Cheick Dem : la rigueur au poignet ! L’homme de confiance de Antonio Souaré

DEM avait apprivoisé, massifié, densifié, quantifié, qualifié et calibré le nom par un cartilage. De la conjugaison de valeurs, principes et vertus devenus des rites qui ont charpenté sa vie. C’est une certitude partagée que Dem Cheick, le fils, le frère, l’ami, le compagnon était devenu une sorte de référence du puissant Dem de Jama Alwal qui faisait partie des lignages détenteurs de titres ayant pris part au mouvement de Saikou Oumar Tall.

C’est un sous clan de ce Dem de Jama Alwal, partit du Fouladou Sénégalais (Kolda Vélingara) qui vint s’installer dans le Timbi et le Timbo au Fouta Djallon en compagnie des Guissé et des Diawando (Bocoum, Daff, Sam).

Certains comme la famille du ministre Bah Ousmane, le président de l’UPR, prirent le nom BAH de leurs hôtes, tandis que celle de Ckeick Dem conserva et perpétua le nom originel à travers la nuit des temps.

Voilà pour ce qui est de l’histoire du nom à laquelle vient s’ajouter celui du prénom ! Ckeick, Saïkou qui, en pays toucouleur, est inéluctablement celui de l’enfant de Halwar, Podor, Saïkou Oumar Tall, comme Amadou, Macky, Aguibou, Muntaga, ceux de ses enfants, Tidiani, celui de son neveu.

L’autre versant de l’homonymie peut être Saïkou Ahmed Tidiane, le fondateur de la Tidianya qui naquit en Algérie et vint par la suite s’installer à Fès, au Maroc, où il mourut et fait l’objet encore de nos jours de pèlerinage de milliers fidèles dans la capitale culturelle du royaume chérifien.

Comme la plupart des familles du Timbi, celle de Cheick Dem descendit très tôt sur la côte et se fixa à Conakry sans pour autant se dépouiller de la carapace de rigueur dans l’éducation martiale du jeune toucouleur. A l’école où il obtint de brillants résultats, à la vie active, Cheick Dem est resté le même : droit, juste, franc, généreux, loyal, sincère, téméraire à dire la vérité à n’importe qui, n’importe où et n’importe quand.

L’inspecteur des impôts qui a suivi une brillante formation à l’école nationale des impôts de Clermond Ferrand, en France, avait gardé des souvenirs mémorables de la ville natale de l’inspecteur des finances devenu président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, des pneus Michelin, du Rugby, mais surtout de son toit le Puy de dôme qui, au-dessus de ses 1425m d’altitude est le Tinka français. Il me disait être fasciné par la beauté de Clermond Ferrand, cette ville au centre de la France à cause de sa ressemblance avec le Fouta Djallon. Administrateur civil compétent et intègre, Cheick Dem avait dirigé plusieurs services à Kamsar, notamment mais à la tête du patrimoine bâti public où il fut nommé par les soins de son frère et ami, le ministre d’Etat Alpha Ibrahima Kéïra qu’il allait donner toute la plénitude de ses capacités managériales, de chef d’entreprise soucieux du bien-être de ses travailleurs qui le juge comme étant l’un des meilleurs directeurs de la Guinée indépendante.

S’exprimant sur la foi des faits, ces travailleurs ont fait l’objet d’une attention soutenue de la part de Cheick Dem qui poussait l’humanisme jusqu’à s’assurer qu’il y avait de quoi rentrer à la maison les vendredis et veillait scrupuleusement au partage équitable de la part des chefs de service dont vous savez comme moi, connaissent pour la plupart la règle « je retiens un ».

Peut-être que Cheick Dem n’aurait pas eu l’aura, l’envergure et la notoriété qui furent les siennes s’il ne s’était pas fait estampiller football, rencontrer et partager la passion folle du balompie avec des hommes et des femmes qui ont dédié leur vie à son rayonnement en tant que force magique de mobilisation et échiquier sur lequel les nations et les peuples mesurent leur puissance.

Et, dans la famille des rouge-blancs du Horoya AC de Conakry que le destin de Cheick Dem va croiser celui de Mamadou Antonio Souaré. Ils sont tous deux hommes de chiffres s’instaurent alors entre l’enfant de Wondima et l’enfant de Pita une complicité positive et une proximité de la langue et des dents.

L’ingénieur électro technicien, Mamadou Antonio Souaré, et l’inspecteur des impôts, Cheik Dem, c’est le génie. Ce génie dont un penseur allemand donne cette définition : « le génie, c’est quatre-vingt-dix-neuf pour cent de transpiration et un pour cent d’inspiration ».

Les deux transpirèrent de la matinalité du laitier au « damier » à la brillance du couchant dans les différentes entreprises du groupe Horoya compris. Sous les rayons ardents du soleil, heureux et fiers d’avoir accomplis une journée de labeur et d’humanité au service des autres, surtout des plus démunis, contemplatifs la nuit de la beauté douce et câline de la lune dont la clarté provoque des effluves d’ambiance et d’enthousiasme jusque dans nos villages lointains, ponctuées et enjolivées par les battements de mains de jeunes filles immaculées au teint brillant d’une peau induite de beurre de karité.

Antonio et Dem, c’était toute une vie amicale, fraternelle et professionnelle dont les codes n’étaient déchiffrables même par les habitués de l’immeuble Pita. Par les clins d’œil, par la tonalité de ce « Oum » doux et innocent d’Antonio Souaré ressemblant au rugissement du lionceau dans l’exercice du prince héritier, seul Dem pouvait le déchiffrer et servir de bouclier à son patron dont il fortifiait tous les jours l’autorité.

Fidèle et loyal, effacé lors de leurs déplacements, prêt à porter l’estocade pour le défendre. Par ses cornes du taureau toucouleur dans le foin ou dans le rocher, dans la perméabilité du sable ou l’imperméabilité de l’argile. Antonio-Dem, c’était le pacte sacré de la fidélité à toute épreuve, tous deux porteurs de valeurs séculaires dans lesquelles ils ont été moulés ils en sont des dignes héritiers. Le Souaré du « morikanda lolou » du « mandenkalikan » de la charte de Kouroukanfuga et le prince peul ancré dans le « pulaaku » défini comme étant le triptyque le « mugnal », le Hakilo et le semtendé, autrement dit la patience l’intelligence et la persévérance.

Repose en paix mon frère Cheick Dem.

Amen !

Amadou Diouldé Diallo journaliste-historien

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