Parmi les 99 personnes déclarées guéries du Covid-19 au compte de la journée d’hier, mercredi 06 mai 2020, figure madame AK, le cas positif décelé à Kankan il y a une dizaine de jours. A sa sortie du Centre du Traitement Epidémiologique (CTE) de Donka, où elle a été admise pendant 9 jours, AK a accordé une interview à un reporter de Guineematin.com pour parler de son périple.
Décryptage !
Guineematin.com : expliquez-nous dans quelles circonstances vous avez contracté le coronavirus et comment vous vous êtes retrouvée à Kankan ?
AK : la personne qui m’a contaminée est un membre du personnel sanitaire. On était ensemble pendant que je devrais voyager pour Kankan. Entre temps, il a fait son bilan de santé qui a montré qu’il était positif au Covid19. Mais, le lendemain, quand je suis rentrée à Kankan où je devrais passer le Ramadan auprès de ma mère, le même matin, le monsieur m’a appelé pour me dire qu’il a été testé positif au Covid19. Dès qu’il m’a appelé pour m’annoncer cette nouvelle, j’ai appelé directement Dr Condé de l’hôpital régional de Kankan. Je ne sais pas si c’est lui qui est le directeur du centre épidémiologique de cet hôpital. Mais, quand je l’ai appelé, il m’a dit qu’il allait venir la nuit. Cette nuit, il a fait venir deux de ses agents. Ceux-ci m’ont posé la question sur comment j’ai contracté la maladie et que je suis un contact étroit. J’ai dit oui et c’est pourquoi j’ai appelé l’hôpital. C’est par la suite que les deux agents ont dit qu’ils vont venir prendre ma température au fur et à mesure, comme je ne présentais aucun symptôme. J’ai dis d’accord.
Pendant quatre jours, ils venaient relever ma température et au cinquième jour, Dr Condé m’a appelé pour dire qu’il faut qu’on me prélève et qu’on envoie l’échantillon à Conakry. J’ai dit d’accord. Pour la première fois, ils ont pris mon sang qu’ils ont envoyé à Conakry où l’échantillon a été rejeté pour dire que ce n’était pas le sang qu’on devrait prendre pour le Covid19, mais plutôt c’est à travers les narines qu’on tire l’échantillon. C’est le lendemain encore que Dr Condé a fait le prélèvement qu’il a envoyé à nouveau à Conakry. Depuis, je n’étais en contact avec aucun membre de ma famille. Je me suis enfermée, je dormais et mangeais seule. Je me suis confinée totalement pour éviter de contaminer les autres au cas où.
Le lundi, 27 avril 2020, Dr Condé m’a appelé 3 à 4 fois pendant que je me lavais. Par la suite, ils sont venus à la maison au moment où je sortais pour prier parce que j’étais à jeun. Il m’a dit : ton résultat est venu et il s’avère que tu es positive au Covid19. J’ai dit qu’il n’y a pas de problème, je vais partir à Conakry. C’est comme ça qu’on m’a embarquée au bord d’une ambulance pour m’envoyer à Conakry. La même nuit, mes parents ont été transférés à l’hôpital de Kankan pour être confinés. Les médecins ont fait leurs prélèvements et je suis venue à Conakry avec leurs échantillons. Leurs résultats ont prouvé qu’ils étaient tous négatifs parce que j’avais pris mes responsabilités à temps en évitant le contact entre nous.
Guineematin.com : une fois à Conakry, comment s’est passée votre prise en charge au CTE de Donka ?
AK : je suis arrivée à Conakry à 5 heures du matin et je n’ai été prise en charge qu’à 13 heures. Depuis ma prise en charge, les médecins soignants se sont bien occupés de moi. Pour ça, je n’ai pas à me plaindre. Ils m’ont bien suivie. Mon médecin de Kankan aussi, Dr Condé, chaque jour, il m’appelait pour avoir de mes nouvelles pendant mes 9 jours de traitement au CTE de Donka. Les médecins soignants aussi, depuis qu’ils ont su que je suis venue de Kankan, Dieu merci, ils se sont bien occupés de moi.
Guineematin.com : quel est votre état de santé aujourd’hui ?
AK : aujourd’hui, je peux dire que je vais bien. Je n’ai pas à me plaindre parce que quand je venais, j’avais les symptômes de la maladie. Mais, aujourd’hui, je ne présente aucun symptôme. Le lundi dernier, 04 mai, ils m’ont testée ; et, ce mercredi, 06 mai 2020, ils ont envoyé mon résultat et annoncé que je suis négative. C’est à 19 heures que j’ai été libérée du CTE de Donka où ils m’ont donné une attestation avec des consignes pour dire de rester à la maison et de me confiner pendant 2 semaines encore. Ils m’ont dit d’éviter tout contact avec d’autres personnes pendant cette période.
Guineematin.com : vous avez certainement un message à l’endroit de certains guinéens qui doutent toujours de l’existence de cette maladie ?
AK : ce que je vais dire à la population, surtout à ceux qui ne croient toujours pas à l’existence de cette maladie, qu’ils viennent voir ce qui se passe à Donka. La maladie existe bel et bien. Mais, pour l’éviter, il faut juste respecter les consignes, les mesures barrières : se laver les mains, porter des masques et respecter la distanciation. Sinon, celui qui vous dit que la maladie n’existe pas, la personne ne le sait pas… Il y a des gens qui partent en réanimation à longueur de journée. D’autres meurent. Mais, au finish, je remercie Dieu de m’avoir sauvé la vie. Sinon, la semaine dernière, précisément mercredi par exemple, je ne pensais pas pouvoir rester en vie jusqu’à maintenant parce que ma situation s’était détériorée. Je crois à la maladie, j’ai une grande famille à Kankan dont ma mère, mon père qui est diabétique, trois frères et sœur, en plus de mon enfant. Donc, je ne pouvais pas me permettre d’exposer leurs vies en disant que je ne crois pas à la maladie. C’est pourquoi, quand j’ai vu tout ce qui a été écrit sur moi, ça ne m’a même pas fait mal parce que pour moi, l’essentiel était que j’avais besoin que de ma santé. C’est tout ce qui comptait pour moi.
Entretien réalisé par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com
