Audit du fichier électoral par des experts de la CEDEAO : ce qu’en dit Jacques Gbonimy

Jacques Gbonimy, président du parti UPG

Le fichier électoral guinéen est l’une des pommes de discorde entre le régime du président Alpha Condé et l’opposition. C’est pour apurer ce fichier que la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) a annoncé l’envoi de trois experts informaticiens pour assister la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) dans ce sens.

Joint au téléphone ce mardi, 03 mars 2020, par un reporter de Guineematin.com, Jacques Gbonimy, ancien commissaire à la CENI et président de l’Union pour le Progrès de la Guinée (UPG), soutient que la CEDEAO se trompe de mission et que le délai de dix jours n’est pas suffisant pour corriger toutes les anomalies.

Décryptage !

« Le problème du fichier électoral guinéen, toutes les anomalies qui sont dans ce fichier ne peuvent pas être travaillées par une équipe, quelle qu’elle soit, pendant dix jours pour dire que les anomalies vont être corrigées. Je crois que la CEDEAO se trompe un peu de mission parce que le problème guinéen n’est pas de venir seulement corriger le fichier au site central, c’est-à-dire que dans un laboratoire par des experts qui vont rester sur place pour faire des corrections.

Nous avons fait l’audit du fichier électoral en 2013 avec la participation de tous les experts internationaux et nationaux, de l’Union Européenne, du PNUD et de la Francophonie, plus les experts guinéens qui ont été désignés par les partis politiques et la société civile guinéenne. Ce travail est là et encore valable.

C’est l’audit du fichier qui a fait des recommandations fortes et la principale recommandation était que tous les électeurs passent devant la machine pour nous permettre d’extraire du fichier les cas de décès ou les cas de déplacement et ainsi de suite. Toute personne qui ne viendrait pas passer devant la machine est considérée comme une personne non existante. Aujourd’hui, la CENI a fait un simple contournement pour parler de fiches d’identification et ils ont recensé un nombre de personnes de 3 millions et quelques et sont allés ajouter. C’est ce qui fait que certains ont trois cartes, quatre ou cinq cartes d’électeur.

Donc, ce n’est pas de venir régler le problème du fichier au site central ou dans un labo, mais il s’agit de remettre à plat le fichier électoral. Donc, moi je m’attendais plutôt à une mission de haut niveau de la CEDEAO pour venir régler le problème politiquement d’abord, et ensuite techniquement. Tant que ce n’est pas réglé de cette façon, le problème restera toujours là. Il n’y aura aucune évolution et les mêmes causes vont produire les mêmes effets. »

Propos recueillis par Siba Guilavogui pour Guineematin.com

Tel : 620 21 39 77/ 662 73 05 31

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