Après Chantal Marshall Compaoré, au Burkina Faso, et Zénab Soumah Jammeh, en Gambie, une autre Guinéenne pourrait devenir première dame de la Côte d’Ivoire. Son nom est Aissatou Diallo, dont l’époux, Amadou Gon Koulibaly, le Premier ministre, vient d’être désigné comme candidat à la présidentielle d’octobre prochain par le RHDP (Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix).
Cette désignation, à la limite du plébiscite, met ainsi fin au doute et aux suspicions sur la volonté du président Alassane Ouattara de briguer un 3ème mandat. Fidèle parmi les fidèles du président sortant, Amadou Gon Koulibaly est de la prestigieuse aristocratie régnante Sénoufo du nord de la Côte d’Ivoire et d’une partie de l’actuel Burkina Faso.
L’idylle entre Amadou et Aissatou remonte à de longues années passées à Korhogo, la ville natale du premier, où le père de la seconde, Thierno Mamadou Tanou, s’installa avant d’élire domicile à Abidjan. C’est donc une longue tradition relationnelle qui deviendra par la suite fusionnelle avec le mariage religieux et civil scellé entre les deux pour le meilleur et pour le pire.
En parlant d’aristocratie, on peut relever avec aisance l’appartenance d’Aissatou Diallo à celle Kaldouyanké régnante sur le grand Diwal de Labé selon l’ascendance suivante : Mamadou Tanou eut pour père Alpha Mamadou Cellou Wora, fils de Mody Mamadou Dian Bantignel, fils d’Alpha Ibrahima Mawdho, fils de Mody Abdoulaye Wora, fils de Mody Mamadou Dian, qui eut pour père Thierno Mamadou Cellou, dit Karamoko Alpha, fondateur de Labé et de sa mosquée.
Parmi les frères et sœurs du père d’Aissatou Diallo, l’épouse du premier ministre ivoirien, on peut citer Alpha Saliou ; qui succéda à leur père Alpha Mamadou Cellou après le décès de ce dernier ; Capitaine Abdoulaye Wora ; le magistrat Elhadj Abdoul Ghadiri Wora ; Amadou Oury ; Hadja Rayhanatou, décrite comme étant l’une des plus belles filles du Fouta Djallon, qui fut mariée au chef de canton de Mali, Alpha Mamadou Cellou Dieng.
C’est à cette branche qu’appartiennent aussi les résistants à la pénétration coloniale, l’illustre Alpha Yaya Diallo et Thierno Ibrahima Ndama.
Pour rappel, le grand Diwal de Labé comprend, de nos jours, les préfectures de Labé, de Mali, de Lélouma, de Koubia, de Gaoual et de Koundara, en République de Guinée, le Ngâbou en Guinée-Bissau, et une partie de la Gambie. Madina Wora est une sous-préfecture de Mali.
Profondément attachée à ses valeurs familiales, Aissatou Wora Diallo était présente l’année dernière à la Ziara de son aïeul, Karamoko Alpha Mo Labé, et fut officiellement présentée à l’assistance. La fondation Karamoko Alpha Mo Labé éprouva un grand plaisir de voir une des arrières petites-filles de l’illustre aïeul être l’épouse du Premier ministre ivoirien, aujourd’hui en voie d’être le président de la République de Côte d’Ivoire. Au cours de cette ziara, Aissatou Wora eut droit à tous les honneurs et fut l’objet d’un accueil grandiose et chaleureux.
Femme simple, effacée, discrète et généreuse, Aissatou Wora est très présente dans les actions caritatives en Côte d’ivoire où elle a aussi mis en place l’association des descendants de Karamoko Alpha Mo Labé afin de raffermir les liens de famille entre eux et perpétuer le nom légendaire de leur aïeul.
Avec toutes ces qualités, on peut parier que le Premier ministre, Amadou Gon Koulibaly, le candidat du RHDP à la présidentielle d’octobre prochain, peut compter sur une compagne qui assure et qui rassure pour marcher sur le tapis rouge de la magistrature suprême ivoirienne.
Amadou Diouldé Diallo, Journaliste-historien
