N’Zérékoré : des femmes campent au domicile du patriarche et exigent la libération des opposants

Environ une semaine après leur première manifestation, plusieurs femmes sont revenues au domicile du patriarche de N’Zérékoré dans l’après-midi du mardi, 18 août 2020. Elles ont décidé cette fois de camper sur les lieux jusqu’à la libération de tous les opposants à un troisième mandat pour le président Alpha Condé, interpellés il y a quelques mois à N’Zérékoré et conduits à la prison civile de Kankan, rapporte le correspondant de Guineematin.com sur place.

La semaine dernière, le patriarche de N’Zérékoré, Molou Holomo Hazaly Zogbélémou, avait promis aux manifestantes de s’impliquer pour faire en sorte que leurs proches détenus à Kankan soient libérés dans un bref. Mais, après quelques jours d’attente, ces femmes n’ont rien vu de concret. C’est pourquoi, elles sont revenues au domicile de l’autorité morale de la ville, situé dans le quartier Bellevue, où elles décident de camper désormais jusqu’à la satisfaction de leur revendication.

« Depuis qu’on a arrêté mon mari, je m’appelle madame détenu. Nous sommes venues à nouveau voir notre papa, qui est le papa de N’Zérékoré. Nous n’avons aucun autre moyen. Quand nous sommes venues le pour la première fois, il nous a dit de l’attendre deux jours, après on va passer prendre la bonne nouvelle. Nous avons fait une semaine, jusqu’à présent on ne voit pas nos maris et nos enfants. C’est pourquoi nous sommes encore là ce matin. Nous sommes là aujourd’hui jusqu’à ce que nous voyions nos maris.

Notre papa est là, c’est lui qui doit envoyer ses enfants (les détenus de Kankan, ndlr). Nous allons rester ici et laver ses habits jusqu’au jour où il va envoyer ses enfants. C’est seulement ce jour-là que nous allons rentrer chez nous. Aujourd’hui, on a du mal à trouver même à manger parce qu’on n’a pas de moyens. Ma fille devait faire le bac cette année, mais à cause du manque de moyens, elle a été renvoyée de l’école. Ma fille n’a pas pu faire le bac parce que son papa n’est pas là », a déclaré la porte-parole des manifestantes.

Malgré les négociations menées par les membres du bureau des sages de N’Zérékoré, les manifestantes ont refusé de quitter les lieux. Elles ont passé la nuit dans la concession du patriarche et promettent d’y rester jusqu’à la libération de leurs maris et fils détenus à Kankan. Ces détenus, au nombre de 44, sont tous des opposants à un troisième mandat pour le président Alpha Condé. Ils sont accusés d’être responsables des violences intercommunautaires qui ont émaillé le double scrutin du 22 mars 2020 à N’Zérékoré. Des violences qui avaient fait plusieurs morts, de nombreux blessés et d’importants dégâts matériels.

De N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah pour Guineematin.com

Tel : +224620166816/666890877

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