Mémo du chef de file de l’opposition : « c’est une très grande déception », dit Bogola Haba

Kéamou Bogola Haba, secrétaire exécutif de l’UNAD
Kéamou Bogola Haba

Comme annoncé précédemment, le chef de file de l’opposition a adressé un mémorandum contenant des propositions de sortie de crise au président Alpha Condé. Elhadj Mamadou Sylla a remis ce document au chef de l’Etat guinéen, à l’occasion de l’audience que ce dernier lui a accordée avec les membres de son cabinet le mardi 2 mars 2021.

Mais le contenu de ce mémorandum laisse certains opposants (non membres du cabinet du chef de file de l’opposition) sur leur faim. C’est le cas de Kéamou Bogola Haba, le président d’honneur de l’Union Guinéenne pour la Démocratie et le Développement (UGDD). Dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, cet allié de Cellou Dalein Diallo se dit très déçu de la légèreté du document.

« C’est une très grande déception qui nous anime après avoir vu le contenu de ce document. On pouvait bien comprendre que Mamadou Sylla, connaissant son parcours, soit l’auteur de ce document. Mais que ce document soit fait par des hauts cadres qui connaissent bien ce que les Guinéens ont subi, c’est une déception.

C’est une déception parce que si on voit dans un tel document des hauts cadres qui disent qu’ils veulent solder le passif des événements de 2010 à 2020 par la libération des prisonniers, cela veut dire que c’est très léger. Il y a un véritable problème. On ne peut pas solder ce que M. Alpha Condé a fait entre 2010 et 2020 par la libération des prisonniers qu’il a pris en otage », réagit l’opposant.

Il ajoute que le document produit par le camp de Mamadou Sylla omet la préoccupation fondamentale des Guinéens. « Ce document ne fait pas mention que plus de 65% des Guinéens sont partis aux urnes le 18 octobre et ils se sont prononcés favorablement pour une alternance. On ne peut pas passer cela en perte et en profit.

Ne pas prendre cela comme une préoccupation des Guinéens, ça veut dire qu’on se résout à ce que la force soit le seul moyen pour accéder au pouvoir, non pas par les urnes. Les Guinéens se sont prononcés le 18 octobre en faveur de Cellou Dalein Diallo, en faveur de l’alternance. Ne pas le dire, c’est vraiment très léger. En 2010, tout le monde avait de l’espoir.

Les militaires, à travers Sékouba Konaté et Dadis Camara se sont engagés pour que les militaires partent dans les casernes, que l’alternance soit une réalité, et on a dit que personne ne va plus faire plus de deux mandats, c’est une préoccupation majeure des Guinéens. Que cette préoccupation soit omise par des gens qui se disent opposants, ça veut dire que le mémorandum est très léger.

La préoccupation majeure des Guinéens, c’est qu’ils veulent que leur pays soit stable par le respect de la Constitution, des lois de la République, notamment le principe d’alternance, dont le non-respect a rendu le pays instable depuis son indépendance », a dit le président d’honneur de l’UGDD.

L’opposant regrette aussi de voir que ce mémorandum ne mentionne pas la Cour constitutionnelle comme étant l’une des institutions à l’origine des problèmes que connaît actuellement la Guinée. « C’est la Cour constitutionnelle qui a dit que M. Alpha Condé peut changer la Constitution alors qu’il n’avait pas ce droit, à cause de l’intangibilité.

Et c’est elle qui a refusé de valider les résultats des élections sur la base des procès-verbaux, mais plutôt sur la base d’un document administratif produit par la CENI. Nous pensons que nous ne pouvons pas régler les problèmes de la Guinée sans que cette Cour constitutionnelle soit mise en exergue comme l’un des problèmes.

Et donc pour nous, prendre un alibi de libération des prisonniers qui sont des otages de M. Alpha Condé, c’est vraiment léger parce qu’il peut libérer les prisonniers à tout moment. C’est lui qui les a mis là, c’est lui qui définit les chefs d’accusations, qui programme leur jugement quand il veut, qui condamne et qui gracie », a dit Kéamou Bogola Haba.

Pour lui, la seule solution à la crise actuelle, « c’est le départ du président Alpha Condé. Quand il partira, les prisonniers seront libérés comme en 1984, et vous allez découvrir ce qui se passe dans ces prisons, parce que c’est extrêmement dangereux », soutient M. Haba.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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