Gambie : l’ex-dictateur Jammeh lance un pavé dans la mare de la campagne présidentielle

bie Yahya Jammeh

Lu pour vous ! L’ancien dictateur de Gambie Yahya Jammeh a dénoncé vendredi en exil l’accord conclu entre son parti et celui de l’actuel président en vue de la présidentielle de décembre, et a ordonné une alliance avec un autre parti.

Yahya Jammeh, s’exprimant via internet à l’attention de nombreux supporteurs rassemblés dans son village de Kanilai, a aussi ordonné le remplacement des responsables de son parti, l’APRC (Alliance for Patriotic Reorientation and Construction) qui avaient passé un accord avec le National People’s Party (NPP) de l’actuel chef de l’Etat Adama Barrow, selon l’enregistrement de ses propos diffusés par les médias et les réseaux sociaux.

Cette intervention dans une campagne dont le sort de l’ancien autocrate sera l’un des grands sujets rebat spectaculairement les cartes en vue de l’élection du 4 décembre.

Le secrétaire général de l’APRC, Fabakary Tombong Jatta, avait annoncé début septembre que son parti s’était entendu avec celui du chef de l’Etat en place pour soutenir ce dernier à la présidentielle.

« Tous ceux qui sont avec le NPP, je ne suis pas d’accord avec ça. Nous n’allons pas nous allier au NPP. Nous allons nous allier avec la GANU » (Gambia Alliance for National Unity), parti dirigé par son ancien ministre de la Justice, Sheikh Tijan Hydara, a dit Yahya Jammeh, qui vit en exil en Guinée Equatoriale depuis 2017.

L’alliance avait ulcéré les défenseurs des droits humains, à un moment où ce pays pauvre d’un peu plus de deux millions d’habitants attend de connaître les recommandations d’une commission qui s’est penchée pendant deux ans sur les crimes de l’ère Jammeh.

L’annonce d’un accord entre les deux partis début septembre avait laissé ouverte la possibilité qu’en cas de réélection de M. Barrow, Yahya Jammeh puisse rentrer d’exil sans être inquiété. Le président Barrow avait rendu la semaine passée une visite remarquée à la famille de Yahya Jammeh à Kanilai.

Mais l’accord a aussi provoqué la colère d’une partie des supporteurs du parti de l’ancien dictateur, dont bon nombre se sont rassemblés vendredi devant chez lui à Kanilai dans l’attente qu’il prenne la parole.

M. Jammeh a pris le pouvoir en 1994 lors d’un coup d’Etat militaire sans effusion de sang.

Il a gouverné d’une main de fer ce petit pays d’Afrique de l’Ouest jusqu’en janvier 2017, date à laquelle il s’est enfui en Guinée équatoriale après avoir perdu la présidentielle face à Adama Barrow, un relatif inconnu à l’époque.

La commission constituée sur les crimes de l’ère Jammeh a livré des témoignages glaçants sur des faits de torture avec l’assentiment de l’Etat, les agissements d’escadrons de la mort et le climat de terreur que faisait régner le dictateur, y compris parmi ses proches.

AFP

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