Dr Ousmane Kaba sur les manifestations en Haute Guinée : « C’est le prix de la mauvaise gouvernance »

Dr Ousmane Kaba, président du PADES
Dr Ousmane Kaba, président du PADES

Ces dernières semaines, la préfecture de Kankan (le fief historique et jusque-là imprenable du RPG) est en proie à des protestations de jeunes en colère contre le régime Alpha Condé. Ces protestataires, principalement axées sur le manque de courant électrique, se sont transportées cette semaine dans la préfecture de Siguiri où plusieurs jeunes ont aussi battu le pavé pour réclamer l’électrification de leur localité. Avec son effet contagieux, ces manifestations risquent de gagner d’autres préfectures de la Haute Guinée, d’autant que leurs incitateurs ont promis « un printemps mandingue » s’ils ne sont pas satisfaits dans leurs revendications citoyennes.

Joint au téléphone dans la matinée de ce mercredi, 15 juillet 2020, Dr Ousmane Kaba, le président du PEDAS (Parti des Démocrates pour l’Espoir), a indiqué que ces mouvements de protestions sont autres que le reflet d’un éveil de conscience par rapport aux « promesses non tenues » et la « mauvaise gouvernance » qui gangrène actuellement la Guinée.

« Ces manifestations sont le prix de la mauvaise gouvernance. Il y a eu beaucoup de promesses en Haute Guinée et en Guinée Forestière, les deux zones les plus délaissées de la Guinée. Il n’y a aucun investissement dans le domaine de l’électricité et les gens ont fini par se rendre compte de l’évidence. Il y a eu beaucoup de fausses promesses, surtout au moment des consultations électorales. Donc, aujourd’hui, c’est un réveil pour toutes ces populations qui se rendent compte qu’elles ont été bernées pendant 10 ans. C’est ce qui explique ces manifestations », a-t-il indiqué.

Au début de ces « manifestations pacifiques (parfois émaillées d’incidents) », le PADES a été indexé par certains responsables du RPG arc-en-ciel (le parti au pouvoir) comme étant celui qui manipule les jeunes de la Haute Guinée dans le but de s’acharner contre le régime Alpha Condé qu’ils ont jusque-là défendu. Ces accusations ont été aussitôt réfutées par les responsables nationaux du PADES, sans pour autant cacher leur satisfaction de voir les jeunes de ce « fief imprenable du RPG » se liguer contre la gouvernance de leur leader historique, Alpha Condé.

« Un parti politique a pour vocation de sensibiliser, d’informer et de chercher des militants. Et, c’est ce que le PADES fait depuis trois ans. Donc, si toutes ces populations reprennent les discours ou les idées du PADES, nous ne pouvons que nous réjouir. Ça veut dire qu’elles ont vu cette vérité que nous ne cessons diffuser depuis tout ce temps. Donc, le PADES est satisfait parce que son message a été compris. Ça ne sert à rien de passer son temps à voter pour un président qui vous oublie », soutient Dr Ousmane Kaba.

Ces mouvements de protestations surviennent à quelques trois mois de l’élection présidentielle, dont le premier tour aura probablement lieu le 18 octobre 2020. Et, s’ils s’intensifient davantage, ils risquent d’ébranler le RPG arc-en-ciel. Déjà, à Kankan, les autorités administratives et morales ont lamentablement échoué dans leurs tentatives d’empêcher les jeunes de battre le pavé. D’autres manifestations sont en vue ; et, pour le président du PADES, il faut laisser les jeunes faire leurs « protestations pacifiques » pour exprimer leur ras-le-bol.

« En tant que parti politique, notre rôle c’est de dénoncer, mais pacifiquement. Nous ne finançons pas, nous ne disons à personne de prendre le caillou pour quoique ce soit. Mais, il ne faut plus accepter de voter pour des fausses promesses. C’est ce que nous nous disons. Maintenant, les populations sont libres de penser autre chose. Nous, nous ne voulons pas qu’il y ait des violences. Mais, il faut laisser les jeunes faire leurs protestations pacifiques. C’est leur droit dans toute démocratie de dire je ne suis pas d’accord et de faire des protestations pacifiques », Dr Ousmane Kaba.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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