en train de relater des choses en parlant mon nom. Dans la vidéo, il y a un marabout (Aboubacar Camara, l’autre prévenu) qui la tape au niveau de la cuisse en lui demandant son nom. En guise de réponse, elle dit qu’elle s’appelle M’Mah Soumah qui loge à la cité Sans fils à Kaloum. Le marabout lui demande, c’est toi qui as tué ton mari? Elle dit Oui, c’est moi avec ma famille qui se trouve à Kindia… Elle a raconté beaucoup de choses. Quand j’ai visionné la vidéo, j’ai appelé son mari, M’Famny Camara pour lui demander s’il est au courant de cette vidéo. Il me dit qu’il n’a pas connaissance de cette vidéo. Sa femme également dit ne pas être au courant. Quelques jours après, on a fait une assise avec leurs parents. J’ai demandé à ce que le marabout vienne. Ils ont dit que le marabout n’est pas ici. C’est ainsi que j’ai décidé avec ma famille de porter plainte parce qu’ils ont cité mon nom dans une vidéo qui est mise sur les réseaux sociaux et qui est allée jusqu’en Europe », a expliqué madame M’Mah Soumah, en précisant qu’il y avait des antécédents entre elle, la femme jugée et le marabout.

Pour sa part, N’Famny Camara, l’autre prévenu, a expliqué avoir été hébergé par la plaignante pendant 11 ans sans payer aucun sous. « Que la plaignante soit remerciée pour ce geste. Mais, quand ma femme est tombée malade, je l’ai envoyée chez le guérisseur pour des soins. Ce dernier a fait ce qu’il doit faire et ma femme qui était en transe a parlé le nom de M’Mah Soumah. Elle était inconsciente lorsqu’elle parlait de madame Katty née M’Mah Soumah. Quand nous sommes arrivés à la maison, je n’ai pas insulté, ni diffamé, encore moins porté une plainte. Je n’ai rien dit, et je n’ai pas fait un mauvais comportement à son égard. Je ne sais pas comment elle est en possession de cette vidéo. Parce qu’au moment des faits nous étions au nombre de trois. Et ma femme ne savait même pas qu’elle a été filmée parce qu’elle était inconsciente », a expliqué monsieur Camara.

De son côté, le marabout en question, Aboubacar Soumah a soutenu qu’il n’est ni charlatan, ni marabout, ni magicien, mais plutôt une personne qui traite les patients avec la parole de Dieu qui est le Saint Coran. « Je traite les patients avec le Coran. A l’image de la femme de N’Famny Camara, j’ai traité plusieurs autres personnes. Mon traitement n’est ni pour quelqu’un, ni contre quelqu’un. Je travaille avec la parole de Dieu. Quand une personne vient chez moi, elle explique son problème, je lui demande de faire les ablutions. Je lis le Coran et la personne s’évanouie. C’est ainsi que l’esprit qui est dans son corps parle avec la bouche du patient qui a déjà perdu la conscience. C’est en ce moment que je pose la question à l’esprit de savoir son nom, où il loge, et pourquoi il est dans le corps du patient. Et je demande à l’esprit de quitter. C’est ce que j’ai fait avec cette femme. Et j’ai traité une centaine de personnes parce que depuis 5 ans je fais ce travail, mais je n’ai jamais publié une vidéo sur dans les réseaux sociaux », a dit monsieur Soumah.

Quand à la patiente du marabout, madame Aissatou Bangoura, hypnotisée avant de parler, elle dit ne rien savoir de cette vidéo qui est pourtant à la base de son procès. « Moi, je n’ai pas visionné cette vidéo. Je ne connais pas ce qui s’est passé. Tout ce que je sais, j’avais mal au niveau de la jambe. Je suis allée à l’hôpital, mais je n’ai pas eu satisfaction. Le mal persistait toujours. C’est ainsi que nous sommes allés chez monsieur Aboubacar Soumah. Il a prié Dieu, il a lu le Coran et Dieu merci je suis guérie », a-t-elle lancé.

Le dossier a été renvoyé au 27 juillet 2020 pour la suite des débats.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620589527/654416922

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