Crise politique en Guinée : ce que Fodé Oussou a dit à Soglo et Jonathan

Dr. Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’UFDG

La délégation internationale conduite par les anciens présidents du Nigeria, Goodluck Jonathan et du Bénin, Nicéphore Soglo, poursuit sa mission entamée il y a quelques jours en Guinée. Après avoir rencontré la mouvance et l’opposition, les membres de la délégation se sont rendus hier, mercredi 11 décembre 2019, à l’Assemblée nationale. Ils ont discuté avec le bureau du Parlement autour de la crise politique liée au projet de changement de la Constitution qui ouvrirait au président Alpha Condé la voie à un troisième mandat.

Interrogé par un journaliste de Guineematin.com, Dr Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’UFDG et président du groupe parlementaire Libéral-Démocrate à l’Assemblée nationale, est revenu sur le contenu des échanges. « Ils (les membres de la délégation internationale, ndlr) sont venus rencontrer le Parlement guinéen, en tant que temple de la démocratie, pour demander qu’est-ce que nous avons fait dans cette affaire de crise pour éviter que la Guinée ne tombe dans une instabilité qui pourrait affecter toute la sous-région. Parce qu’on considère que le deuxième pouvoir dans un pays, c’est l’Assemblée nationale.

Mais évidemment, Kory Kondiano (le président de l’Assemblée nationale, ndlr) ne pouvait donner aucune bonne réponse à cette question. Il ne pouvait donner aucune réponse dans la mesure où depuis qu’il est président de l’Assemblée nationale il y a 6 ans, il n’y a jamais eu même une enquête parlementaire en direction du gouvernement. Il ne pouvait pas répondre à cette question parce qu’il sait que toutes les institutions de notre pays y compris l’Assemblée nationale, sont inféodées à un homme qui est monsieur Alpha Condé.

Kory sait que le Parlement guinéen n’a jamais joué son rôle, il sait que le mandat même de l’Assemblée nationale a été prorogé sans demander son avis, sans donner les bonnes raisons pour lesquelles on devait proroger ce mandat, sans qu’on explique pourquoi le gouvernement refuse d’organiser les élections à bonne date. Donc il est passé à côté de la réponse parce qu’il n’avait rien à dire par rapport à ça », a indiqué le parlementaire.

Il ajoute qu’après l’intervention du président de l’Assemblée nationale, la parole est revenue aux autres membres du bureau du Parlement. Et chacun a apporté des explications sur la situation actuelle du pays. « Personnellement, je me suis adressé aux chefs d’Etats en disant qu’ils sont des exemples pour le continent africain et pour le monde entier. Parce qu’ils ont accepté de respecter la démocratie dans leurs pays et ils ont montré qu’il y a une vie après la présidence. Je leur ai dit ensuite que le problème de la Guinée, ce n’est ni Paul ni Pierre.

Le problème de la Guinée c’est monsieur Alpha Condé. Il a prêté serment sur une Constitution en 2010 et en 2015 en tant que président de la Guinée. Et comme il veut s’éterniser au pouvoir, il demande aujourd’hui de jeter cette Constitution et faire une nouvelle. Et je suis convaincu qu’ils auront effectivement le courage d’aller dire la vérité à monsieur Alpha Condé pour qu’il accepte de partir dans l’honneur et la dignité à la fin de son second mandat, pour qu’il évite de faire sombrer ce pays », a dit Fodé Oussou Fofana.

A noter qu’après l’Assemblée nationale, la délégation dirigée par les anciens chefs d’Etats Goodluck Jonathan et Nicéphore Soglo s’est rendue également à la CENI. Elle a échangé avec les responsables de l’institution électorale sur le processus d’organisation des élections législatives du 16 février 2020, notamment l’opération d’enrôlement des électeurs et de révision des listes électorales, en cours et qui suscite beaucoup de polémiques. Elle va tenter aussi de rencontrer le président Alpha Condé pour échanger avec lui sur toutes ces questions.

Alpha Fafaya Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 628 12 43 62

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