Sortir ou entrer à Conakry devient un véritable chemin de croix

Chaque jour nous apporte désormais son lot de statistiques inquiétantes consécutives à la crise sanitaire. Semant la psychose. Les habitants de Conakry sont hantés par un éventuellement confinement de la capitaine, qui est pour le moment l’épicentre de la maladie en Guinée. A cela s’ajoute la morosité voire la paralysie des activités économiques. Devant toutes ces difficultés, les gens ne se font pas prier pour quitter la capitale. Et massivement.

D’autres voyageurs quittent également Conakry non pas à cause de l’épidémie mais pour passer le mois de Ramadan auprès des leurs au village. Mais sortir de Conakry relève désormais d’un véritable parcours de combattant. Et pour cause, des agents de sécurité ont érigé des barrages tout le long de la route. Parmi ces barrages, il y a un qui est en train de devenir tristement célèbre. Ce barrage se trouve dans la sous-préfecture de Kouria, situé à une quinzaine de kilomètres de Coyah.

L’ambiance qui se passe sur ces lieux a toutes les caractéristiques d’une crise humanitaire. A la sortie comme à l’entrée, une cinquantaine de véhicule attendent. Devant ce calvaire, les chauffeurs en provenance de l’intérieur du pays débarquent leurs passagers sur les lieux. Préférant retourner vie. Aux passagers de se débrouiller pour arriver à Conakry. Ce qui, par ailleurs, fait l’affaire des conducteurs de taxi-motos. Cette autre couche sociale se frotte actuellement les mains.

Mais, le véritable chemin de croix concerne ceux qui quittent Conakry pour l’intérieur du pays. La plupart des véhicules sont retournés jusqu’à Conakry. Ceux qui veulent échapper à cette épreuve doivent débourser entre 50 000 et 100 000 francs guinéens. Selon certains témoignages, le butin ne peut plus contenir dans une poche. Même dans un petit sac. Du coup, les agents font recours parfois à des sacs de riz.

Et pourtant, l’étape de Kouria n’en est qu’une parmi beaucoup d’autres. Tout le long de la route, il y aurait des barrages. Et partout il faut mettre la main à la poche pour le « lever » du barrage. Ce montant serait de 20 000 francs par barrage.

Comme on le voit, à chacun son objectif pendant cette épidémie. L’état d’urgence sanitaire est une aubaine pour les agents de sécurité pour arrondir les fins des mois particulièrement difficile ces derniers temps. La hiérarchie serait au courant. Elle aurait même sa part du butin.

Mais il n’y a pas que sur les barrages routiers où les citoyens sont aux prises avec les agents. Dans la capitale même et sa proche banlieue de Coyah et Dubréka d’autres agents sévissent durement et implacablement contre les citoyens. Les tracasseries, les rackets et autres exactions se multiplient. Ici pour non port de masque. Là pour un attroupement ou encore pour une sortie nocturne, tous les prétextes sont bons pour ajouter un calvaire au calvaire.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

Facebook Comments Box