Profanation de la tombe de Sékou Touré à Conakry : le prévenu « relaxé » par la justice

Le procès a duré moins d’une heure ; et, Mohamed Lamine Chérif Camara a été relaxé par le tribunal correctionnel de Dixinn. Ce jeune gendarme de 31 ans, en service à la brigade spéciale des finances) était poursuivi pour « incendie volontaire et profanation de la sépulture » du président Ahmed Sékou Touré, le premier président de la Guinée indépendante et père de la révolution guinéenne, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui est au tribunal.

A la barre, le prévenu a reconnu sans ambages les faits qui lui sont reprochés. Mais, pour sa défense, Mohamed Lamine Chérif Camara a laissé entendre qu’il n’était pas en possession de toutes ses facultés mentales au moment des faits. « J’ai passé la nuit au service. J’étais de garde ; et, c’est là que j’ai commencé à avoir des maux de tête. Le matin, quand je suis descendu de garde, je me suis rendu chez ma tante pour me reposer. Malheureusement, je n’ai pas pu me reposer là-bas. J’ai alors voulu me rendre au chantier de ma mère, à Dapompa. J’ai acheté des biscuits, de la cigarette, de l’eau… Mais, la tête me faisait terriblement mal. Je me suis dit d’aller dans un endroit tranquille. Je suis alors entré au mausolée. Mais, je ne savais pas que c’est un mausolée. Ainsi, j’ai fumée ma cigarette ; et, sans prêter attention, j’ai jeté le mégot à terre. C’est ce mégot qui a allumé les étoffes qui étaient là et il y a eu du feu », a expliqué Mohamed Lamine Chérif Camara, tout en précisant qu’il souffre depuis 2011 de problèmes psychiatriques.

Au cours des débats, le ministère public a brandi un rapport de psychiatrie versé au dossier et qui corrobore les déclarations du prévenu sur son état de santé. Ce rapport, établit par le médecin psychiatre du centre de psychiatrie de l’hôpital Donka, révèle que Mohamed Lamine Chérif Camara souffre de « troubles psychiatriques ». Le parquet indique aussi que les enquêtes ont prouvé que le prévenu était sous traitement au moment des faits qui lui sont reprochés dans cette affaire. Il révèle en outre que les enquêtes ont permis de comprendre que le prévenu a eu cette maladie dans l’exercice de son métier. « C’est au cours d’une patrouille nocturne, vers le Petit LAC, que Mohamed Lamine Chérif Camara a commencé à avoir des troubles », a dit le ministère public.

Et, sans surprise, dans ses réquisitions, le procureur audiencier a demandé le renvoi de Mohamed Lamine Chérif Camara des fins de la poursuite « pour cause de non imputabilité des faits qui lui sont reprochés ; et, d’ordonner son hospitalisation à la psychiatrie de Donka pour son traitement ».

Les réquisitions du procureur ont conforté la défense qui, sans déployer des ailes, a demandé au tribunal de suivre le ministère public. Les avocats de Mohamed Lamine Chérif Camara ont aussi demandé au tribunal de statuer sur siège compte tenu de l’état de santé fragile de leur client.

Dans son délibéré, le tribunal a relaxé Mohamed Lamine Chérif Camara et ordonné son placement au centre de psychiatrie de Donka « pour son traitement et sa réadaption ».

A préciser que le parti PDG-RDA (partie civile dans ce dossier) avait déjà désisté de sa plainte contre le prévenu.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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