Conakry : soupçonnée de vol et torturée au fer à repasser, une ménagère raconte (avec vidéo)

Une jeune femme, employée de maison, mariée et mère d’une fille, a été victime de sévices corporels de la part de sa patronne qui l’accuse de vol. Selon nos informations, la jeune dame, âgée de 20 ans, a été torturée à l’aide d’un fer à repasser sur ordre de Mariame Souaré qui la soupçonne du vol d’un téléphone et d’une somme de 8 millions GNF. L’affaire a été portée à la brigade de la gendarmerie de la protection du genre et l’enfance de Bellevue, a appris Guineematin.com ce samedi, 13 juin 2020.

Ce cas de mauvais traitement a eu lieu à Sangoyah il y a environ deux semaines. Mariam Souaré, originaire de Mali, accuse sa bonne de vol d’une somme de 8 millions GNF et d’un téléphone portable.

Interrogée par notre reporter, la victime a expliqué ce qu’elle a subi. « Depuis 5 mois environ, je travaille comme femme de ménage au compte de madame Mariama Souaré. Mais, il y a deux semaines, madame Souaré m’a appelé pour me dire qu’on lui a volé son argent et que si c’est moi qui ai pris, de ramener. Je lui ai dit que ce n’était pas moi et d’ailleurs je n’en sais rien de tout ça. Ainsi, quelques temps après, elle a pris mon numéro de téléphone pour remettre à un jeune qui est voisin de sa maison. Celui-ci m’a alors appelé à 19 heures, qu’il veut me voir derrière la cour, je dis que je ne vais pas puisque je ne te connais pas. Après qu’il ait insisté, je suis sortie. Dès que j’ai ouvert le portail de la cour, il m’a tenu les deux mains de derrière et a mis le couteau sur mon coup en me disant que si je ne lui dis pas où j’ai caché l’argent volé qu’il allait me tuer. J’ai dit alors qu’il me tue s’il veut, mais je n’ai rien volé. C’est ainsi qu’il m’a fait rentrer dans la cour de dame Mariama Souaré, et m’a envoyé jusque dans ma chambre à coucher. Là, il a ligoté mes mains et mes pieds. Il a ensuite branché le fer à repasser et a commencé à me passer le pied droit. Ça, c’était un dimanche. Le lundi encore, c’est-à-dire le lendemain, à la demande de madame Mariama Souaré, il est venu encore brancher le fer électrique et cette fois-ci il l’a passé sur mes cuisses », a raconté la pauvre dame.

L’affaire a été portée à la brigade de la gendarmerie de la protection du genre et l’enfance de Bellevue, hier vendredi, par Madame Doukouré Asmaou Bah, secrétaire générale du Syndicat National des Employés de Maison de Guinée (SYNEM-Guinée).

Madame Doukouré Asmaou Bah, secrétaire générale du Syndicat National des Employés de Maison de Guinée

« Nous, en tant qu’organisation qui défend les travailleurs domestiques, avons été informée de cette affaire il y a quelques jours. La fille a été passée au fer au niveau de son pied droit par sa patronne qui l’accuse de vol d’argent et de téléphone. Nous trouvons cela inhumain et cruel. Donc, dès qu’on a appris cela, on a d’abord été voir sa mère qui habite en haute banlieue qui nous a accompagnés chez la dame où travaille la victime. La victime nous a confiés que tout cela s’est passé en présence de cette dame qui l’a employée comme femme de ménage. On s’est rendu compte que c’est elle qui a commis le jeune à faire cela. Si le vol est un délit, mais l’acte qu’ils ont commis sur cette pauvre dame est un crime. C’est ce qui nous a choqués et nous a poussés à dénoncer cela à la gendarmerie. Après qu’on leur audition, les gendarmes nous ont dit d’envoyer la jeune dame à l’hôpital. Donc, presque toute la journée d’hier, on était avec la victime à Ignace Deen en compagnie d’un agent de la gendarmerie. Il faut rappeler que malgré qu’elle soit brûlée avec un fer, sa patronne, au lieu de l’envoyer à l’hôpital, a préféré l’envoyer à la gendarmerie de Kaporo où elle a passé la nuit. Le lendemain, lorsque les gendarmes ont vu son état, ils ont appelé la dame de venir chercher sa victime et l’envoyer à l’hôpital d’abord. C’est dommage. Nous allons poursuivre ce dossier jusqu’à ce que justice soit rendue dans cette affaire », a-t-elle promis.

A noter que cette pauvre dame, originaire de la sous-préfecture de Yembéring, travaillait pour Mariama Souaré pour un salaire de 400 mille GNF, en dessous du SMIG.


Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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