Conakry : 10 ans de prison et 100 millions d’amende requis contre Dr Mamady Onivogui

Dr Mamady Onivogui, coordinateur national du mouvement Elazologa
Dr Mamady Onivogui, coordinateur national du mouvement Elazologa

Le procès de Dr Mamady Onivogui, coordinateur national du mouvement « Elazologa », s’est tenu ce lundi, 29 mars 2021, devant le tribunal criminel de Dixinn. Ce médecin, emprisonné à la Maison centrale de Conakry depuis janvier dernier, est poursuivi pour « participation à un mouvement insurrectionnel, association de malfaiteurs, menaces notamment de violences par le biais d’un système informatique ».

Des faits pour lesquels il a plaidé non coupable devant cette juridiction de première instance. Mais, le ministère public a tout de même requis 10 ans de réclusion criminelle et 100 millions de francs guinéens d’amende à son encontre, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

A la barre, Dr Mamady Onivogui a nié en bloc toutes les charges articulées contre lui dans l’ordonnance de renvoi. Cet opposant au troisième mandat du président Alpha Condé jure qu’il n’a à aucun moment reconnu les faits qui lui sont reprochés. Et, il accuse les agents qui l’ont auditionné à la DPJ (direction centrale de la police judiciaire) de lui avoir sciemment mis sur le dos des infractions fantaisistes.

« Je ne reconnais pas les faits. Je n’ai jamais tenu des propos offensants qui portent atteinte à l’honneur et à la dignité du président de la République. Je n’ai pas de compte Facebook. Nous sommes dans un monde de technologies où les gens sont capables de tout. Ils peuvent créer plusieurs comptes et mettre votre nom. Ce sont des gens qui ont créé ce compte pour tenir mon image. Donc, je n’ai pas dit à mon audition que je reconnais les faits. Si je l’ai dit que je crève en enfer.

Sur place même ils (les agents) ont dit : s’il ne reconnait pas les faits, collez-lui les infractions de Gaoual. Si je mens que je crève en enfer, cela a été dit. Et, je vous dis que le jour de mon audition, je n’étais pas dans mon assiette, parce que là où je suis en prison, la drogue se fume beaucoup là-bas. En ce qui concerne les manifestations à Macenta, je n’ai dit à personne de sortir manifester. Je ne l’ai pas dit ni de façon verbale, ni par un écrit signé ou cacheté. Mes cliniques ont été fermées, je ne me suis pas fâché », a indiqué Dr Mamady Onivogui.

Cependant, cette déposition de l’accusé n’a en rien convaincu le ministère public de son innocence. Au contraire, le procureur Daouda Diomandé l’a présenté comme le parfait coupable des faits à lui reproché. D’ailleurs, dans ses réquisitions, il a demandé au tribunal de condamner Dr Mamady Onivogui à 10 ans de réclusion criminelle.

« Monsieur le président, M. Mamady Onivogui a nié en bloc les faits. Monsieur le président, selon les pièces, les faits reprochés à M. Mamady Onivogui sont bel et bien établis. Sur sa page Facebook, il a tenu des propos offensants qui portent atteinte à l’honneur et à la dignité du président de la République. Le chef, c’est le chef. Le chef doit être respecté. Pour le bitumage des rues de Macenta, M. Mamady Onivogui, coordinateur du mouvement Elazologa, a donné des ordres à des jeunes de sortir manifester à Macenta.

Et, des jeunes sont sortis manifester, ériger des barricades. Ils ont empêché les paisibles citoyens de circuler librement. C’est pourquoi monsieur le président, nous vous demandons qu’il vous plaise de retenir M. Mamady Onivogui dans les liens de la prévention des faits à lui reprochés. Pour la répression, vous allez le condamner à 10 ans de réclusion criminelle et au paiement de 100 millions de francs d’amende », a requis le procureur Daouda Diomandé.

De son côté, la défense, par la voix de Me Salifou Béavogui, a plaidé pour le renvoi de son client (Dr Mamady Onivogui) des fins de la poursuite pour « délits non constitués » à son encontre.

« Monsieur le président, Mamady Onivogui est un citoyen qui se bat pour l’intérêt de ce pays. Il est là parce qu’il dirige un mouvement qui s’appelle Elazologa. Mamady Onivogui c’est quelqu’un qui se bat pour le développement de Macenta. C’est un activiste de la société civile. On l’a arrêté et déféré devant votre tribunal rien que pour le faire taire. C’est pourquoi monsieur le président, nous la défense, nous plaidons non coupable et vous demandons d’ordonner le renvoi de M. Mamady Onivogui des fins de la poursuite », a dit Me Salifou Béavogui.

Finalement, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 12 avril prochain.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

 

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