La CORED en colère contre le CNRD : « nous ne pouvons pas accepter l’inacceptable »

Le mode de désignation des membres du conseil national de la transition (CNT) provoque des frustrations au sein de la classe politique guinéenne. La Convergence pour la renaissance de la démocratie (CORED) désapprouve totalement le communiqué du ministre de l’Administration du territoire, annonçant notamment les critères à respecter par les candidats. La coalition dirigée par Mamadou Sylla estime que les autorités de la transition veulent empêcher les acteurs politiques de choisir eux-mêmes leurs représentants au CNT. Elle a dénoncé cette situation à l’issue d’une réunion tenue ce lundi, 08 novembre 2021, à Conakry, a constaté un reporter de Guineematin.com qui était sur place.

Fodé Mohamed Soumah, président du parti GéCi

« Nous sommes en train de prendre les avis des uns et des autres par rapport à ce que nous appelons une nouvelle donne. Ce ne sont plus les politiques qui vont désigner leurs représentants, mais une entité qui n’a absolument rien à voir avec nos structures politiques. Lorsque dans un communiqué, on demande à des politiques de présenter des CV et des documents à réunir comme un appel à candidatures pour un emploi, ce n’est pas le rôle de l’administration. Ils peuvent demander des documents pour celui qui vient déposer une demande d’agrément, ou des preuves d’activités, de compte bancaire et même des récépissés aux partis existants, mais ce n’est pas à eux de choisir à la place des politiques.

 

Ce n’est pas au CNRD de dire parmi les candidatures reçues voici, voilà, pourquoi, comment. C’est inadmissible. Ils auraient dû dire aux partis : vous avez droit à tant de postes, donc définissez les critères par rapport à la clé de répartition, même sous la forme d’un arbitrage. Si maintenant les partis ont des difficultés, ils peuvent estimer que les critères propres à la conquête du pouvoir, c’est d’abord la participation aux élections majeures, ensuite la représentativité au sein des institutions, etc. Ça, ce sont des critères objectifs. Mais lorsque c’est vous qui allez designer à la place des politiques, je trouve que c’est inacceptable », a déclaré Fodé Mohamed Soumah, président du parti GéCi et porte-parole de la CORED, au sortir de la rencontre.

 

Au-delà de cette question particulière, ce sont les relations entre le CNRD et la classe politique en général qui mettent mal à l’aise la CORED. Elle trouve que la junte militaire au pouvoir n’associe pas suffisamment les acteurs politiques dans la conduite de la transition. « Depuis que le CNRD est en place, la classe politique est totalement ostracisée après la rencontre informelle au Palais du peuple. Nous n’avons pas été consultés pour la charte de la transition, alors que nous avons tous déposé des mémos. Encore moins pour la composition du gouvernement. Il ne faut pas oublier que la crise institutionnelle est politique. La transition est politique. Nous allons la finaliser avec des élections. Donc on ne peut pas continuer à bluffer la classe politique, à jouer sur sa division et l’explosion des coalitions difficilement acquises, en ne lui octroyant que 15 postes au CNT sur 81 », a dit le porte-parole de la coalition. C’est pourquoi nous avions demandé à augmenter le nombre de nos représentants dans le dernier memo, au moins à hauteur de la société civile qui compte 35 membres. Nous ne disposons même pas d’une minorité de blocage. 

 

Face à cette situation, la Convergence pour la renaissance et le développement appelle l’ensemble de la classe politique guinéenne àl’unité. « Nos intérêts seront bloqués. Quand je dis nos intérêts, je pense à  la conquête du pouvoir au sortir d’une transition apaisée qui désignera un président de la République, des députés et des élus locaux. Donc, c’est un appel lancé à nos pairs de la classe politique. Il est temps que nous sachions que nous sommes en position de force.

 

Nous ne pouvons pas accepter l’inacceptable. Nous ne pouvons pas être dans une transition institutionnelle et être les dindons de la farce. Il faut que la classe politique sache qu’elle est incontournable et qu’il n’est plus question qu’elle accepte d’être marginalisée. Nous avons notre mot à dire et il est impératif de se regrouper, se retrouver autour de l’unité d’actions, de l’union sacrée pour le bien du peuple. Personne n’a intérêt à l’échec de la bonne finalisation de cette transition, qui ne devrait aboutir à des élections avec la participation exclusive des partis politiques », a lancé Fodé Mohamed Soumah.

 

La CORED annonce des consultations avec les autres coalitions politiques évoluant avec elle, mais aussi avec l’ANAD, la COPEG et les autres partis non affiliés à des coalitions, comme l’UFR, le PEDN, etc. « Nous allons faire en sorte de conjuguer le même verbe, au même temps, même si ce n’est pas facile dans la configuration politique du moment. Nous avons une seconde réunion demain avec l’inter coalition politique qui regroupe plus de 100 partis, avant notre point de presse en fin de semaine. Nous pensons que rien n’est impossible si nous défendons le peuple, l’éthique, la paix et la justice », a dit le président de la GéCi et ancien 5ème vice-président de l’Assemblée nationale.

Mamadou Yaya Petel Diallo pour Guineematin.com 

Tel: 622 67 36 81

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