Meurtre du policier Bakary Camara à Wanindara : le parquet de Dixinn requiert l’acquittement des accusés à la barre

Le procès des présumés meurtriers de l’agent de police Bakary Camara (tué en novembre 2018 à Wanindara) tend vers son épilogue. Car, en audience hier, mardi 12 janvier 2021, le tribunal criminel de Dixinn a annoncé la clôture des débats dans cette affaire. Et, le ministère public a requis l’acquittement des sept (7) accusés qui étaient à la barre. Egalement, le procureur audiencier, Boubacar I Bah, a demandé au tribunal de condamner six autres accusés en fuite à 30 ans de réclusion criminelle par défaut, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Cette affaire remonte au 08 novembre 2018 à Wanindara, un quartier de la commune de Ratoma, dans la haute banlieue de Conakry. Elle avait défrayé la chronique en Guinée ; et, au-delà des commentaires acerbes des autorités du pays, les forces de l’ordre s’étaient livrées à une véritable chasse à l’homme pour tenter de retrouver les meurtriers de l’agent Bakary Camara. Ce policier a été tué lors d’une manifestation dans ce quartier chaud de la capitale guinéenne. Il y était allé, en compagnie de ses collègues policiers, pour rétablir l’ordre dans ce quartier. Mais, au cours de l’opération, et pendant que les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre étaient à leurs paroxysme de rage et de haine, Bakary Camara a été abandonné par le véhicule à bord duquel se trouvaient ses amis. Il n’a pas pu s’embarquer pour battre retraite et fuir la hargne des manifestants. Finalement, il a été mortellement battu par une foule en furie.

Sa morte a alors donné lieu à une descente musclée des forces de l’ordre dans ce quartier ; et, des interpellations en masses y ont été enregistrées les heures et jours qui ont suivi. Treize (13) personnes ont été arrêtées et conduites dans les locaux de la direction centrale de la police judiciaire. Ces suspects ont finalement été conduits au parquet du tribunal de première instance de Dixinn où ils ont été immédiatement placés sous mandat de dépôt le 14 novembre 2018, pour meurtre, attroupement armé, destruction de biens privés, coup et blessures volontaires.

Seulement, à l’ouverture de leur procès, sept (7) accusés ont comparu à la barre. Le reste des accusés a été déclaré « introuvable » par le ministère public. Et, durant tout le procès, les accusés présents ont plaidé non coupable des faits qui leur sont reprochés.

« Je confectionne des briques. Je revenais du travail. Les agents ont trouvé que je suis en train d’acheter la tenue pour mon enfant. Ils m’ont arrêté. J’étais seul. Parmi ce groupe (désignant ses coaccusés), je ne connais personne », s’est défendu Abdourahamane Baldé, interpellé au lendemain du meurtre de Bakary Camara.

De son côté, Ousmane Sidibé a aussi laissé entendre qu’il revenait de son lieu de travail lorsqu’il a rencontré les agents qui l’ont interpellé.

« Moi j’étais juste venu de Yembering, préfecture de Mali. Trois jours après mon arrivée, les agents m’ont interpellé. Je suis apprenti maçon et je revenais seul du travail vers 15 heures lors que les agents m’ont interpellé. Je ne connais rien dans ça (le meurtre de Bakary Camara) », a-t-il confié.

Quant à Mamadou Moussa Diallo, il a déclaré avoir été arrêté seul dans son magasin à Wanidara, le lendemain du meurtre du policier Bakary Camara.

« J’étais dans mon magasin à Wanindara. Ils ont trouvé que ma femme est en train d’arranger les ustensiles. Ils m’ont arrêté en me demandant si je connais le policier tué à Wanindara. Ils ont pris ma moto et un montant de 480 mille francs guinéens », a-t-il indiqué.

Tout comme ces accusés, les autres qui étaient à la barre botté en touche toutes les accusations formulées à leur encontre.

Appelé à la barre pour confondre ces accusés, le représentant de la famille de l’agent de police Bakary Camara a laissé entendre qu’il ignore qui a tué son petit frère. Moussa Camara a pourtant affirmé que son jeune frère Bakary a été poignardé.

« Nous avons été informé qu’il (Bakary Camara) a été poignardé. Mais, on ne peut pas expliquer comment il a été tué, parce qu’on n’était pas avec lui sur le terrain. Je ne connais pas celui qui l’a poignardé. Ceux qui ont défilé a la barre ici, ont tous nié les faits. Mais, cela n’engage qu’eux. Et vous, et moi, personnes ne connais celui qui a tué mon frère. Mais, Dieu connais celui qui a fait ça. N’eût été les exigences de la justice, on n’allait même pas venir ici. Mais, comme il est décédé dans l’exercice de son travail, nous ne pouvons pas rester indifférent par rapport à ça » a indiqué Moussa Camara.

Ainsi, après la clôture des débats par le tribunal, ministère public a demandé l’acquittement des sept (7) accusés présents à la barre pour délits non constitués. « Les autres qui sont en fuite, à savoir : Mamadou Diaby, Mouctar Guissé, Alseny Soumah et autre, les retenir dans les liens de la culpabilité de meurtre, attroupement armé, destruction de biens privés, en les condamnant à 30 ans de réclusion criminelle par défaut et décerner un mandat d’arrêt contre eux à l’audience », a également requis le procureur audiencier, Boubacar I Bah.

Ces réquisitions du parquet ont en partie fait l’affaire de l’avocat de la défense. Me Thierno Souleymane Baldé a plaidé non coupable et sollicité au près du tribunal l’acquittement de tous ses clients pour « crime non constitué ».

Par contre, le conseil de la partie civile a demandé au tribunal de condamner solidairement les accusés au payement d’un milliard de francs guinéens. Car, selon l’avocat, cette modique somme permettra au moins d’assurer le quart des besoins des trois enfants et la veuve du défunt.

Finalement, le tribunal a mis l’affaire en délibérée pour décision être rendue le 26 janvier prochain.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel :620 58 95 27/654 41 69 22

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