Conakry : des employés de maison à l’école de la connaissance de leurs droits et devoirs

Le Syndicat National des Employés de Maisons (SYNEM-Guinée) continue son combat pour permettre à ses membres de réclamer leurs droits tout en s’acquittant de leurs devoirs. C’est dans cette dynamique que la structure a organisé un atelier de développement des compétences sur la syndicalisation et la négociation des droits travailleuses et travailleurs domestiques de la commune de Kaloum. La cérémonie a eu lieu ce mercredi, 04 décembre 2019, au palais du peuple de Conakry, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Cette cérémonie, initiée par le SYNEM en faveur de ses membres de la commune de Kaloum, a connu la présence de plusieurs invités, dont madame Aminata Touré, maire de la commune.

madame Doukouré Asmaou Bah, secrétaire générale du SYNEM

Dans son intervention, madame Doukouré Asmaou Bah, secrétaire générale du SYNEM, est revenu sur les raisons de l’organisation de cet atelier. « Comme vous le savez, c’est bon de réclamer son droit, mais il faudrait aussi faire son devoir. Donc, la formation et le renforcement des capacités des travailleuses et travailleurs est très important. C’est ce qui fait que nous allons faire un atelier aujourd’hui pour discuter avec les travailleurs de cette commune et après, nous allons continuer dans les autres communes, comme Dixinn, Matam, Ratoma et Matoto. Vous savez qu’il y a des travailleuses et travailleurs domestiques qui travaillent derrière les portes, c’est-à-dire que ce qu’ils sont entrain de faire n’est pas connu en public. Mais quelques fois, ils sont violés, violentés et ils n’osent pas en parler… Nous allons leur dire de briser le silence, surtout que cette année 2019, c’est le centenaire de l’Organisation International du Travail ».

Par ailleurs, madame Doukouré Asmaou Bah a fait savoir que ce n’est pas seulement la couche féminine qui est victime de harcèlement. « Dans le milieu du travail, ce n’est pas que les femmes seulement. Même les hommes sont harcelés et violentés. C’est une question d’actualité. C’est pour cela que nous passerons dans toutes les communes de Conakry, pour expliquer aux travailleurs domestiques qui sont au four et au moulin, qui travaillent dans l’ombre, qu’il y a des conventions qui les protègent et leur apprendre la nécessité de la formation ».

Mme Doukouré Asmaou Bah et Mme Aminata Touré

Pour sa part, madame Aminata Touré, maire de la commune de Kaloum, a remercié l’initiatrice de cette activité avant de dire son engagement à l’accompagner dans sa démarche. « Nous sommes très honorée et très heureuse d’être à côté de Madame Doukouré, qui fait un travail fabuleux depuis quelques années. Et comme vous constatez, nous avons déjà pris l’engagement de les accompagner à la mairie… C’est tout à fait normal que nous avons exigé aussi, quand on ouvre un hôtel à Kaloum par exemple, les 40% ou 50% des travailleuses ou travailleurs domestiques viennent de notre commune. Alors pour ça, nous ne pouvons pas exiger de prendre des personnes non qualifiées. C’est la raison pour laquelle nous contribuerons à la qualification de ces personnes et à leur formation », a dit madame le maire.

Madame Salimatou Condé

De son côté, Madame Salimatou Condé, une des bénéficiaires de cet atelier de formation, a dit sa fierté de prendre part à cet atelier de renforcement des capacités. « On suit cette formation pour augmenter notre savoir et agrandir notre bagage intellectuel, parce que dans le travail, on ne connait pas tout. A chaque fois, on a besoin de se former pour être performante. Donc, c’est la raison pour laquelle on est motivé. Il y a aussi beaucoup de difficultés que nous rencontrons dans notre métier, comme vous le savez, le salaire minimum en Guinée, c’est 440 000 francs guinéens. Même cette somme, beaucoup de personnes y compris des employés de maisons, ne gagnent pas ça. Donc, ça c’est un problème. En plus de ça, les employées de maisons ne sont pas considérés dans les maisons, elles sont confondues aux esclaves, elles travaillent sans repos. Mais, avec cette formation, nous pouvons éviter ce travail sans repos ; et, ça nous permet de réclamer nos droits et d’accomplir nos devoirs », a laissé entendre Salimatou Condé

Amadou Mouctar Baldé pour Guinéematin.com

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