Covid-19 en Guinée : le calvaire des blanchisseurs, exposés à de nombreux risques

Le coronavirus se propage de façon inquiétante en Guinée avec quelques 688 cas confirmés positifs, si l’on en croit les chiffres de l’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire (ANSS) publiés hier, mardi 21 avril 2020. De nombreux secteurs d’activités sont aujourd’hui affectés par la crise sanitaire. C’est le cas des blanchisseurs qui connaissent un ralentissement de leurs activités et qui sont aujourd’hui exposés à cause de la manipulation d’habits venus de partout. Interrogés par un reporter de Guineematin.com des blanchisseurs de Conakry ont expliqué leurs difficultés actuelles.

Depuis quelques semaines, l’arrivée du coronavirus a bousculé les habitudes. Les activités tournent au ralenti. A l’image de nombreux secteurs, les blanchisseurs sont fortement impactés par cette pandémie.

Interrogés par notre reporter, ils se sont plaints aussi bien du manque de précautions que des risques qu’ils encourent dans l’exercice de leur métier. En effet, les blanchisseurs manient les habits des uns et des autres et courent ainsi d’énormes risques à cette période de coronavirus.

Mohamed Diallo, International blanchisseur

Trouvé dans son atelier à Kipé, dans la commune de Ratoma, le blanchisseur Mohamed Diallo, communément appelé International blanchisseur, a reconnu ses difficultés actuelles. « Nous nous lavons les habits des gens. Nous ne vivons que de ça. Mais, depuis l’arrivée de cette maladie rien ne marche à mon niveau. Les clients ne viennent pas. Ils ont peur d’envoyer les habits chez les blanchisseurs. Le travail tourne complètement au ralenti. Aujourd’hui lundi, 20 avril, ça fait deux semaines qu’on n’a pas de clients ici. Cette maladie a complètement perturbé la bonne marche de mon travail ».

Quant aux mesures préventives conseillées pour lutter contre le Covid-19, Mohamed Diallo dit que n’avoir pas fait grand-chose. « La vérité est bonne à dire. On n’utilise aucun produit pour se protéger. Les moyens ne sont pas là. Les clients ne viennent pas. A part les sachets de javel qu’on achète à 500 francs guinéens, il n’y a pas d’autres moyens ou produits qu’on utilise pour assurer notre protection. Pourtant, nous courons des risques. Par exemple moi, j’utilise un fer à repasser avec du charbon. Dès que je dépose le fer sur les habits pour repasser, c’est une vapeur qui monte. Donc, si les propriétaires de ces habits sont malades, cette vapeur qui monte risque de nous infecter. Je n’ai pas autre moyen sauf le mouchoir que j’attache pour couvrir la bouche et le nez. C’est pourquoi, nous demandons à ceux qui ont les moyens de nous aider à trouver des produits désinfectants ».

Abdoulaye Sow, blanchisseur

Même son de cloche pour le blanchisseur Abdoulaye Sow, qui a son atelier au quartier Nongo. « Les clients sont rares. On n’a aucune mesure de protection à part l’eau de javel qu’on a ici. Il n’y a aucun produit désinfectant. Les activités sont au ralenti. Les clients viennent rarement parce que tous les services sont à l’arrêt », précise-t-il.

D’ailleurs, Abdoulaye Sow a laissé entendre qu’il ne prend pas les habits d’un client montrant des signes de maladies. « Si on estime qu’un client souffre d’une quelconque maladie, on ne prend pas ses habits. Que ça soit le paludisme ou d’autres maladies, si on sent que tu es malade, on ne va pas prendre tes habits. On se méfie beaucoup de ça. Même hier dimanche, 19 avril 2020, on a rejeté les habits d’un client qu’on a estimé souffrant du paludisme », a-t-il expliqué.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel: 620589527/654416922

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