Justice : le procureur de Dixinn échange avec les acteurs de la chaîne pénale

Sidy Souleymane Ndiaye

Des acteurs de la chaîne pénale du Tribunal de Première Instance (TPI) de Dixinn sont préoccupés par les dysfonctionnements auxquels ils sont confrontés. C’est pour y faire face avec efficacité qu’ils se sont retrouvés dans la journée d’hier vendredi, 27 décembre 2019, au tribunal de Dixinn. Ce cadre de concertation et d’échanges a été mis à profit pour faire le diagnostic des difficultés en vue d’y remédier et saluer les avancées enregistrées sur le terrain, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

La réunion a été présidée par le procureur de la République près le TPI de Dixinn, Sidi Souleymane N’Diaye. Ce cadre d’échanges a regroupé l’ensemble des acteurs de la chaîne pénale relevant de la juridiction des communes de Dixinn et de Ratoma. Il s’agit entre-autres des magistrats, des avocats, du régisseur de la maison centrale, des officiers de police judicaires, des gardes pénitentiaires et des structures de défense des Droits de l’Homme.

Cette entrevue a permis aux participants de répertorier et d’expliquer les difficultés et contraintes liées à leurs activités devant le Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD). Une Structure avec laquelle le tribunal de Dixinn a signé un partenariat dans le cadre du renforcement des capacités.

Sidy Souleymane Ndiaye, procureur de la République près le TPI de Dixinn

A l’ouverture de la rencontre, Sidi Souleymane N’Diaye a rappelé que la réunion s’inscrivait dans le cadre de l’exécution des activités relatives à la nouvelle convention conclue entre le TPI de Dixinn et le PNUD. Il a également été question des multiples difficultés rencontrées par les acteurs de la chaine pénale liées entre-autres aux délais de la garde à vue, à l’absence des scellés dans les dossiers de procédure, à la violation du Droit des prisonniers, le surpeuplement des détenus à la maison centrale, le manque d’un budget conséquent alloué au niveau du parquet, l’arrivée tardive des détenus dans les salles d’audience…

Me Emanuel Bamba, avocat à la Cour et président de la Ligue Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme (LIGUIDHO)

Dans son intervention, maître Emanuel Bamba, avocat à la Cour et président de la Ligue Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme (LIGUIDHO) a expliqué certains manquements constatés sur la chaîne pénale. « Nous constatons que les délais de garde à vue sont largement dépassés dans les procédures. Dans d’autres pays normalement, c’est la nullité de la procédure. Le parquet ne doit pas recevoir un procès verbal où le suspect est resté en garde à vue au delà du délai légal, qui est de 48 heures, renouvelable une seule fois. Nous constatons aussi qu’il y a des délais qui sont prévus par le code pénal guinéen mais qui ne sont pas aussi respectés par la justice. Nous constatons que les délais de détention provisoire, les gens restent longtemps en attente de leur jugement, ce qui est une grave violation de droits de l’homme. Compte tenue du fait que les prisons sont surpeuplées, alors on assiste à des cas de violation des droits de l’homme, notamment le droit à l’alimentation. Ils ne reçoivent pas une alimentation suffisante, non seulement en quantité, mais aussi en qualité », a-t-il évoqué.

Toutefois, maitre Emmanuel Bamba a rappelé que des avancées ont été enregistrées ces derniers temps et méritent d’être dites. « Il s’agit des procès criminels qui se tiennent actuellement dans les tribunaux de première instances au moins deux fois par semaine. Il y aussi le fait que les dossiers ne sont plus renvoyés de façon intempestive sans motif. Maintenant, les motifs sont toujours mentionnés et ils sont toujours justifiés. Ce n’était pas le cas avant. Ce sont des avancées à saluer et à encourager » a-t-il fait remarquer.

Commandant Ibrahima Sory Bangoura, régisseur de la prison centrale de Conakry

De son côté le régisseur de la prison centrale de Conakry, le Commandant Ibrahima Sory Bangoura, est revenu sur le surpeuplement dans cette maison d’arrêt. Pour y faire face, le commandant a demandé à tous les procureurs d’envoyer le rôle d’audience à la veille. Cela lui permettra de faire à temps l’extraction des prisonniers programmés pour l’audience. « Si vous attendez jusqu’au jour de l’audience pour envoyer le rôle, c’est des problèmes. A la maison centrale, tu vas appeler un prisonnier par deux fois ou trois fois. Même s’il est arrêté devant toi, il ne te regardera même pas. Donc, pour regrouper tous ceux-ci, avec actuellement un effectif de mille et quelques prisonniers, ce n’est pas facile. Nous sommes obligés de reconvertir même les ateliers destinés aux apprentissages des détenus en dortoirs. Pour les regrouper, il faut aller par ci et par là pour les faire sortir. Donc, je demande à tous les procureurs d’envoyer le rôle d’audience à la veille », a lancé le régisseur de la maison centrale de Coronthie.

Saidou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel: 620 589 527/654 416 922

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