Dr Ousmane Kaba sur le déficit budgétaire lié au COVID-19 : « cela va affecter le niveau de vie de beaucoup de guinéens »

Dr. Ousmane Kaba, président du parti PADES
Dr. Ousmane Kaba, président du parti PADES

La pandémie du nouveau coronavirus qui secoue actuellement le l’humanité a déjà fait plus de cent mille morts à travers le monde. Mais, en plus de semer la mort et endeuiller des familles un peu partout sur la planète, cette maladie du COVID-19 a un effet dévastateur sur l’économie des pays touchés. Et, avec une économie déjà à l’agonie, la Guinée ne sera pas épargnée par la force de frappe de cette pandémie qui éprouve même les grandes puissances du monde.

Pour le moment, la Guinée compte 250 cas confirmés de COVID-19, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS). Mais, face à la propagation vertigineuse de cette maladie, le pays s’est doté d’un « plan de riposte économique ». Un plan dont le coût global estimé à plus de 3 000 milliards de francs guinéens. Mais, malgré ce « plan rigoureux », l’économie guinéenne est loin de sortir de l’auberge.

Selon le Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, la crise sanitaire actuelle éprouvera l’économie déjà fragile du pays. On pourrait assister inexorablement à une baisse de la croissance et à un déficit budgétaire qui pourrait s’aggraver.

« Le FMI prévoyait un taux de croissance de l’économie guinéenne de 6% en 2020 (contre 5,6% en 2019). Il est fort probable que les conséquences du COVID-19 se traduiront par une baisse qui pourrait atteindre environ 1% de PIB en 2020. Outre la baisse du taux de croissance annuelle, le niveau de l’inflation devrait aussi s’écarter de la trajectoire prévue, tandis que le déficit budgétaire devrait s’aggraver, en passant de 3,4 à 6% de PIB, face à l’accroissement inévitable des besoins de financement pour apporter une riposte économique à la pandémie », avait prévenu Kassory Fofana dans sa présentation de ce plan de riposte.

Joint au téléphone par un reporter de Guineematin.com hier, vendredi 10 avril 2020, Dr Ousmane Kaba, le leader du PADES (parti des démocrates pour l’espoir) a laissé entendre que la baisse de la croissance annoncée par le chef du gouvernement guinéen va se traduire par un appauvrissement des guinéens.

« La croissance va baisser de plus de 1%. A mon avis, ça sera au minimum 2%. Et, cela va impacter tous les jours la vie de tout le monde. Comme la Guinée est pauvre, beaucoup de gens vivent le quotidien, ils n’ont pas suffisamment d’épargne, ces gens-là seront réellement affectés. Le fait que la circulation a été restreinte, cela va affecter le niveau de vie de beaucoup de guinéens. Malheureusement, ceux qui reçoivent aussi l’aide extérieure de leurs parents de France, des Etats-Unis (…) ne pourront plus avoir quelque chose. Parce que leurs parents sont confinés de l’autre côté. Ça va appauvrir toute la Guinée. Car, ça ralentit toutes les activités économiques. J’ai critiqué le plan de riposte du gouvernement parce que j’ai estimé que la mesure phare qui aurait pu bénéficier à tout le monde, c’était de mettre le prix du carburant à 5 000 francs guinéens. Malheureusement, le gouvernement estime qu’il y aura beaucoup de coulage dans les pays limitrophes ; alors qu’il faut simplement faire une bonne police pour éviter cela. Parce que les autres pays ont dégagé beaucoup d’argent pour leurs concitoyens. Pour le Sénégal, c’est cinq à six fois le montant guinéen, alors que pour la Côte d’Ivoire, c’est près de neuf fois le montant de la Guinée… Donc, les prix des denrées vont augmenter parce que le transport va être beaucoup plus difficile dans le pays… En ce qui concerne le paquet économique du gouvernement, à part l’aspect carburant, ce qu’ils peuvent faire de mieux c’est de payer les arriérés des entreprises. Parce que l’histoire de fonds de garantie pour les crédits bancaires, çà, ce n’est pas une mesure immédiate. Puisque les banques elles-mêmes travaillent au ralenti… Cette épidémie va affecter le pouvoir d’achat de tous les guinéens. Normalement, le déficit devrait se traduire par la création monétaire et une hausse d’inflation. Mais, cette inflation sera plutôt due à la restriction de l’offre et à une augmentation de la demande », a indiqué Dr Ousmane Kaba.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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