Crise politique en Guinée : ce que Sidya Touré a dit à Ibn Chambas

Sidya Touré, président de l'UFR
Mohamed Ibn Chambas, représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel

Le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel poursuit sa nouvelle mission, entamée hier, mardi 10 mars 2020, à Conakry. Après avoir rencontré le chef de file de l’opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo, et le coordinateur national du FDNC, Abdourahmane Sano, Mohamed Ibn Chambas s’est rendu, ce mercredi 11 mars, chez Sidya Touré, le président de l’UFR. Les deux hommes ont échangé pendant une heure environ autour de la crise politique qui secoue la Guinée depuis quelques mois, a appris Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Au sortir de la rencontre, Mohamed Ibn Chambas a confié avoir discuté avec Sidya Touré notamment sur le récent report du double scrutin législatif et référendaire, qui était prévu pour se tenir le 1er mars dernier. Un report que le cadre onusien considère comme « opportunité pour les acteurs politiques et sociaux, en vue de rechercher des solutions consensuelles pour des scrutins apaisés et participatif ». C’est dans ce cadre d’ailleurs, souligne-t-il, que s’inscrit sa mission, qui lui permettra de s’entretenir avec les acteurs et les partenaires de la Guinée pour voir comment faire évoluer les choses positivement.

Sidya Touré, président de l’UFR

De son côté, Sidya Touré dit avoir abordé trois points au cours de son entretien avec le représentant du secrétaire général de l’ONU. « Premièrement, c’est la violence d’Etat contre les citoyens. Depuis le 15 octobre 2019, nous avons pratiquement plus de 40 personnes qui ont été tuées dans compter celles qui ont été mutilées. Et j’estime que la communauté internationale doit reprendre ce dossier, notamment au niveau des droits de l’Homme.

J’ai dit à monsieur Ibn Chambas que c’est de leur rôle, surtout qu’il y a une réunion qui est prévue, je crois à partir du 12 ou du 13 mars, avec le secrétaire général de l’ONU à Ouagadougou, et que cet aspect du problème doit être évoqué. Imaginez que la police tue deux opposants à Dakar, personne ne va dormir là-bas pendant trois mois. Ici on commence à banaliser le problème »

Deuxièmement, c’est les arrestations abusives et pratiquement avec la torture. Des gens sont arrêtés dans des conditions qui ne sont pas définies, avec des fois des gens qui sont encagoulés. Des gens qui, de fois, sont déportés à Soronkoni (un camp de concentration, selon les opposants, situé à Kankan). »

Le troisième point, ajoute le président de l’UFR, « c’est la mission des experts de la CEDEAO. Nous avons expliqué quelque chose qu’il (Ibn Chambas, ndlr) connait, parce que quelqu’un d’entre eux avait participé à l’audit du fichier électoral qui avait été effectué ici avec plus de 7 personnes mais aussi avec toutes les organisations, que ça soit l’OIF, les Nations Unies, l’Union européenne, on a rédigé un rapport consensuel qui a été distribué à tous.

Le fait de dire que ce rapport n’a pas été respecté, c’est ce qui a amené l’OIF à partir, ne permet de penser que 3 personnes peuvent arriver de la CEDEAO et qu’en dix jours, ils vont venir dire le contraire. Donc, j’estime que tout ce qu’on est en train de dire au niveau des experts, je trouve que ça n’a aucun sens (…) Donc je crois que les Nations Unies viennent de réaffirmer le caractère consensuel et inclusif des élections. C’est ce à quoi nous viendrons. Ce n’est pas à 3 personnes de venir changer quoi que ce soit à cela », a prévenu l’opposant.

Mohamed Ibn Chambas va poursuivre sa série de rencontres avec les autres acteurs de la crise politique guinéenne. Il devrait rencontrer notamment la mouvance présidentielle et la CENI.

Mamadou Bhoye Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel: 622919225 / 666919225

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