L’opposant guinéen Jacques Gbonimy, président de l’UPG, craint pour sa sécurité. Depuis quelques jours, des inconnus l’appellent au téléphone pour proférer de graves menaces à son encontre. C’est l’intéressé lui-même qui l’a annoncé au cours d’un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com, ce lundi 25 mai 2020.
Selon lui, ces menaces font suite à sa récente intervention dans une émission de radio, dans laquelle il a fustigé les arrestations d’opposants en cours en Guinée, alors que le pays est frappé de plein fouet par la pandémie du coronavirus.
« Le jeudi 21 mai 2020, j’ai participé à une émission de la radio Chérie FM où j’ai exprimé le sentiment que nous sommes menacés parce que les arrestations et les kidnappings continuent malgré que nous sommes en période de coronavirus. Et pendant cette période, on aurait souhaité que les prisonniers soient libérés pour que chacun s’occupe de la maladie. C’est suite à cette émission que le ministre de la sécurité et de la protection civile, Damantang Albert Camara, est passé sur les antennes de la télévision nationale pour dire que c’est Sékou Koundouno et Jacques Gbonimy, qui sont en train d’appeler à manifester et que c’est eux qui veulent troubler l’ordre public, alors que ce que j’ai dit a été dit au conditionnel.
C’est si on continue les arrestations et si on ne libère pas les personnes arrêtées. Depuis cette intervention du ministre Damantang à la télévision, je reçois des appels anonymes et je ne sais pas quelles sont les personnes qui m’appellent. J’ai été obligé de fermer l’un de mes téléphones qui est beaucoup connu pour éviter que ces appels continuent à perturber mon sommeil. Je suis vraiment menacé et j’interpelle la communauté nationale et internationale pour que ma sécurité soit assurée », a alerté cet ancien commissaire à la CENI.
Pour le moment, l’opposant n’a pas décidé de la suite à donner à ces menaces dont il fait l’objet. Il préfère discuter avec ses collègues de l’opposition et du FNDC dont il est membre pour voir comment s’y prendre. « Je mets en garde toute personne qui a ses velléités contre ma personne. J’ai exprimé une opinion qui est la libération de nos frères qui sont détenus. Pour le moment, je n’ai pas formulé une plainte contre X ; mais, nous allons nous réunir en collège de leaders pour décider de la suite à donner à ces menaces », a annoncé Jacques Gbonimy.
Depuis le double scrutin contesté du 22 mars 2020, qui a été émaillé de violences dans plusieurs localités du pays, la situation s’est durcie davantage pour les opposants guinéens. De nombreux responsables et militants du Front National pour la Défense de la Constitution (structure regroupant les principaux partisans d’opposition et les acteurs de la société civile opposés à un troisième mandat pour le président Alpha Condé), ont été interpellés et conduits en prison. Le FNDC a annoncé récemment sa décision de reprendre très prochainement les manifestations de rue pour exiger la libération de ces détenus.
Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com
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