Guinée : peut-on absoudre des responsables qui ont participé à une dictature ?

Par Alpha-Malal BARRY, Professeur d’Économie (IUT Sceaux-Université Paris XI) : Nous avons constaté avec stupéfaction que des hauts responsables du régime ethno-fasciste Alpha Condé ont entrainé après leur décès, de la compassion de certains « démocrates » sous prétexte que cette personne était consciente que le régime politique était une dictature ethno-fasciste donc pas une démocratie ; néanmoins, ces « démocrates » voulaient faire croire aux Guinéens que leur « ami » était lui contre le système ethno-fasciste qui est à l’œuvre en Guinée.

Ainsi dans sa sphère privée il a été un bon ami. Il a peut-être même, dans le cadre du privé, pu être sensible à la situation difficile des guinéens, être en désaccord avec certaines injustices, c’est possible. Mais, en quoi cela a-t-il soulagé notre peuple ?

De plus, très souvent, nous entendons certaines personnes vouloir expliquer qu’Alpha Condé n’était pas au courant de ce qui se passait dans les prisons politiques en Guinée, notamment à Kankan (Sorokoli) et à Coronthie. C’est mal connaître comment fonctionnent les services de sécurité notamment militaires.

Alpha Condé comme tous les responsables de ce niveau, reçoivent tous les matins, des notes des services de renseignements qui lui font un compte rendu de la réalité du terrain. Donc, prétendre qu’Alpha Condé n’était pas au courant de l’arrestation de dirigeants de hauts niveaux de l’opposition et pire des tueries sur l’axe est un manque de connaissance du fonctionnement d’un Etat, sinon pire, c’est un mensonge.

Pour nous autres, ce qui nous intéresse et permet de « juger » son action, car c’est de cela qu’il s’agit, ce sont ses actes publics.

Le gouvernement Alpha Condé a assassiné directement 500 Guinéens (au cours de manifestions reconnues par la constitution Guinéenne) sans oublier les 350 mille Guinéens qui ont été pour les plus chanceux chassés de la Haute Guinée (Siguiri, Kankan et Kouroussa) et pour les autres tués parce qu’ils sont présumés Peulhs alors que certains ne parlaient pas un seul mot poular et n’ont jamais connu le Foutah.

Aujourd’hui, en Guinée, il y a près de 350 Guinéens qui ont participé  à la gestion ethno-fasciste (Ministres, Directeurs de cabinet, Secrétaires Généraux de Ministères, Directeurs Nationaux, Directeurs des Entreprises Publiques, Gouverneurs, Préfets, Sous-préfets,…..)

Ces personnes étant membres du groupe des 350 Guinéens les plus importants de l’administration publique (jusqu’à ce que mort s’ensuive) sont-elles pardonnables ? Pouvons-nous passer l’éponge comme s’il s’agissait d’un Guinéen lambda ? Ont-ils démissionné lorsque l’administration à laquelle ils ont participé s’est livrée à des actes inqualifiables, contraires à la justice et préjudiciables à la cohésion nationale ?

Sans préjuger de leurs qualités personnelles, ils sont TOUS SOLIDAIREMENT responsables de cette barbarie.

Un haut fonctionnaire qui participe à une dictature ne peut être absous  que s’il devient lui-même « victime» par la machine à laquelle il a participé. Et dans ce cas, nous pouvons tout à fait reconnaître son innocence dans cette barbarie et très certainement son erreur de jugement  ou alors son aveuglement par ce dictateur.

Par contre, un homme qui occupe une haute fonction dans la structure d’un Parti politique et à fortiori dans la haute fonction publique et qui collabore à la mise en place et au fonctionnement d’une dictature ne pourra sous aucun prétexte être absout de  sa forfaiture contre la population.

Comment peut-on accepter que des provocations permanentes émanent des responsables des massacres de Guinéens sur l’axe de la liberté et dans le Foutah en demandant en permanence la libération d’Alpha Condé ? De qui se moque-t-on ? Il s’agit d’une provocation ; car, ces personnes ont en réalité leur place devant le juge après tous ces massacres. Les Guinéens sont capables de mettre un terme à ces provocations

La Guinée était soumise à un régime dictatorial avec ses abus et ses exactions. Des crimes odieux restent impunis. Les populations sont amères et frustrés.

Il faut exiger la vérité, la justice, la réhabilitation et la réparation pour les victimes et leurs ayants droit.

En ce qui concerne le PARDON dont les responsables Guinéens aiment se gargariser, il est trop tard ! En effet, ceux qui pouvaient pardonner sont tous morts ; donc, le pardon est impossible matériellement, mais, les victimes des ayants droits pourront faire leur deuil.

La promotion de la paix et de la stabilité ne se fera pas sans justice. C’est pourquoi, il est temps pour les victimes et/ou de leurs ayants droits de porter plainte contre les anciens membres du gouvernement qui sont responsables de crimes de sang et pour les crimes économiques l’Etat doit porter plainte au nom des Guinéens.

Alpha-Malal BARRY, Professeur d’Économie (IUT Sceaux-Université Paris XI)

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