Les éleveurs interpellent le colonel Doumbouya : « notre filière est menacée »

La filière avicole est menacée. C’est la confédération nationale des organisations des éleveurs de Guinée qui a tiré la sonnette d’alarme au cours d’une conférence de presse animée ce vendredi, 26 novembre 2021, à Conakry. Parmi les difficultés qui assaillent leur secteur, les éleveurs pointent du doigt l’importation des œufs qui empêche l’écoulement de la production locale. Ils ont sollicité l’intervention des nouvelles autorités du pays pour sauver ce secteur, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Aujourd’hui, le marché guinéen est inondé de poulets et d’œufs importés, moins chers que ce qui est produit dans le pays. Et cette concurrence étrangère ne reste pas sans conséquences pour les producteurs locaux. Beaucoup d’entre eux n’arrivent pas à écouler les œufs sortis de leurs fermes avicoles. Ce qui leur cause d’énormes pertes, selon Ibrahima Baldé, le président de la confédération nationale des organisations des éleveurs de Guinée.

Ibrahima Baldé, président de la confédération nationale des organisations des éleveurs de Guinée

« Depuis quelque temps, nous sommes confrontés à la difficulté de faire écouler nos productions. L’œuf est un aliment qui ne se conserve pas longtemps, donc le fait de ne pas pouvoir l’écouler rapidement, nous fait perdre beaucoup d’argent. Aujourd’hui, notre filière est menacée par les nombreuses difficultés auxquelles nous faisons face. Quand vous produisez et que vous n’arrivez pas à écouler cette production, c’est un problème. Surtout s’il s’agit d’un produit périssable.

Et puis, nous, ce n’est pas une machine qui produit notre marchandise. Si vous travaillez avec une machine, vous pouvez dire que tant que le marché ne se relance pas, je ne vais pas démarrer la machine. Mais nous, nous ne pouvons pas arrêter la production, parce qu’elle dépend de la consommation des poules. Ces poules pondeuses, il faut les nourrir, les soigner, les entretenir. Sinon, elles vont aussi mourir. Donc, c’est l’une de nos grandes difficultés », a-t-il expliqué.

A cette difficulté, s’ajoutent bien d’autres. C’est notamment la cherté des produits qui entrent dans la fabrication des aliments de leurs poules. Des produits qui proviennent essentiellement du Mali et de la Côte d’Ivoire. Les éleveurs sollicitent l’intervention du colonel Mamadi Doumbouya et son gouvernement pour les aider à surmonter ces problèmes. Ce qui permettrait de sauver la filière avicole, qui emploie des milliers de jeunes guinéens.

« Nous demandons aux autorités, au président Colonel Doumbouya, au Premier ministre et l’ensemble du gouvernement, de prendre ce problème au sérieux. Parce que nous vivons de l’agriculture et de l’élevage. Donc, nous voulons plus de sérieux dans ce secteur, des investissements plus objectifs pour répondre à notre préoccupation, qui est de produire des produits de qualité que nous allons mettre à la portée de la population guinéenne. C’est un souci majeur pour nous, et avec la refondation de l’État ambitionnée par le CNRD, nous souhaitons vraiment que le président porte attention à nos préoccupations.

Parce qu’aujourd’hui, ce sont des milliers de fermiers qui sont menacés avec tout ce qui tourne autour de ces fermiers, la filière elle-même est menacée. Le problème, ce n’est pas seulement au niveau de la filière avicole, les autres filières aussi sont concernées. Aujourd’hui, si vous prenez la production bétail-viande, les éleveurs de Boké et de Gaoual sont menacés par l’exploitation minière. Il n’y a pas de démarcation entre les espaces pastoraux et les mines.

Là où les éleveurs avaient l’habitude d’envoyer leurs animaux paître, ils n’ont plus accès à ces zones, parce que les mines les ont envahies. Mais, je pense que le colonel Mamadi Doumbouya est soucieux de sa population et c’est sûr qu’il portera attention à notre cri de cœur », a dit Ibrahima Baldé, précisant que la confédération nationale des organisations des éleveurs de Guinée appelle notamment à l’interdiction de l’importation des œufs et des poulets.

Mamadou Yaya Petel Diallo pour Guineematin.com 

Tel: 622 67 36 81

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