Kidnappings à Wanindara (Ratoma) : un imam dénonce et interpelle les autorités

Elhadj Abdoulaye Baldé, imam à Wanindra

Depuis quelques jours, l’on assiste à une résurgence des arrestations, kidnappings et autres intimidations dans certaines parties de la commune de Ratoma. Une récente sortie de Fafabira Manet, chef du quartier de Wanindara, accusant imams et commerçants de soutenir les jeunes manifestants contre le 3ème mandat, a entraîné des arrestations et semé l’inquiétude sur les lieux. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com ce jeudi, 19 mars 2020, l’imam Elhadj Abdoulaye Baldé, a dit sa préoccupation face aux agissements des forces de l’ordre dans cette zone martyre de Ratoma.

L’inquiétude est de mise depuis quelques jours à Wanindara. Les dénonciations de Fafabira Manet, le chef du quartier, accusant les sages et les commerçants d’être les bras financiers des jeunes manifestants, ont eu pou conséquences des décentes inopinées d’agents. Les arrestations ciblées se multiplient dans les rangs des notables et suscitent l’indignation.

Elhadj Abdoulaye Baldé, imam dudit quartier, n’est pas en marge de cette situation. « Ces jours-ci, les sages sont inquiétés dans le quartier. Avant-hier mardi, on a appris que des personnes ont été arrêtées à Wanindara. Mais, je n’ai pas pu les identifier d’abord. Dans la nuit du mercredi à ce jeudi aussi, des gendarmes et des policiers sont venus faire des patrouilles dans le quartier et certains sont rentrés dans les concessions voisines à ma maison. Ils y ont visité toutes les chambres, ouvert les armoires. Nous-mêmes imams, nous sommes menacés. Depuis la sortie de notre chef de quartier, qui accuse les imams et les commerçants d’être les meneurs des manifestations, nous ne sommes plus en paix. Wanindara est composé en majorité de religieux et de commerçants. Nous n’avons rien à cacher. Nous sommes des pères de famille, c’est ici chez nous, nous n’avons nulle part où aller. Nous n’avons même pas la prétention d’aller ailleurs car nous ne nous reprochons de rien. Donc, ce n’est pas normal que nous soyons ainsi accusés à tort. Notre rôle en tant qu’imam, c’est de prodiguer des conseils, d’aider les gens à aller vers le droit chemin, à suivre les enseignements de l’Islam et non à guider les gens vers la violence », a-t-il indiqué.

Devant ces agissements, ce leader religieux interpelle les autorités au plus haut niveau pour faire cesser ces arrestations ciblées et autres humiliations infligées aux citoyens de Wanindara. « J’interpelle les autorités sur la responsabilité qui doit être la leur. Je ne leur dit pas de ne pas faire leur travail d’enquête, mais qu’elles n’abusent pas. Un chef doit être comme un père de famille. Il doit agir dans le bon sens et non aller vers les chemins interdits. Ils doivent arrêter cette campagne d’intimidation. Ça n’amène nulle part. Le pays est régi par la loi et chacun doit agir conformément à la loi. Personne ne doit être menacé ou intimité à cause de son appartenance politique, ethnique ou religieuse. Donc, on ne peut pas dire que parce que tel ou tel n’est pas de notre camp, qu’on va l’arrêter. Ce n’est pas normal dans un pays. Un chef n’est chef que lorsqu’il est bon. Si le chef n’est pas bon, il ne mérite pas d’être chef. Donc, les gens ne doivent pas se laisser intimider. On doit être uni pour lutter contre l’oppression», a-t-il laissé entendre.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

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