Me Kabèlè prévient : « c’est le gouvernement lui-même qui va provoquer sa propre chute »

Me Abdoul Kabèlè Camara, président du RGD et candidat malheureux à l'élection présidentielle du 18 octobre 2020
Me Abdoul Kabèlè Camara, président du RGD et candidat malheureux à l’élection présidentielle du 18 octobre 2020

La traque d’opposants engagée depuis quelques semaines par le gouvernement guinéen et qui se traduit par de nombreuses arrestations, ne laisse pas indifférent maître Abdoul Kabèlè Camara. Le président du RGD et candidat malheureux à la présidentielle du 18 octobre 2020, s’insurge contre une « violation flagrante des droits et libertés ». Il l’a dit au cours d’une conférence de presse de l’UFDG et l’ANAD animée hier, jeudi 12 novembre, au domicile de Cellou Dalein Diallo, à Dixinn, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

« Aujourd’hui, nous sommes face à ce qu’on appelle violation flagrante des droits et libertés. Je ne peux pas rester indifférent. Hier, face aussi à une République forte, je me suis élevé contre de telles pratiques. Aujourd’hui, je ne peux pas rester indifférent. C’est pourquoi, je suis aux côtés de mon frère (Cellou Dalein Diallo), de son parti et des partis alliés qui l’ont soutenu durant ce processus électoral. Je suis là pour apporter tout mon soutien et dire que le pays ne doit pas évoluer de cette manière. Qu’allons-nous laisser aux générations futures quand on sait que dans le cadre d’espèce, face à une dictature, les gens sont arrêtés, on ne sait comment ?

Même quand un juge d’instruction est saisi, la première des choses, c’est seulement lui envoyer une convocation afin qu’il se présente devant le juge. Même s’il y a une commission rogatoire, c’est juste une convocation qu’on envoie pour que le citoyen se présente. S’il ne se présente pas à la date indiquée, celui qui a mandat d’accomplir la commission rogatoire rend compte au juge qui l’a mandaté et demande à ce qu’il franchisse un second degré ; un mandat de comparution peut-être devant le juge qui le renverra devant la police judiciaire. Et ainsi de suite un mandat d’arrêt.

Mais, sans accomplir aucune autre procédure légale, on va directement prendre quelqu’un dans sa famille, on le kidnappe, et on l’emmène directement à la police judiciaire. Ça, ce sont des choses regrettables. Les lois de procédures pénales sont d’ordre public, on ne peut pas les violer. Et quand on les viole, ça va affecter toute la procédure subséquente », a expliqué l’opposant.

Pour lui, le président Alpha Condé et son gouvernement n’ont aucun intérêt aujourd’hui à organiser une chasse aux sorcières contre les opposants. Au contraire, dit-t-il, le chef de l’Etat guinéen doit s’inspirer de son homologue ivoirien pour chercher à décrisper la situation. « Le président Ouattara a été proclamé vainqueur par le conseil constitutionnel de la Côte d’Ivoire, il a fait une déclaration publique d’homme d’Etat, invitant les opposants à se joindre à lui pour une rencontre. On a vu tous, dans les médias, le président Ouattara et le président Bedié devant la presse pour dire qu’ils ont brisé le mur de glace.

Cela a été un indice très fort pour ramener le calme et la stabilité dans le pays. Qui a plus intérêt aujourd’hui en Guinée de défendre la stabilité et la paix sinon le président de la République ? Il a plus besoin de paix et de stabilité pour appliquer son programme. Sans la paix et la stabilité, il ne peut appliquer aucun programme. Qui a besoin du respect des lois et des règlements plus que le président de la République dans un pays ? Ce n’est pas lui le gardien de la constitution ? C’est lui qui doit respecter et faire respecter la constitution de la République. A ce niveau de responsabilité, pourquoi engager une telle lutte contre des innocents ? » S’interroge Me Abdoul Kabèlè Camara.

Le président du RGD prévient les dirigeants guinéens qu’en continuant à agir comme ils le font aujourd’hui, ils vont provoquer eux-mêmes leur propre chute. « Aujourd’hui, nous sommes convaincus que si la ligne de conduite du gouvernement ne change pas, c’est le gouvernement lui-même qui va provoquer sa propre chute. Parce qu’à force de taper sur le peuple, le peuple finit par se rebeller et se retourner contre les oppresseurs. Donc, j’en appelle au réveil de tout le monde, à la sagesse des gouvernants », a dit l’ancien ministre.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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