Donka : conflit domanial ou magouille de fonctionnaires à la recherche d’argent ?

Hadja Aye Barry, victime d'expropriation à Donka

Mme Barry Hadja Aye Bobo a occupé plusieurs fonctions sous la première et la deuxième République, dont celles de d’assistante particulière du président Ahmed Sékou Touré. En 2020, elle a été victime d’expropriation illégale d’une partie du domaine qu’elle occupe depuis ses années de service dans la cité ministérielle de Donka. Elle accuse un ancien ministre et son épouse d’avoir comploté avec le ministère de la ville et de l’aménagement du territoire pour lui retirer cette portion de terre. Rencontrée par un journaliste de Guineematin.com, cette fonctionnaire à la retraite est revenue longuement sur ce dossier, attirant l’attention des nouvelles autorités du pays sur l’injustice dont elle est victime.

Décryptage !

Guineematin.com : vous avez été victime d’expropriation d’un domaine à votre domicile, ici à Donka. Expliquez-nous ce qui s’est passé.

Hadja Aye Barry, victime d’expropriation à Donka

Hadja Néné Aye Bobo Barry : depuis la première  République, je n’avais jamais vu des gens être soutenus par un pouvoir dans l’injustice, dans l’arbitraire, comme ça a été le cas cette fois-ci. J’ai un voisin, l’ancien secrétaire d’Etat à la sécurité, Amadou Camara, qui est marié à une deuxième femme du nom de Marie Ayoub, qui occupe la villa derrière chez moi. Cette femme est venue chez moi et me prier de lui donner deux mètres dans mon domaine pour qu’elle puisse augmenter son annexe où se trouvent ses marchandises. J’ai dit : Marie, chaque fois que tu viens chez moi, tu t’arranges pour qu’on parte dans le jardin puisque tu aimes être là-bas avec moi. C’est maintenant que je comprends que ce n’était pas gratuit, tu voulais avoir quelque chose par là-bas. 

J’ai dit que je ne peux pas déplacer les bornes, parce que cette cité est lotie depuis bien avant l’indépendance. La première République n’a pas touché, la deuxième n’a pas touché et c’est maintenant avec la troisième République que tu veux qu’on enlève les bornes pour qu’on te donne deux mètres ? Si on te donne deux mètres ici, il ne restera plus rien dans le jardin. En plus, il y a des arbres fruitiers qui nous servent d’ombre et que toi-même tu utilises et même d’autres voisins bénéficient de ces fruits. Après cela, elle est allée voir un de mes neveux qui est venu me voir. Quand j’ai montré les bornes, il a dit non, tu ne peux pas déplacer ces bornes, parce que si tu donnes deux mètres, il ne te restera plus rien par là-bas. Il est allé lui rendre compte. 

Finalement, la dame m’a contournée pour aller voir le patrimoine bâti, voir le Directeur général, Mohamed Lamine Yayo, qui a envoyé 12 personnes pour voir si ce que Marie Ayoub leur a dit, c’est-à-dire que le domaine fait partie de sa place, était vrai. Ces fonctionnaires sont venus voir et sont allés rendre compte à Yayo pour dire que c’est faux, les deux parcelles sont voisines mais Marie Ayoub a menti. Finalement, ils se sont dits pourquoi ma parcelle fait 1.600 mètres carrés et que leur parcelle fait 1100 mètres carrés. Elle a marché et démarché. Finalement, c’est l’adjoint de Yayo, le nommé Mounir Cissé, qui est aussi commissaire comme Amadou Camara (l’époux de Marie Ayoub), d’aucuns disent d’ailleurs que c’est Amadou Camara qui l’aurait recruté dans la police, qui a pris la relève. Et c’est lui qui a décidé de m’enlever cette partie pour la donner à Marie Ayoub. Il m’a convoquée pour dire qu’il aimerait que je cède au patrimoine cette partie pour faire une bibliothèque. Au rendez-vous, il est venu en retard pour dire : j’étais avec le président de la République.

Guineematin.com : le président Alpha Condé ?

Hadja Néné Aye Bobo Barry : oui, le président Alpha Condé. Mounir Cissé m’a convoquée pour que je cède cette partie à l’Etat pour faire une bibliothèque. Mais, en sortant, un de ses collaborateurs m’a appelée, il a dit : ne donne pas, c’est Marie Ayoub qui est derrière cette affaire et ce n’est pas pour faire une bibliothèque. J’ai demandé aux gens de l’Harmattan est-ce qu’ils envisageraient de faire une bibliothèque à Donka, ils ont dit non. L’UNESCO aussi n’envisagerait pas de faire une bibliothèque là-bas. Si c’était pour une action éducative comme celle-là, j’aurais peut-être essayé de trouver un espace pour construire cette bibliothèque. Mais, quand j’ai su que c’était une manœuvre dilatoire pour donner la partie à Marie Ayoub qui veut construire des boutiques, comme elle ne sait faire que ça, acheter et vendre, j’ai dit non, ça ne se fera pas. 

Depuis lors, Mounir Cissé a continué à m’écrire, à me harceler. Tantôt il dit que c’est le bien de l’Etat, il veut récupérer la partie. Il m’a envoyé une correspondance pour dire qu’ils sont en train de récupérer les espaces de l’Etat. Qu’ils vont m’envoyer une mission pour essayer de délimiter l’espace qu’ils veulent prendre. Entretemps, un ancien ministre de l’habitat, saisi de cela, a immédiatement écrit à Dr Diané (alors ministre de la Défense nationale et au ministre de l’habitat, Dr Ibrahima Kourouma, pour rappeler que le patrimoine bâti ne gère pas les terrains. Il ne gère que les bâtiments administratifs.

Donc, quand il a vu cela, il était bloqué et ne savait pas exactement ce qu’il devait faire. Il est allé se coller à Mamma Camara, l’actuel secrétaire général du ministère de la ville et de l’aménagement du territoire avec qui, il a concocté encore des scénarios pour dire qu’il y a un conflit domanial à Donka. Non, il n’y a pas de conflit domanial ici. Les plans de chez Amadou et le plan de chez moi sont clairs et complètement différents. Ils ont monté de toutes pièces ce conflit domanial à Donka. Donc, Mamma Camara a aussi envoyé une mission sur le terrain le 4 mars 2020 avec un ordre de mission numéro 0058 MVAT/CAB/DOCAD/2020 du 25 février 2020. Cette mission est venue le 4 mars 2020. J’ai téléphoné à Elhadj T.T qui était ministre d’Etat, conseiller du président de la République parce que lui, il essayait quand même de régler certaines injustices autour de son président. 

Ce dernier a téléphoné à Mohamed Mamma Camara pour dire : qu’est-ce que vous êtes en train de faire ? Laissez cette dame tranquille. Elle a suffisamment travaillé pour l’Etat, donc laissez-là se reposer. Il a dit : je vous donne son numéro, téléphonez et enlevez l’équipe que vous avez mise sur place, parce que j’ai le dossier en main. Mamma Camara prend mon numéro avec Elhadj et il m’appelle. Il dit : Hadja, mon papa vient de m’appeler et je ne savais pas que vous étiez en règle, parce que ce qu’on m’a dit pour qu’on envoie cette mission, c’est faux. Il a dit : donnez-moi le chef de mission qui se trouve sur le terrain. J’ai pris le téléphone pour le donner au chef d’équipe des géomètres. Il leur a dit de mobiliser leurs hommes pour qu’ils quittent le terrain, parce que la mission est annulée. Donc, les gens se sont repliés. 

Quand j’ai repris le téléphone, Mamma m’a dit : Hadja, la demande d’Amadou Camara pour récupérer ce domaine, c’est nul et non avenue. J’ai dit que ce n’est même pas Amadou, mais sa femme Marie  Ayoub qui veut faire des boutiques. Amadou est assis, il est aveugle, mais il est en train de démarcher pour sa femme. Tout l’argent qu’il a eu à la sécurité, c’est à la disposition de cette femme. J’ai dit : laissez-moi tranquille. Marie Ayoub a suffisamment de biens à Conakry ici et à l’extérieur pour convoiter ce petit lopin de terre. Mamma Camara a dit : je vous répète que c’est nul et non avenue. Ça, c’était le 4 mars 2020. Le 9 mai, le matin, on dormait, quand on a entendu le bruit des branches qu’on coupait derrière la maison. On se lève brusquement et on voit beaucoup de personnes  dans la cour en train de couper les arbres.

Guineematin.com : des arbres fruitiers ?

Hadja Néné Aye Bobo Barry : oui, les arbres fruitiers qui étaient sur le domaine en question. J’ai dit : mais, qu’est-ce que vous êtes en train de faire ? Vous avez un ordre de mission ? Ils disent : nous sommes envoyés par le ministre de l’habitat, Dr Ibrahima Kourouma. J’ai dit : où est l’ordre de mission ? Ils m’ont donné un document des jardins botaniques avec pour objet : demande d’abattage et élagage de manguiers. J’ai dit : mais, ça c’est un chef de service espaces verts et élagage. C’est adressé à Mme Camara où il est demandé de payer les dégâts que vous êtes en train de faire sur mon terrain. Ils disent non, c’est le terrain de Mme Camara. L’autre lettre était adressée à Amadou Camara pour dire qu’il faut payer ce qu’on est en train de casser. C’est une lettre avec pour référence 005/DNEF/SJB/ 2019 des jardins botaniques. J’ai dit que ce n’est pas possible. 

Alors, j’ai téléphoné à un ancien ministre de l’habitat aussi, dont je vais taire le nom, qui était conseillé à la présidence. Je lui ai dit qu’il y a des gens qui sont en train d’abattre les arbres. Lui, il envoie des gendarmes pour récupérer les engins qui coupaient les arbres. Entretemps, ces gens aussi ont téléphoné à Dr Ibrahima Kourouma (alors ministre de la ville et de l’aménagement du territoire) qui, à son tour, a téléphoné à l’ancien ministre pour dire : attention, ne bloque pas les machines, parce qu’il s’agit de l’autorité. Alors, l’ancien ministre m’appelle pour dire : je suis obligé de rendre les machines, parce qu’il parait que c’est l’autorité. Il a dit : laisse-les prendre ce qu’ils veulent prendre pourvue qu’il te reste quelque chose. J’ai dit : c’est ce que tu me conseilles ? Je ne comprends pas. Si tu as peur pour ton poste, merci. Sinon, je pensais que tu défends la légalité, la justice et le droit. Tu connais ici, tu as les documents.

Guineematin.com : vous avez dit ça à l’ancien ministre, qui était alors conseiller à la présidence ?

Hadja Néné Aye Bobo Barry : effectivement. Finalement, il a rendu les machines et il n’a même pas osé venir voir ce qui s’était passé sur le terrain.  Mieux, il est allé s’excuser à la présidence pour m’avoir aidée. Par la suite, quand je suis intervenue à la télévision Gangan, il m’a dit : je te conseille de ne pas t’adresser aux médias parce que si tu continues de le faire, moi, je n’interviendrai plus. J’ai dit que ce n’était rien, mais il faut que le monde sache ce qui s’est passé ici. Moi, j’ai toujours agi contre l’illégalité, l’injustice, l’arbitraire. Donc, ce ministre conseiller s’est mis à l’écart. Le lundi, 11 mai 2020, on m’appelle derrière la cour. Qui je vois ? C’est Dr Ibrahima Kourouma avec son staff, dont le même Mamma Camara, Secrétaire général de l’habitat, qui avait dit que la demande d’Amadou était nulle et non avenue, et commissaire Mounir Cissé, Directeur général adjoint du patrimoine bâti. 

Ils étaient en compagnie de gendarmes et de militaires, qui étaient nombreux au carrefour qui est en face de chez moi. On m’appelle et quand je viens, le ministre Kourouma me dit : on était venus pour vous dire que nous prenons de là à là. J’ai dit : mais, le 4 mars, voilà votre Secrétaire général qui m’avait dit que la demande d’Amadou était nulle et non avenue. Voilà, il est là avec vous. J’ai dit : si vous suivez Mounir Cissé, il est là et il y a longtemps qu’il me harcèle pour prendre cette parcelle et la donner à mes voisins. Mounir dit : si vous continuez à parler d’ailleurs, je vous donnerai trois mois de préavis pour vous vider d’ici. J’ai dit, Mounir, c’est si Dieu le veut. J’ai dit : monsieur le ministre, samedi déjà, des gens sont venus couper tous les arbres fruitiers qui étaient là. Moi, je plante beaucoup. J’ai dit : regardez la clôture, ce genre de clôture dans la cité, c’est le seul endroit où ça reste encore. 

Tous les autres ont construit des murs mais moi, j’ai gardé la clôture que j’ai trouvée parce que grâce à ça, il y a de l’air qui entre. Mais, les arbres sont tombés sur la clôture et nous sommes maintenant dans l’insécurité. Il (Dr Ibrahima Kourouma, ndlr) dit : mais, c’est moi qui ai donné l’ordre de les couper. J’ai dit : vous êtes devenus ministre de l’environnement pour venir couper des arbres chez moi ? Il dit : mais, ce n’est pas chez vous, c’est chez Amadou Camara. Je suis rentrée, j’ai pris les plans des deux parcelles : la parcelle de Amadou et ma parcelle. J’ai dit : si on a dit que vous avez fait casser chez Amadou, c’est faux, voici les deux plans. C’est là que j’ai compris qu’il (le ministre) n’avait aucun document, ils sont tombés sur moi comme ça. Dr Kourouma dit : pouvez-vous me prêter ces plans ? J’ai dit oui. Je lui ai donné les plans qu’il a donnés à son Inspecteur général, qui est allé photocopier et venir me rendre les copies. 

J’ai dit : ce que je peux vous dire monsieur le ministre, vous ne connaissez même pas l’endroit, on est venu vous prendre comme ça. Je lui ai demandé de rentrer par le portail et j’ai dit : voilà les bornes fixées avant l’indépendance, voilà les grillages d’avant l’indépendance. Pour vous dire que le travail était bien fait, ces potelets-là existent encore. J’ai eu trois voisins avant Amadou Camara : il y a eu le capitaine Dioubaté et sa femme, le ministre Alafé Kourouma et sa deuxième famille, et Yansané qui était entraîneur de l’ASFAG et qui était marié à une blanche. Quand il est mort, sa femme est rentrée, ses enfants sont restés ici. C’est Amadou Camara qui les a sortis pour occuper la place. Donc, il est mon quatrième voisin. Jusqu’ici, les anciens voisins viennent me voir tellement qu’on avait de bonnes relations. Il n’y a jamais eu de problèmes avec ces familles. 

Dans le voisinage, on a une association où on rend vraiment service. J’ai dit que c’est la première fois que je vois un voisin qui tente de s’accaparer indument, injustement des biens qui ne lui appartiennent pas, tout simplement parce qu’il veut faire plaisir à sa femme qui veut construire des boutiques. Des boutiques commerciales dans une cité résidentielle. Le ministre n’a pas répliqué. J’ai dit : on vous a induit en erreur, parce que vous n’êtes même pas informé. Dès qu’on vous dit telle chose, vous prenez la machine et la voiture, vous venez tomber sur les gens sans sommation, sans information, sans rien. Ils sont sortis, lui et Mounir Cissé, se sont embarqués dans la même voiture. Les autres voitures de leurs cadres ont suivi et ils sont partis. Quand ils sont partis, les gens sont venus casser le mur pour faire rentrer un camion pour déposer les agrégats. Ils ont démoli complètement cette arrière-cour et cette dame Ayoub a profité pour envoyer des loubards pour casser les potelets pour qu’il n’y ait plus de trace de bornes. Il y avait des policiers, des militaires et des gendarmes.

Guineematin.com : ces agents étaient présents pendant qu’on cassait votre mur ?

Hadja Aye Bobo Barry : bien sûr. C’est là que j’ai compris pourquoi les gens se rendent justice. Parce qu’il arrive des moments où vraiment, l’Etat est absent et l’autorité est complice de certains mauvais actes. Ceux qui ont eu à bénéficier de certains attributs de l’Etat, tels que les décrets et autres, ont failli à leur mission. Mais, je ne regrette pas le fait je ne me suis pas rendue justice, parce que ni ma famille, ni les fonctions que j’ai occupées jusqu’ici ne me permettent d’aller faire des choses comme ça. Le 12 mai, c’est le ministre, Dr Ibrahima Kourouma, qui envoie son secrétaire général, Mamma Camara, pour dire qu’ils viennent mettre un mur de 15 rangées de briques. Il a supervisé le travail des maçons. Il était là et il m’a dit : je vous conseille de rester tranquille. 

Si vous ne restez pas tranquille, ce que vous aurez, ça sera plus que ça. Moi, c’est un conseil que je vous donne, c’est le ministre qui m’a envoyé pour faire ce travail. J’ai dit : il vous a envoyé pour casser même les escaliers pour coincer la maison et récupérer ma petite annexe que j’ai construite moi-même ? A partir de là vous avez pris jusqu’au fond là-bas et vous dites que c’est le ministre qui vous a envoyé ? Même si c’est lui qui vous a envoyé pour mettre le mur, mais il ne vous a pas envoyé pour casser mes escaliers. Il a dit : moi, c’est un conseil que je vous donne. Je vous assure, les briques, le sable, le ciment, il allait les chercher chez Marie Ayoub. Il rentrait chez elle et sortait.

Et c’est la sœur de Marie Ayoub qui amenait le repas, l’eau glacée pour les travailleurs. C’est la nuit que les camions faisaient entrer le sable et les agrégats, mais les briques sortaient de chez Marie Ayoub pour construire ce mur. Qu’est-ce que cela veut dire ? C’est la première fois que je vois un ministère de l’habitat et ses services techniques venir construire un mur. Mais, c’est les travailleurs d’Amadou Camara qui ont cassé des bornes. Un des casseurs, Kazmir Koundouno, a été condamné au tribunal de Conakry 2 à un an d’emprisonnement avec sursis, mais la Cour d’appel de Conakry, par un arrêt de M. André Céphalo Léno, a infirmé le jugement de Conakry 2. Quand j’ai été adjointe au gouverneur de la ville de Conakry, j’ai assisté à des lotissements de cette ville. Je sais qu’en cassant une borne, c’est un délit. J’ai porté plainte contre Amadou Camara et sa femme, le dossier dort depuis 2019 au tribunal de Conakry 2 avec le procureur et ses services. Qu’est-ce qu’on peut dire ? On ne peut pas compter sur la justice. Le dossier qui a été confié aussi au ministre de la justice n’a pas évolué.

Guineematin.com : le ministre de la justice, c’était Me Mory Doumbouya ?

Hadja Aye Bobo Barry : oui, c’était lui. Il était au départ agent judiciaire de l’Etat et c’est à lui qu’on a confié le dossier avant qu’il ne soit nommé ministre par le président de la République. Ses collaborateurs ont travaillé sur ledit dossier, mais jamais un résultat n’est sorti de ça, jusqu’à ce que ce pouvoir d’Alpha soit tombé. Et moi, je me réjouis personnellement de ce qui s’est passé grâce à cette junte. J’espère que ces militaires sauront mettre en place une structure pour lutter contre l’injustice, l’arbitraire et créer un service dynamique contre toute impunité. Que les citoyens Guinéens soient placés à la même enseigne. Qu’il n’y ait pas des citoyens protégés par l’Etat et d’autres qui ne le sont pas. A l’heure actuelle, c’est des policiers du ministère de la sécurité qui sont chez  Amadou Camara et que sa femme utilise pour faire des dégâts chez les autres. Des policiers payés par les citoyens, par l’Etat. Ce n’est pas normal. C’est tout simplement parce qu’Amadou a encore des complices  dans ce ministère.

Guineematin.com : quel est le message que vous lancez aux nouvelles autorités, à travers le colonel Mamadi Doumbouya, qui a déclaré que la justice sera désormais la boussole qui va guider tous les citoyens en Guinée ?

Hadja Aye Bobo Barry : je me réjouis d’abord de leur arrivée, comme beaucoup d’autres Guinéens. Quand on voit l’engouement populaire après leur arrivée, on voit que les Guinéens en avaient marre. Je souhaite que ce qu’il a dit reflète ce qu’il aura à faire et qu’il ne se laissera pas encenser par certaines sirènes qu’on connaît dans ce pays. J’espère qu’il sera très vigilant dans les personnes qu’il aura à nommer et j’espère que ces gens auront à remplacer franchement ceux qu’on a vu faire du n’importe quoi dans ce pays. Il y avait une complicité entre les gens, les ministres se tenaient pour faire du mal. Tel ministre fait du mal, l’autre est informé et ils se couvrent. Il y a une femme ministre à qui je faisais beaucoup confiance, parce qu’elle est valable sur le plan technique. On s’est rencontrées et elle m’a dit : ma sœur, tu es brimée, c’est vrai ; c’est injuste, c’est vrai, mais tu penses que Mory Doumbouya prendra ton dossier pour aller baver sur le ministre de l’habitat ? 

Tu penses qu’il va le faire ? Alors, tu te trompes. J’ai dit : mais, c’est toi qui me dis ça ?  Toi tu es assez proche de lui pour attirer son attention, parce que quand tu veux qu’un système dure, il faut oser dire au chef ce que les autres n’osent pas lui dire. Parce que le chef ne voit pas souvent ce qui se passe derrière sa nuque. Moi, j’ai travaillé avec le président de la République, Ahmed Sékou Touré. J’ai été son assistante. Il y a des choses que les gens n’osaient pas lui dire que je lui disais. Parfois, il se fâchait mais quand il réfléchissait, il m’appelait et disait : tu as raison. Parfois, il te remerciait pour avoir attiré son attention sur quelque chose qui n’était pas bon. L’injustice, quand on peut, il faut la combattre. Donc, j’ai été moulée dans ça. Dans ma famille d’abord, à Dalaba, avec mon père, qui m’a toujours soutenue. Alors, j’ai grandi dans ça. Qu’on m’aime ou qu’on ne m’aime pas, j’essaie de rester dans cette position.  

Guineematin.com : avez-vous un dernier mot pour clôturer cette interview ?

Hadja Aye Bobo Barry : je souhaite que la junte réussisse surtout à améliorer la situation de ce pays dans tous les domaines. Et il faut faire très attention avec certains secrétaires généraux tels que celui de l’habitat. Vous avez vu ce qui s’est passé chez moi ici où il est venu construire un mur de 15 rangées de briques en une journée. Peut-être que d’autres secrétaires généraux sont corrects, mais il faut que le colonel Doumbouya fasse très attention. Je lui souhaite bonne chance et j’espère qu’ils vont réussir. C’est pour le bien-être et le mieux-être de la population guinéenne.

Interview réalisée par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622680041

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