Cellou Dalein sur les législatives : « la fraude qui a commencé ne passera pas »

Les dysfonctionnements qui entourent le processus d’enrôlement des électeurs continuent de susciter la colère des opposants au régime Alpha Condé. Ils accusent ouvertement le pouvoir et la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) de préparer une fraude au bénéfice du RPG Arc-en-ciel, le parti au pouvoir. Pour Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG et chef de file de l’opposition, la fraude ne passera pas. Il l’a dit à l’occasion de l’assemblée générale du parti, tenue ce samedi 07 décembre 2019, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans son intervention, Cellou Dalein a commencé par faire observer une minute de silence à la mémoire de feu Mamadou Saidou Diallo, âgé de 24 ans, atteint par balle à la tête vendredi soir, alors qu’il revenait de l’inhumation de 8 autres victimes du projet de 3ème mandat pour Alpha Condé. « Le bilan macabre de la répression des manifestations du FNDC aujourd’hui est de 23 jeunes, pour la plupart âgés de moins de 20 ans. Ils ont été abattus à bout portant par les forces de défense et de sécurité, dont les agents sont chargés d’assurer sans discrimination la sécurité de tous les citoyens. Ils sont à la base de la mort de plus de 128 jeunes guinéens qui étaient en train d’exercer leur droit de manifester dans les rues et sur les places publiques conformément aux dispositions de l’article 10 de notre constitution. Le drame, c’est qu’ils n’auront jamais droit à la justice sous le règne d’Alpha Condé. Le drame, c’est qu’un gouvernement de la République n’éprouve ni pitié, n’exprime ni compassion, ne diligente aucune enquête pour savoir dans quelles circonstances on a tué des citoyens, et qui est l’auteur du crime. Nous sommes dans la Guinée d’Alpha Condé qui se caractérise entre-autres par l’impunité totale, des gens qui tuent d’autres gens qu’on ne considère pas comme étant des citoyens de ce pays », a-t-il fustigé.

Parlant des couacs qui entourent actuellement la révision des listes électorales, Cellou Dalein Diallo a dit qu’il n’y a jamais eu d’élections transparentes depuis l’arrivée au pouvoir d’Alpha Condé en 2010. Selon lui, la fraude commence avant les élections, c’est-à-dire dans la phase de recensement des électeurs. « Partout dans les quartiers, des communes de Conakry, de l’intérieur, le matériel n’a pas été là au bon moment, les consommables manquaient, les pannes sont fréquentes. Les citoyennes viennent pour se faire enrôler en vue de sanctionner cette mauvaise gouvernance, mais ils n’arrivent pas à exercer ce droit de se faire enrôler. Des obstructions sont faites partout, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Au Sénégal, ils ont fermé, ils n’ont même pas commencé et madame l’ambassadeur a diffusé un communiqué signé d’elle, que c’est suspendu jusqu’à nouvel ordre ; et jusque maintenant, ils n’ont pas recommencé. A Abidjan, tout le matériel est arrivé, mais jusque-là on n’a pas pu le transporter. On dit que la CENI n’a pas envoyé d’argent. A Bruxelles, en Europe, même ceux qui sont enregistrés avec leur propre carte d’électeur, ils ne peuvent pas s’enrôler ; il faut qu’ils présentent un passeport biométrique en cours de validité », a-t-il dénoncé.

Pour Cellou Dalein Diallo, avec ces nouvelles exigences imposées aux électeurs de l’étranger, il n’y a aucun doute que le pouvoir veut à tout prix exclure les militants de l’opposition, notamment de l’UFDG. « Comment voulez-vous que les passeports biométriques qui ont été émis il y a seulement deux ans, qu’on ne trouve même pas dans les ambassades, soient exigés aux électeurs ? Aussi, tout le monde ne peut pas revenir à Conakry pour avoir un passeport biométrique. Il y en a qui ont des actes de naissance, délivrés par les communes, l’administration guinéenne, ce n’est pas valable, il faut avoir des passeports biométriques en cours de validité. Il faut qu’ils trouvent des moyens de vous exclure parce que la mauvaise gouvernance d’Alpha Condé aussi, c’est d’exclure une partie de la population, de la communauté nationale. (…) C’est voulu et organisé pour qu’il y ait un fichier taillé sur mesure, capable de donner une majorité absolue à Alpha Condé pour qu’à défaut d’un référendum, il fasse passer sa constitution par voie parlementaire. C’est cette fraude qui a commencé, mais je vais vous dire tout de suite que ça ne passera pas », a-t-il dit avec insistance.

Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

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