Élu président de la République de Guinée en 2010 et réélu en 2015, Alpha Condé a changé la constitution qui lui interdit de briguer plus de deux mandats à la tête du pays, alors qu’il a juré deux fois de la respecter et la faire respecter. Aujoud’hui, tout porte à croire que le chef de l’Etat guinéen va essayer de se maintenir au pouvoir.
Pour protéger la démocratie guinéenne et défendre l’alternance à la tête du pays, de nombreux Guinéens ont clairement exprimé leur opposition à cette volonté du président Alpha Condé de confisquer le pouvoir. A l’initiative du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), ces compatriotes ont organisé plusieurs manifestations à Conakry et à l’intérieur du pays. Et, après une trêve due à l’apparition de la Covid-19, ont décidé de reprendre leurs mobilisations, estimant que le régime profite de la suspension des manifestations à cause du coronavirus pour arrêter et emprisonner les activistes pour réussir la confiscation du pouvoir. La première marche est alors prévue le 08 juillet prochain, entre le carrefour de la Tennerie et le palais du peuple, à Conakry.
Depuis l’annonce de cette nouvelle marche, les avis sont divergents. Des citoyens de Conakry, interrogés par un reporter de Guineematin.com, ont dit ce qu’ils en pensent.
Moussa Camara : « vous savez, le débat politique en Guinée n’est pas facile. Sinon, le FNDC est l’association des bandes de mafieux. Ce n’est pas un parti politique moins un mouvement qui défend l’intérêt des populations. Il n’y a pas longtemps, Ousmane Kaba, l’un des membres du FNDC, dénonçait le détournement de l’argent mobilisé par les guinéens de l’étranger. Ce dernier a officialisé sa candidature à la présidentielle d’octobre 2020 avec le président Alpha Condé ou pas. Mais dans tout ça, c’est la jeunesse qui est malade. Il faut que les jeunes prennent conscience pour changer positivement ce pays. Mais c’est ici on peut tuer les deux parents d’un jeune et qu’on lui fait oublier tout ça à cause de l’argent… ».
Fodé Kouyaté : « pour moi, le FNDC doit reprendre ses manifestations pour contraindre ce gouvernement à réduire les actes d’injustice et d’exactions dont certains citoyens sont victimes à travers tout le pays. Car s’il n’y a pas un tel mouvement dans un pays, qui peut pousser l’État à mieux travailler et à respecter les textes ? Sinon, l’État risque de nous écraser s’il est tellement fort. Sauf que parfois, ils doivent savoir raison garder face à certaine situation. Ils doivent changer de stratégie parfois pour ne pas causer du tort à ceux qu’ils sont censés défendre… ».
Daouda Keita : « moi, en tant que jeune, j’aimerais voir mon pays aller de l’avant et non le recul. Si le FNDC décide de reprendre les manifestations en cette période de maladie, c’est un mépris pour les populations qu’ils prétendent défendre. Ils doivent avoir pitié des pauvres citoyens. Imaginez si un jeune innocent chopperait ce virus en pleine marche, qui s’occupera de sa famille ? On n’a pas encore totalement vaincu cette maladie du COVID-19 et puis on est préoccupé par d’autres choses. D’ailleurs, ce mouvement en tant que tel n’inspire pas confiance. Parce que tous les leaders qui militent au sein du FNDC ne sont pas crédibles. Car ils ont été aux affaires ici pendant des années. Mais qu’est-ce qu’ils nous ont légué ? Avec ça ils mettent les jeunes dans la rue pour aller vandaliser le peu d’infrastructures qu’on a. Il faut que les jeunes sachent que ce n’est pas les manifestations et les actes de vandalisme qui peuvent construire ce pays ».
Malick Diakité pour Guineematin.com
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