Tueries de Zogota : la Guinée condamnée par la justice de la CEDEAO

La Cour de Justice de la CEDEAO, basée à Abuja (Nigeria), a rendu ce mardi, 10 novembre 2020, sa décision sur le dossier des tueries de Zogota. Un village de N’Zérékoré (dans le sud de la Guinée), où des agents des forces de l’ordre et de l’armée ont commis de graves exactions en 2012. La juridiction supranationale, qui jugeait cette affaire depuis 2008, a condamné l’Etat guinéen au paiement de fortes sommes d’argent aux familles des victimes.

Dans son arrêt, la Cour a déclaré l’Etat guinéen coupable de violation « du droit à la vie ; du droit de ne pas être soumis à la torture, aux traitements inhumains, cruels ou dégradants ; du droit à ne pas faire l’objet de détention et d’arrestation arbitraire ; du droit à un recours effectif ».

Pour cela, elle a condamné la République de Guinée au paiement d’un montant de 160 000 000 de francs à chaque ayant droit des victimes : N’yankoye KOLIE, Foromo Tokpa KOLIE, Nazouo KOLIE, Siba KPELEYA, Moriba Tokpa KOLIE et Kokpa Zaoro LOUA. Soit 960 000 000 GNF, au total.

La Guinée est condamnée également à verser de l’argent à 15 autres victimes, en raison de 240 000 000 GNF par personne, soit 3 600 000 000 GNF, au total. La Cour de Justice de la CEDEAO donne un délai de six mois à la Guinée pour exécuter cet arrêt.

Dans la nuit du 3 au 4 août 2020, des forces de l’ordre et de l’armée ont fait une descente musclée dans le village de Zogota, suite à des mouvements de protestation organisées par les populations locales contre la société minière Vale/BSGR et son sous-traitant Zagope, qui évoluaient dans cette zone. Ils ont tué six villageois et interpellé plusieurs autres, qui ont été conduits au camp militaire de N’Zérékoré, avant d’être libérés plus tard.

N’ayant pas obtenu gain de cause en Guinée, les avocats et défenseurs des droits de l’homme qui défendent les victimes ont saisi la Cour de Justice de la CEDEAO pour réclamer des réparations.

Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

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