Kankan : vers la libération de l’imam Nanfo Diaby ?

On s’achemine peut-être vers la libération de Nanfo Ismaël Diaby, l’imam qui dirige la prière en langue maninka, qui est détenu depuis près de cinq mois à la maison centrale de Kankan. Au cours de son procès en appel qui s’est tenu ce mardi, 05 octobre 2021, le parquet général de Kankan a demandé la réduction de sa peine et sa condamnation au temps mis en prison. La défense, elle, a réclamé la relaxe pure et simple de son client, rapporte le correspondant de Guineematin.com dans la ville.

Vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon de couleur cendre, Ismaël Nanfo Diaby est apparu, comme d’habitude, serein. A son arrivée à la cour d’appel de Kankan, le guide spirituel de la confrérie « Djèdèkolobaaya » a salué les membres de sa famille et ses partisans, venus assister à son procès en appel. A la barre, le célèbre imam a maintenu la même position qu’il avait en première instance : il rejette en bloc les mis à sa charge. Ismaël Nanfo Diaby a même fondu en larmes en répondant aux questions du président de la chambre correctionnelle de la cour d’appel de Kankan. Il dit être victime d’injustice, en passant cinq mois en prison pour avoir tout simplement prié dans sa langue : le maninka, plutôt qu’en arable (la langue du coran).

Mais, contrairement au prévenu, le procureur, lui, assure que Nanfo Diaby est effectivement coupable des faits de trouble pour lesquels il a été condamné en première instance. Toutefois, Ibrahima I Camara demande la réduction de sa peine, c’est-à-dire sa condamnation au temps déjà passé en prison. « Monsieur le président, qu’il vous plaise de retenir Nanfo Ismaël Diaby dans les liens de la culpabilité pour manquement aux dispositions des articles 698 et 991 du code pénal. Nous considérons que pour cette première fois, il a appris la leçon, c’est pourquoi nous demandons qu’il vous plaise de le condamner au temps mis en prison », a requis le procureur.

De son côté, Me Mohamed II Kourouma, un des avocats de Nanfo Diaby, a rejeté les réquisitions du parquet général. Il a demandé la libération pure et simple de son client qui, dit-il, n’a commis aucune infraction. « Mon client est victime de sa foi religieuse, il a été agressé ici, sa mosquée a été détruite. Il a porté plainte, cela n’a pas prospéré. Après, on l’a arrêté pour des motifs qu’on ne comprend pas. Nous vous demandons de le renvoyer des fins de poursuite judiciaire. Il ne mérite pas d’être en prison. Il faut renvoyer le ministère public à mieux se pourvoir », a plaidé l’avocat de la défense.

Après avoir entendu toutes les parties, le président de la chambre correctionnelle de la cour d’appel de Kankan, Elhadj Mahmoudou Camara, a renvoyé l’audience au mardi, 12 octobre prochain pour rendre sa décision. Après la publication de cet arrêt, Ismaël Nanfo Diaby pourrait recouvrer sa liberté. L’imam controversé a été arrêté le 13 mai 2021, alors qu’il dirigeait la prière de l’Aïd el fitr (la fête musulmane marquant la fin du ramadan) à son domicile, en compagnie de plusieurs de ses partisans. Le 26 mai, le TPI de Kankan l’a condamné à 12 mois d’emprisonnement dont 6 assortis de sursis et au paiement d’une amende de 500 mille francs.

N’étant pas d’accord avec cette décision, la défense tout comme le parquet du tribunal de première instance de Kankan ont interjeté appel.

De Kankan, Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com

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