Retrait des députés du parlement : certains opposants refusent !

Aliou Condé, UFDGComme on le sait, dans une déclaration que l’opposition guinéenne avait menacé de réagir au cas où la CENI programmerait les élections présidentielles avant les communales. Nous étions vendredi, le 6 mars 2015. Et, quatre jours plus tard, le 10 mars, ce qui n’était plus une trop grande surprise arriva : la CENI a annoncé les élections présidentielles au 11 octobre prochain et les communales un peu plus tard. Les élections communales ont ainsi vaguement été programmées au premier trimestre de l’année prochaine !

C’est donc sans surprise que l’opposition officialisera les « sanctions » qu’elle menaçait d’enclencher, même si sa conférence de presse attend toujours, et probablement le huis clos parisien des grands leaders…

Mais, avant de prendre son vol pour la capitale française, le chef de file de l’opposition guinéenne avait présidé une réunion à ses bureaux de Hamdallaye CBG, le mardi 17 mars. A l’issue de cette rencontre, les dirigeants de l’opposition ont mis leurs menaces à exécution. Ils ont alors annoncé leur retrait de l’Assemblée nationale, demandé à « leurs » commissaires de la CENI de tirer les leçons (?), à leurs militants de boycotter les délégations spéciales (en attendant de mettre en place les leurs) et de se préparer à des manifestations publiques…

S’il faut attendre le 6 avril prochain (dans deux semaines) pour savoir qui des députés de l’opposition ont réellement « accepté » de respecter cette consigne de boycott, il est aujourd’hui aisé de savoir que cette décision n’a pas été bien accueillie de la part de certains députés qui refusent de se plier à cette suspension.

Parmi les opposants qui continuent discrètement leurs activités parlementaires, il y a monsieur Aliou Condé, secrétaire général de l’UFDG, député du groupe parlementaire des Libéraux-Démocrates, membre du parlement panafricain. Ayant pris part à la cérémonie de clôture de l’atelier de la CENI à Kindia, le 12 mars, monsieur Condé n’ignorait pas les décisions de sa mouvance politique. Mais, deux jours après la clôture de l’atelier de Kindia, pendant que les cris de récrimination assombrissaient le ciel de Conakry, Aliou Condé était au salon d’honneur de l’aéroport international de Gbéssia Conakry, en partance pour Johannesburg, en compagnie de ses amis de la mouvance et du centre, Saloum Cissé, Diao Kanté, Zalikatou Diallo.

Nos élus dans les instances africaines et Ouest-africaines

Selon des informations confiées à Guineematin.com, notre pays a un total de douze députés « internationaux » dont six représentants dans le parlement panafricain qui a son siège à Johannesburg, en Afrique du Sud ; et, six autres dans le parlement de la CEDEAO dont le siège est à Abuja, au Nigéria. Pour partager ces douze députés, le parti majoritaire, le RPG arc-en-ciel, s’est octroyé cinq sièges ; c’est à dire deux députés au parlement panafricain et trois au parlement de la CEDEAO. Et, la mouvance a « donné » deux députés aux partis alliés, deux au groupe de l’UFDG (Libéraux-Démocrates), un à l’UFR (les républicains) et un siège aux partis centristes. Ainsi, les centristes ne sont représentés qu’au parlement panafricain (par Zalikatou Diallo, dissidente du PEDN), les républicains (UFR) ne sont représentés qu’au parlement de la CEDEAO (par Madame Aïssata Daffé) et l’UFDG (Libéraux-Démocrates) a un représentant dans chacune des instances (Aliou Condé à Johannesburg et Anne Marie Tofany à Abuja)

Bref, au parlement de la CEDEAO, la Guinée est représentée par les trois députés du RPG, Madame Chérif Hadja Nantou Konaté, Yaya Traoré et Sory Haba, la députée de l’UFDG et candidate malheureuse à la présidence de l’Assemblée nationale, Madame Anne Marie Tofany, Madame Aïssata Daffé (UFR) et Alpha Bah Fischer du PNR (un parti allié au RPG). Et, au parlement panafricain, la Guinée est représentée par les deux députés du RPG, Saloum Cissé et Diantou Traoré, le député de l’UFDG, Aliou Condé, Zalikatou Diallo (centriste) et Diao Kanté (du parti allié au RPG, le GRUP de Papa Koly Kouroumah).

Pourquoi s’accrocher tant à ces instances parlementaires ?

Selon des confidences faites à Guineematin.com, au-delà de l’image, l’expérience et les relations avec des politiciens étrangers (qui peuvent devenir présidents ou occuper de hautes responsabilités dans leurs pays respectifs), on ne galère pas trop en voyageant pour les missions parlementaires internationales.

Par exemple, hormis les quinze millions de nos francs mensuels et autres avantages parlementaire, les billets d’avion et autres accessoires, la pauvre Guinée paye trois cent euros par jour de mission à chacun de ces députés comme « argent de poche ». C’est à dire que l’argent empoché par une journée de session d’un député panafricain est supérieur à cinq fois le SMIG dont certains employés (comme des chauffeurs) ne gagnent pas par mois. Ils sont tous humains, certains ont même marché et manifesté comme eux (si ce n’est plus), mais les « mal payés » sont du « bas peuple » et les autres sont les « élus du peuple »…

Monsieur Aliou Condé, député de l’UFDG, sera-t-il sanctionné par ses pairs de l’opposition ?

Aliou Condé, député, secrétaire général de l'UFDGEn attendant de rentrer en contact avec le président de son groupe parlementaire, Docteur Fodé Oussou Foafana pour savoir quelles dispositions seraient envisagées pour « honorer » la décision de l’opposition de se retirer de l’Assemblée nationale, il importe de signaler- à la décharge du député « désobéissant »- que la mission parlementaire panafricaine a bougé de Conakry cinq jours avant l’officialisation du retrait de l’opposition du parlement.

Mais, en vérité, monsieur Aliou Condé (secrétaire général de l’UFDG) ne devait pas être surpris de la décision de suspension de la participation des députés de l’opposition du parlement, cette menace ayant déjà suffisamment bénéficié de la publicité, depuis la déclaration de leur porte parole, le 6 mars.

Par ailleurs, au cas où monsieur Condé était « surpris » par une telle décision- alors qu’il est déjà en pleine session à Johannesburg- la logique voudrait que l’opposant suspende et se retire de la session du parlement panafricain en invoquant la décision rendue publique par l’opposition le 17 mars. Au-delà de la logique (puisque l’accessoire suit le principal), cela aurait également donné un écho beaucoup plus large, si on annonçait à Johannesburg qu’un des parlementaires guinéens se retire pour dénoncer le refus du régime de Conakry d’organiser des élections communales. Cela pourrait probablement être relayé par ses collègues des autres pays, mais également les médias, avides de scoops et de nouvelles décalées. Mais, une telle attitude de nos politiciens ne risque-t-elle pas de donner raison à ceux qui pensent que les politiciens de tous les bords ne pensent avant tout et en priorité qu’à leurs petites économies, leurs avantages personnels avant l’intérêt général ?

Nouhou Baldé

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