CAN 2015 : Côte d’Ivoire, enfin le titre (par le doyen Amadou Diouldé Diallo)

Côte d'Ivoire, après la victoire des éléphants, CAN, Apres 23 ans d’attentes fébriles, d’espoirs déçus, de larmes et de nuits cauchemardesques, les éléphants de Côte d’Ivoire sont enfin montés sur la plus haute marche du podium en remportant la 30e édition de la CAN. C’était dimanche dernier à Bata, en Guinée équatoriale, aux dépens des Blacks stars du Ghana, quatriple détenteurs de l’épreuve, aux tirs au but comme en 92 à Dakar.

Yaya Touré et ses camarades ont rendu leurs compatriotes joyeux et délivrés après tant d’anxiété et de prières. La Côte d’Ivoire entière, avec à sa tête le président Alhassane Dramane Ouattara, s’est retrouvée dans une euphorie jubilatoire à nulle autre pareille des palaces d’Abidjan aux paillasses du pays profond. Le pays déchiré par une crise post électorale qui a fait plus de 3 000 morts a fait de cette victoire des éléphants, une occasion unique de consolider les acquis et de prôner la réconciliation nationale. C’est ainsi que se sont retrouvées autour du chef de l’Etat toutes les forces vives sans étiquette politique, économique, sociale ou religieuse. Comme quoi, le football est un puissant antidote des souffrances morales et aux déchirures sociales, c’est pourquoi il est de nos jours un échiquier sur lequel les nations et les peuples mesurent leur puissance. Et, le brillant économiste qu’est Alhassane Ouattara n’a pas lésiné sur les moyens non seulement pour délier les cordons de la bourse pour une meilleure participation de l’équipe à la CAN, mais aussi en récompensant les héros de la victoire. Ce sont 2 milliards de francs CFA qui ont été donnés aux illustres fils qui ont été aussi décorés de l’ordre national du mérite ivoirien. Mais, au-delà de toute cette satisfaction matérielle et financière, il est évident que cette victoire va favoriser le rapprochement et la détente dans les relations fraternelles entre les ivoiriens tout bords confondus. Elle met ainsi fin au signe indien d’une génération qualifiée de « maudite » à cause de ses échecs répétés aux portes du bonheur suprême. Didier Drogba, capitaine malheureux qui vient de prendre sa retraite avec les éléphants, savoure tout naturellement cette consécration de ses cadets qui viennent de donner un 2é sacre à leur pays.

Il n’y a pas de doute que les ghanaéns, quatre fois détenteurs du titre, voulaient pour leur part aussi venger 92. Si toute l’équipe le voulait, c’est surtout les 2 fils de l’astre Abedi Ayew Pelé, André et Jordan qui le voulaient plus pour le ramener à leur illustre père. Car, ce dernier suspendu suite à l’obtention de 2ème carton jaune, n’avait pas disputé la finale de 92 à Dakar.

Mais, cette défaite aux tirs au but n’ôte en rien au mérite des ghanaéns, considérés à juste titre comme les brésiliens d’Afrique. Et, la qualité, la densité et la beauté du jeu et des acteurs de cette finale ont permis de montrer les belles facettes du football africain.

Et, la Guinée a bien sa part dans cette victoire des éléphants à travers Copa Barry qui assurait pour la première fois la garde des perches ivoiriennes, suite à la blessure du titulaire. C’est à lui que le pays de Nana Houphouët Boigny doit son 2é sacre. Par son bel arrêt et son magnifique tir sur le dernier pénalty. Son grand frère, Thierno Barry, avait quant à lui joué pour le syli national  de Guinée au poste de latéral droit. Ils sont originaires du village de Hôré Dioli, dans la sous-préfecture de Koba, préfecture de Dalaba.

Et, on sait que le Sénégal aussi nous doit en partie sa belle prestation à la coupe du monde 2002, au Japon et en Corée du sud, à travers Henry Camara, le neveu du bijoutier du clair de lune, Maxime Camara de Kissidougou, Diomansi Camara de Kouroussa et Souleymane Camara de Boulbinet.

Bien sûr que nos frères sénégalais s’empresseront de revendiquer le footballeur capitaine et diplomate Thiam Ousmane Tolo. Mais, comme entre nos peuples, c’est l’histoire, la géographie et la communauté de destin, la victoire des éléphants de Côte d’Ivoire est aussi celle des guinéens.

Seulement, la fraternité ne signifie pas manque d’alternance. Il faudrait alors faire comme au Foutha théocratique avec les sous clans Alphaya et Soriya des Barry Seydiyankés de Timbo. Deux ans de pouvoir  et de résidence de sommeil pour chacun. Et comme la CAN est aussi biennale, il faut que le tour de la Guinée arrive finalement. Malheureusement, en football, on ne désigne pas, on se saigne dans toute l’expression du terme !

Au regard du vécu quotidien et de la manière dont notre football est géré avec des immixtions et des interférences de toutes sortes avec la puissante arme de l’argent, il faut craindre que le tour du pays à occuper le trône ne soit pas pour demain.

Le football est géré par trop de mains occultes et brasse trop d’argent propre oui. Sale aussi semble t-il. A croire que les bons samaritains ne sont pas forcément les bons princes. C’est au gouvernement de prendre le balai citoyen pour rendre propre la maison football Guinée. A moins qu’Alpha Condé ne veuille pas être Alhassane Ouattara, en mettant tout son peuple derrière lui dans l’ambiance carnavalesque, hystérique et trépidante d’un sacre du syli national de Guinée.

C’est bien possible monsieur le président ! Il suffit juste de trouver les hommes qu’il faut, les mettre à la place qu’il faut, augmenter les moyens, exiger des résultats et sanctionner. Car, le patriotisme, c’est aussi être fraternellement jaloux de la réussite du voisin, de l’autre.

Amadou Diouldé Diallo, de retour à Conakry pour Guineematin.com

 

                          

 

 

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