Sécurité Sanitaire : lancement officiel des activités de la Brigade spéciale MEDICRIME

La Guinée poursuit son combat contre les faux médicaments. C’est dans cette dynamique que notre pays a créé une brigade dénommée Brigade spéciale MEDI CRIME. La cérémonie officielle de lancement des activités de cette structure a eu lieu ce vendredi, 14 décembre 2018, à l’escadron mobile numéro 3 de Matam, a constaté un reporter de Guineematin.com sur place.

Six ans après être devenu le cinquième pays à avoir ratifié la Convention Médicrime du Conseil de l’Europe, permettant ainsi son entrée en vigueur, le haut commandement de la gendarmerie nationale direction de la justice militaire, en synergie avec le ministère de la Santé, a créé ladite brigade. La cérémonie de ce vendredi a eu lieu en présence de l’ambassadeur de la France en Guinée, de la consule de l’Union Européenne, du Haut commandement de la gendarmerie nationale, d’un représentant du ministère de la jeunesse, des membres de la société civile et plusieurs officiers des armées guinéenne et française.

Le commandant de la brigade MEDICRIME, le lieutenant Mamadouba Fougué Camara a défini les raisons profondes de la création d’une telle unité en Guinée. « Si l’on convient qu’un produit destiné à guérir et à sauver la vie ne peut être que de qualité, malheureusement le grand malheur est que des faux médicaments sont en vente et tuent tous les jours. Ce phénomène est devenu une menace au développement et à la sécurité publique. Cette lutte vise à protéger la santé de la population guinéenne. C’est le défi réel pour le développement et la survie de cette nation. Cette lutte est loin d’être individuelle, l’implication de tout un chacun doit être sincère, courageuse, patriotique et volontariste dans le cadre d’une véritable coopération nationale et internationale ».

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) les faux médicaments tuent environ 700 mille personnes par an dans le monde. Elle ajoute que si rien n’est fait, dans la vision de 2050, dix millions de décès seront enregistrés par an dans le monde, dont 5 millions en Afrique.

Le général Ibrahima Baldé, Haut commandant de la gendarmerie nationale a invité les guinéens à faire preuve de responsabilité et de vigilance. « Les gens doivent comprendre, qu’au delà des statistiques qui nous parviennent, la réalité des faits ne se fait pas attendre au titre des commentaires. Au marché Madina, sans aucune ordonnance médicale, on se procure toute sorte de médicaments qu’on veut, il suffit que vous ayez de l’argent. D’où viennent ces médicaments ? Quels sont les itinéraires que ces médicaments suivent ? Comment ils rentrent ? Comment ils sont utilisés? Ça ne fait pas grand souci. Notre objectif aujourd’hui, c’est d’avoir une loi nationale en relation avec la convention internationale et donner force à la loi, à travers le ministre de la santé pour que nous préservions le strict minimum possible pour la santé de nos populations. C’est à nous, chacun dans son domaine et en ce qui le concerne, d’ouvrir son esprit et son cœur pour que chacun devint un acteur, pas un observateur, de cette lutte ».

L’ambassadeur de France en Guinée, Jean-Marc Grosgurin estime pour sa part que la création de cette brigade est une première victoire pour les guinéens. « Je crois que l’enjeu, il est clair. Il s’agit de protéger la population guinéenne de l’utilisation des médicaments contrefaits qui peuvent avoir des conséquences néfastes. C’est une victoire que cette mise en place de la Brigade spéciale MEDICRIME. Mais, ce n’est qu’une première victoire. Je crois que le plus dur encore est devant nous. Nous avons le cadre juridique, la convention signée, la ratification de la loi, nous avons maintenant le cadre opérationnel. Je crois que tous les éléments réunis ici peuvent être fiers, parce que la cause est noble. Encore une fois, la Guinée prend son destin en main. Et, son destin ici, c’est vraiment la protection de sa population », a laissé le diplomate français.

Au cours de la cérémonie, il y a eu la remise de l’habilitation des officiers de police judiciaire, qui sont appelés à exercer au sein de cette unité, la fixation des drapeaux par les officiels, preuve de l’implantation de MEDICRIME en Guinée, la coupure du ruban pour les locaux qui abritent la direction de l’unité de MEDICRIME et la visite des locaux.

Très prochainement, un comité consultatif sera mis en place auprès du ministre d’État en charge de la Santé pour endiguer ce fléau.

Il faut noter que la convention MEDICRIME est l’unique instrument en Guinée qui criminalise les faux médicaments menaçant la santé publique. La brigade MEDICRIME a pour mission de lutter contre la criminalité relative à la contrefaçon des produits médicaux et les atteintes à la santé publique, veiller au respect et à la mise en œuvre des dispositions de la convention MEDICRIME en Guinée, protéger les droits des victimes des infractions établies conformément à ladite convention, protéger la santé publique, a-t-on appris.

Salimatou Diallo pour Guineematin.com

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