Dans le souci de freiner la propagation du Covid-19, les autorités annoncent que les marchés ne seront fonctionnels que du matin à 16 heures sur toute l’étendue du territoire national. Cette mesure passe mal chez certains marchands qui vivent déjà dans la précarité. Interrogés ce mardi, 14 avril 2020, par un reporter de Guineematin.com, des marchands d’Ansoumanya, dans la préfecture de Dubréka, dénoncent cette mesure qui va restreindre davantage leur marge de manœuvre dans une conjoncture difficile.
Après la fermeture des frontières, des écoles et autres lieux de culte pour lutter contre le Covid-19, désormais c’est les marchés qui doivent fermer à partir de 16 h à travers le pays. Une manière, selon les autorités, de désinfecter ces lieux après le départ des occupants. Cette mesure est mal perçue par les marchands d’Ansoumanya, qui dénoncent une décision maladroite et contre-productive.
Aboubacar Sow, administrateur du marché d’Ansoumanya Plateau 2 : « c’est vrai que nous devons lutter contre ce COVID-19 dans notre pays en prenant des mesures restrictives. Mais, je ne suis pas d’accord que le gouvernement profite de cette crise sanitaire pour jouer sur le droit de vente de nos commerçants dans les marchés. Il faut se dire que cette mesure restrictive va obligatoirement jouer sur le chiffre d’affaires de la commerçante ou du commerçant qui vit de l’achat de ses marchandises de façon quotidienne. Je ne vois pas la pertinence de cette décision du gouvernement dans la lutte contre la propagation du ce virus dans le pays. Je pense que pour moi, l’Etat guinéen devrait plutôt renforcer des mesures préventives sanitaires dans nos marchés au lieu de cette décision maladroite ».
Mabinty Bangoura, vendeuse de condiments au marché d’Ansoumanya : « cette mesure restrictive prise par l’Etat, qui est de fermer nos marchés à 16 h pour lutter contre ce virus dans le pays ne nous arrange pas parce que nous les femmes commerçantes d’Ansoumanya, nous faisons vivre da façon quotidienne nos familles à partir de notre commerce. Et, je m’en vais vous dire que la majeure partie de ces femmes commerçantes prennent totalement la charge de leurs familles parce que leurs maris ne sont plus en fonction. Donc, nous demandons à l’Etat de revoir d’autres mesures, mais pas celle de fermer nos marchés à 16 h parce que cela nous pose d’énormes problèmes dans nos vies quotidiennes. Depuis que j’ai entendu cette mesure, jusque-là je ne me trouve pas ».
Amadou Diallo, commerçant au marché d’Ansoumanya : « je ne peux pas comprendre que l’Etat nous oblige à rentrer chez nous à 21 h à partir du couvre-feu et il revient avec de nouvelles mesures restrictives pour nous trancher de plus la gorge, soi-disant qu’il veut freiner la propagation du virus dans le pays. Voyez-vous avec cette mesure concernant la fermeture des marchés à partir de 16 h, nous qui sommes des commerçants, cela va jouer sur nos revenus si le marché doit se fermer à 16 h, dans ce cas, nous n’aurions pas assez de clients ou parfois zéro client à ce laps de temps. C’est vrai que nous devon lutter contre la propagation du COVID-19, mais je reste convaincu qu’Alpha Condé et son gouvernement profitent de cette période de crise sanitaire pour meurtrir son peuple et ça, c’est extrêmement grave. Ce que nous ne comprenons pas en Guinée, le nombre des testés positifs ne fait qu’augmenter par rapport au nombre de guéris. Je vous assure qu’un jour, la vérité va triompher dans cette affaire-là. »
Léon Kolié pour Guineematin.com
