Prestation de serment du colonel Mamadi Doumbouya : « l’acte peut s’interpréter de diverses manières »

Dr Mamadi Kaba, président pour la Ligue pour les Droits et la Démocratie en Afrique (LIDDA)
Dr Mamadi Kaba, président pour la Ligue pour les Droits et la Démocratie en Afrique (LIDDA)

Le communiqué annonçant la prestation de serment du colonel Mamadi Doumbouya comme président de la transition a suscité beaucoup de commentaires. Beaucoup de Guinéens se sont interrogés sur cette décision du chef de la junte militaire qui a renversé le président Alpha Condé, d’autant plus que pratique est peu habituelle pour les militaires qui arrivent au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat.

Mais, pour le juriste Dr Mamadi Kaba, président de la ligue pour les droits et la démocratie en Afrique (LIDDA), il y a bien une raison qui explique cet acte. Il estime que le président du comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) veut quitter l’autorité des armes pour se soumettre à l’autorité de la loi. L’activiste de la société civile l’a dit dans un entretien qu’il a accordé à Guineematin.com hier, jeudi 30 septembre 2021.

« En pareilles circonstances, l’intention est plus importante que l’acte lui-même. L’acte lui-même peut s’interpréter de diverses manières. Mais, vu le contexte, j’ai le sentiment que le président Mamadi Doumbouya veut quitter l’autorité des armes pour se soumettre à l’autorité de la loi. Cela à plusieurs implications. Non seulement il devient justiciable dans l’ordre judiciaire national, mais aussi il est pratiquement soumis à toutes les contraintes que les lois de la République imposent à un président civil. Ça veut désormais dire son pouvoir ne doit pas reposer sur la force des armes, mais plutôt sur la force de la loi.

Il sera sous serment et il sera obligé de respecter les dispositions de la charte de la transition. Je crois que c’est quelque chose de positif. Les autres présidents qui ont fait des putschs et qui n’ont pas prêté serment, ne sont soumis qu’à l’autorité des armes, ils gouvernent en reposant leur pouvoir sur la force des armes. Ils deviennent eux-mêmes la loi et la référence pour la loi. Et le colonel Mamadi Doumbouya, lui, veut travailler différemment, il veut diriger la transition sous l’autorité de la loi. Parce que dans son serment, il va s’engager à appliquer et respecter les dispositions de la charte.

Alors, s’il ne le fait pas, il doit être sanctionné pour parjure. Donc, il s’impose sur lui-même par la force de la loi, la mise en œuvre minutieuse de toutes les dispositions de la loi. Également, il s’oblige avec ce serment, de discuter avec toutes les forces vives et de trouver de commun accord un chronogramme adapté à notre contexte. Je pense que c’est quelque chose qui est rassurant par rapport à la bonne conduite de la transition », a dit l’ancien président de l’institution nationale indépendante des droits de l’homme (INIDH).

Propos recueillis par Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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