Dans la journée de ce mardi, 15 décembre 2020, les activités ont tourné au ralenti dans plusieurs marchés de la capitale guinéenne. C’est le cas du grand marché de Matoto qui, d’habitude, grouille du monde. Dans ce marché, très prisé de Conakry, les activités commerciales ont été complètement paralysées, a constaté un reporter que Guineematin.com a dépêché sur place.
Le commerce n’a pas fonctionné ce mardi à Matoto. Plusieurs boutiques et magasins sont restés fermés. Aux alentours du marché, des tables renversées étaient visibles. Et, les rares marchands qui avaient ouvert leurs boutiques attendaient vainement leurs clients. Du côté des vendeuses de condiments, l’affluence n’était également pas au rendez-vous.
Trouvée derrière sa table, madame Diallo Mabinty Keita, vendeuse de poissons frais, ne comprenait pas cette absence de clients. « Vous avez vu que le marché ne fonctionne pas bien. Il est presque vide. J’ai beaucoup de poissons ici ; mais, les clients ne viennent pas », se lamente-t-elle, avant de demander au président Alpha Condé d’aider les femmes guinéennes qui souffrent. « Il n’a qu’à nous aider, nous les femmes, sans distinction », a-t-elle conseillé.
De son côté, Tiguidanké Sall explique la rareté des clients non seulement par l’investiture du président de la République, mais aussi par l’appel à manifester de l’UFDG, de l’ANAD et du FNDC. « On est là ; mais, on est pas contente parce que les choses ne se passent pas bien ici. Beaucoup de gens n’ont pas ouvert leurs commerces. Nous nous sommes là ; mais, le marché est presque vide. On nous a dit que le président Alpha Condé va être investi aujourd’hui. Les gens du FNDC et de l’UFDG ont dit qu’ils vont manifester… C’est pour cela que beaucoup ne sont pas venus aujourd’hui », estime-t-elle.
Profitant de l’occasion, Tiguidanké Sall s’insurge contre l’assassinat des jeunes de l’axe par les forces de l’ordre et appelle le chef de l’Etat à agir dans le bon sens. « Dites à Alpha Condé qu’un président de la République doit être pour tout le monde. C’est ce qui est bon. Les guinéens n’ont pas où aller. Aujourd’hui, nous, les femmes, on a la peur au ventre. Nos activités ne marchent pas, on continue de tuer nos enfants et nos frères. Ça nous inquiète vraiment. Dites au gouvernement d’arrêter de tuer nos enfants », demande-t-elle.
Enfin, venu faire des courses, Abdoulaye Diallo, rentre chez lui sans les vêtements de ses enfants qu’il était allé acheter. Il n’imaginait donc pas trouver les boutiques fermées. « Je n’ai pas pu avoir les vêtements pour mes enfants. Je ne savais pas que le marché n’allait pas fonctionner aujourd’hui. Mais, j’ai quand-même appris que les opposants allaient manifester aujourd’hui. C’est à cause de ça peut-être que les commerçants ne sont pas venus aujourd’hui… Ça fait 10 ans que nous souffrons. Il y eu beaucoup de morts et de blessés. Les populations continuent à endurer ; mais, c’est Dieu seul qui a la solution à nos problèmes », a finalement lancé monsieur Diallo.
A rappeler qu’en plus de la journée fériée, chômée et payée déclarée par le gouvernement à cause l’investiture du président Alpha Condé, les opposants avaient également appelé à des manifestations éclatées dans le grand Conakry pour protester contre le 3ème mandat.
Mamadou Bhoye Laafa sow pour Guineematin.com
