Complaisance au sommet : Alpha Condé, un président influençable ; donc, vulnérable !

Moins d’une semaine après leur limogeage du gouvernement, la plupart des ministres remplacés ont été nommés. Cette fois à la présidence de la République. Parmi les revenants, figure Cheick Taliby Sylla, limogé bien avant le dernier remaniement du gouvernement. Egalement parmi les bénéficiaires de ces dernières nominations, Claude Kory Koundiano, ancien président de l’Assemblée nationale. Outre ces deux personnalités, qui sont respectivement ministre conseiller et haut représentant du chef de l’Etat, il y a aussi les anciens ministres de la justice, de l’enseignement supérieur, des Télécommunications et de l’Education nationale qui font un come-back.

Parmi toutes ces nominations, celle de Kader Yancine Barry est la plus abracadabrante. Ministre conseiller en charge de la riposte contre la COVID-19. Avec monsieur Alpha Condé, les Guinéens auront vu de toutes les couleurs. Un ministre conseiller chargé d’une épidémie. C’est soit l’épidémie sera présente dans le pays pour longtemps, soit le poste taillé sur mesure aura la longévité d’une saison : celle de la COVID-19.

Un proverbe de chez dit « celui qui craint les yeux hagards de l’animal mort ne peut pas dépouiller sa tête ». Or, c’est exactement ce qui se passe dans ce pays depuis 2011. Monsieur Alpha Condé ne veut mécontenter personne.

Surtout si l’intéressé connait peu soit-il comment fonctionne le système. Ou s’il est susceptible de rejoindre le duo qui perturbe le sommeil présidentiel.

On a l’impression qu’il y a un autre conseiller qui met en garde le président en lui disant que s’il laisse telle personne ou telle autre sans occupation elle pourrait être récupérée par Cellou ou Sdiya. Les deux hommes qui hantent le palais. Du coup, la Guinée a non seulement un nombre pléthorique de ministres mais aussi – et c’est l’une des particularités de notre président- une présidence de la République où se trouve un « gouvernement bis ».

Un responsable du PEDN a su caricaturer les dernières nominations en ces termes « hier, tu changes ton parc automobile. Aujourd’hui, tu t’occupes de la ferraille ». Si cette stratégie est payante sur le plan politique, parce qu’elle permet au président de surveiller les anciens, elle est autant préjudiciable sur le plan économique. D’abord, cette cohorte de conseillers coûte trop cher au contribuable. Ensuite, les ministres en exercice savent que le président craint plus un ancien ministre qu’un opposant. Or, un gestionnaire de la chose publique qui sait qu’il fait peur à celui qui l’a nommé peut se permettre de tout.

Un homme politique influençable est un homme vulnérable. Seul le critère de performance devait être le motif de la nomination ou du limogeage d’un ministre. C’est à ce niveau que se jouent la réussite ou l’échec d’un dirigeant. Déjà, l’actuel chef de l’Etat guinéen a péché en promettant pendant la campagne pour la présidentielle de 2010 que, s’il était élu, il n’y aurait pas de la chasse aux sorcières. Transformant un atout en un handicap.

En effet, considéré comme monsieur mains propres à l’époque, il faisait peur aux cadres indélicats. Mais, dès les premiers mois de son règne, il joindra l’acte à la parole. Perpétuant ainsi l’impunité dont bénéficiaient les fonctionnaires qui ont mis le pays à genoux durant les 24 années de règne kaki. Aucun observateur de la situation que la Guinée a connue avant la disparition du président Lansana Conté ne peut comprendre qu’il n’y ait aucun prisonnier pour délit économique dans ce pays. Ne serait-ce qu’à cause entre autres du démantèlement de la voie ferrée « Conakry Niger », construite avec la sueur et le sang de nos devanciers.

Cette impunité érigée comme la règle et l’honnêteté, l’exception a fait tache d’huile. La vertu est désormais perçue comme une malédiction et, à contrario, le détournement de derniers publics comme une bénédiction.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

Téléphone : 664 27 27 47

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