La marche de l’antenne du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) de Kindia a été empêchée par les forces de l’ordre ce jeudi, 5 mars 2020. Malgré la mobilisation des opposants à un 3ème mandat pour Alpha Condé, parés de leurs traditionnels t-shirt rouges et scandant des slogans hostiles au régime, la marche n’a pu avoir lieu. Les organisateurs se sont contentés de dénoncer la restriction des libertés individuelles et collectives avant de réaffirmer leur engagement à empêcher le 3ème mandat pour Alpha Condé, rapporte l’un des correspondants de Guineematin.com basé dans la préfecture.
Après plusieurs semaines sans signe de vie dans les rues de la capitale des agrumes, le FNDC de Kindia comptait battre le pavé ce jeudi pour exprimer son opposition à la nouvelle constitution qu’Alpha Condé veut faire voter par référendum. Les membres de la structure ont pris d’assaut la gare routière de Kania vers midi d’où devait partir la marche. Vêtus de t-shirts rouges avec le slogan Amoulanfé (ça ne marchera pas), les manifestants ont été complètement bloqués par les forces de l’ordre avant leur départ.
Kémo Mali Fofana, coordinateur du FNDC de Kindia, n’a pas caché sa désolation devant cet acte. « Vraiment, c’est une insulte de la part de tous les guinéens aujourd’hui qui sont épris de paix, de justice et de bonne gouvernance, surtout la promotion de la démocratie, de voir une armée au service du pouvoir en place. L’article 10 de la Constitution est très clair là-dessus en ce qui concerne la manifestation et le cortège. Donc aujourd’hui, on voit une justice avec deux poids-deux mesures. Lorsque le parti au pouvoir veut organiser des manifestations pour faire la promotion de la nouvelle constitution, même l’armée est fière d’être derrière ces faux cadres zélés, pour continuer à faire la promotion et de surcroît ce sont des gens qui n’adressent même pas une lettre d’autorisation à l’autorité.
Et nous, en tant que légalistes, si nous voulons manifester, nous adressons le courrier à la commune. Mais, à chaque fois qu’on envoie le courrier à la commune, elle donne une réponse négative. C’est pourquoi aujourd’hui, on a insisté de sortir. Si on allait nous arrêter, qu’on nous arrête tous. Malheureusement, vous avez vu plus de quatre à cinq pick-up composé de gendarmes et policiers pour nous intimider. On dirait que nous sommes des ennemis. Vraiment, c’est une déception de voir cette armée se comportée ainsi. Mais l’histoire continue à s’écrire. Si nous, nous quittons, ceux qui viendront derrière, vont la lire cette histoire. A un moment donné de l’histoire de la Guinée, on dira que l’armée était au service d’un clan qui voulait se maintenir au pouvoir », déclare Kémo Mali.
Malgré tout, Kémo Mali Fofana a laissé entendre que les manifestations contre le 3ème mandat se poursuivront. « Vous avez vu, nous avons confectionné plus de 40 pancartes pour exprimer tout ce qu’on voulait afficher comme communication. Si vous prenez aujourd’hui les tueries qui se passent en Guinée, les enlèvements, les emprisonnements, l’injustice et l’impunité… nous avons dénoncé beaucoup de choses, surtout la nouvelle constitution tombée de nulle part. Alors, Kindia dit non à la nouvelle constitution. Donc, voici entre-autres les différents crédos qui étaient sur nos pancartes pour exprimer à l’opinion nationale et internationale que nous sommes résolument engagés, farouchement contre ce projet satanique, suicidaire. »
Pour finir, le coordinateur du FNDC de Kindia lance un message aux forces de l’ordre. « Il faut que la police et la gendarmerie continuent à faire un examen de conscience parce que jusqu’à présent, nous sommes désolés de voir certains officiers de la police et de la gendarmerie qui ne connaissent pas la définition d’un attroupement illégal. Ils doivent savoir qu’il sont là pour le peuple et non pour le gouvernement », a-t-il lancé.
Rassemblés à la gare routière d’où devait partir la marche, les militants du FDNC ont été contraints par les forces de l’ordre à se disperser, sans incidents. Les activités commerciales restent paralysées au centre Sans-loyah
De Kindia, Mohamed M’bemba Condé pour Guineematin.com
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