Deux groupes de conducteurs de taxi motos, appartenant à la même structure syndicale, se sont affrontés durant plusieurs heures ce mardi, 30 juin 2020 sur la route transversale numéro 6 (T6), qui relie Sonfonia à ENTAG, entre les communes de Ratoma et de Matoto. Depuis plus de 6 mois, ces deux camps sont à couteaux tirés à cause « d’une mauvaise gestion » de la structure syndicale.
Le premier camp se réclame de la CNTG (Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée) d’Aboubacar Camara, et l’autre d’une nouvelle structure syndicale « indépendante », dont la CNTG ne veut pas entendre parler, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Selon le groupe qui se réclame d’une nouvelle structure syndicale indépendante, la CNTG d’Aboubacar Camara ne répond plus à leurs attentes. Ils accusent leurs adversaires de surfacturation de l’abonnement, du payement de deux billets pour les deux communes et de non-assistance sociale de la part des membres de la CNTG. C’est ce qui serait à la base des affrontements entre les deux groupes pendant un bon moment, paralysant la circulation et entrainant la fermeture des boutiques dans la zone. Les agents des forces de sécurité ont réussi à rétablir l’ordre à l’aide du gaz lacrymogènes et même des jets de pierres.
Interrogé sur la question, Ousmane Camara, étudiant diplômé en Droit, et porte-parole des « indépendantistes », est revenu sur les raisons de la manifestation. « Il y a de cela des années, nous travaillons sur cette ligne. Tout le temps, on constate des anomalies, notamment la surfacturation des billets. Sur cette ligne, on paye deux billets de la part de la CNTG à 2000. Non seulement le billet de Ratoma mais aussi celui de Matoto. Deuxièmement, il y a la surfacturation de l’abonnement. Sur les autres lignes, on a fait des enquêtes où les motos sont abonnées à 250.000 GNF. Mais sur cette ligne, les motos sont abonnées à 450.000. Quand on parle de syndicats, c’est défendre l’intérêt des travailleurs. Quand on a des cas sociaux, ils n’assistent pas. Ils nous laissent individuellement gérer. Si on a des problèmes à la police, nous sommes responsables, si on a des accidents, nous ne sommes pas secourus. Donc, vu toutes ces difficultés qu’on a, nous avons jugé nécessaire de faire des revendications. A chaque fois que nous convoquons les réunions, ils appréhendent nos motos, ils nous pénalisent et ils nous verbalisent afin de nous libérer. On a vu ça ne pourra pas changer. C’est pourquoi on a décidé de choisir une autre structure différente de la structure CNTG. Donc, c’est pourquoi nous nous sommes affiliés à l’indépendants qui nous semble très propice pour défendre nos intérêts. On a fait 6 mois à la mairie, mais il n’y a pas eu de suite favorable. Et la mairie sait quelles sont les revendications qu’on leur demande. Mais ils refusent de faire face à notre revendication. Nous leur demandons humblement de répondre à nos aspirations », a-t-il lancé.
Pour se défendre, Aboubacar Sidi Baldé, syndicat des taxi-motos de la transversale T6 et partisan de la CNTG d’Aboubacar Camara, raconte. « Il n’y a pas eu de travail au niveau de notre transversale aujourd’hui parce qu’il y a un petit mouvement qui s’est autoproclamé soi-disant qu’ils sont des syndicats indépendants. Cependant que c’est la CNTG qui a initié cette transversale. Ce sont eux qui se sont regroupés, soi-disant qu’ils sont marginalisés et qu’ils vont créer un mouvement contre le mouvement de la CNTG dont le président est Aboubacar Camara, qui a initié beaucoup de transversales concernant les taxi-motos à Conakry. Donc, on leur a dit que ce n’était pas possible. On ne peut pas créer deux structures syndicales sur une seule ligne. On est d’accord avec eux, qu’ils viennent on travaille ensemble entre Matoto et Ratoma. Ils ont adhéré à la CNTG, ils ne peuvent pas être dissidents pour aller organiser un mouvement à l’encontre de notre syndicat. On est allé à mairie, le maire nous a dit qu’il n’y a pas deux chefs dans un bateau, qu’ils n’ont qu’à venir se soumettre aux ordres de la CNTG, dirigé par Aboubacar Camara. Donc, comme ils n’étaient pas satisfaits, ils ont dit qu’ils ne vont pas payer le billet de la commune Ratoma, qu’ils préfèrent payer pour la commune de Matoto. Ils ont dit qu’ils vont créer leur syndicat indépendant. On n’est pas prêt à accepter, il n’y a pas un syndicat indépendant. Ils veulent qu’on s’affronte, nous ne sommes pas prêts pour ça. Nous sommes prêts à aller les rencontrer au bureau, discuter et travailler avec eux » a-t-il laissé entendre.
Suite à ce mouvement de colère, plusieurs blessés ont été enregistrés dans les deux camps. L’intervention des forces de l’ordre a permis d’éviter le pire et de ramener le calme sur les lieux.
Le différend n’ayant pas trouvé solution, il faut s’attendre à de nouvelles confrontations.
Mohamed DORE pour Guineematin.com
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