Abdoulaye Bah ne décolère pas : « Alpha Condé a commis une abomination »

Abdoulaye Bah, ancien détenu politique d'Alpha Condé

Au lendemain de sa sortie de prison, l’ancien président de la délégation spéciale de Kindia, Abdoulaye Bah a accordé une interview à Guineematin.com et à plusieurs médias étrangers accrédités dans notre pays. Fidèle à ses convictions, ce cadre de l’UFDG a martelé qu’Alpha Condé a commis une « abomination » vis-à-vis du peuple de Guinée.

Décryptage !

On vous retrouve chez vous en famille, est-ce que cette chaleur familiale vous a manqué ?

Abdoulaye Bah : évidemment, quand on a été injustement arrêté, on nous a mis au cachot à cause de nos convictions politiques et dans des geôles guinéennes, quand on retrouve la liberté et qu’on retrouve les siens, c’est un bonheur, une joie. Nous rendons grâce à Dieu, nous remercions nos parents qui nous ont mis au monde et qui nous ont éduqués. Nous remercions le peuple de Guinée, toute ethnie et toute religion confondues, et surtout vous les médias. On vous a suivi quand on était en prison et aujourd’hui, nous sommes libres de toute charge. Nous rendons encore grâce à Dieu et nous remercions tout le monde.

Est-ce qu’aujourd’hui on peut dire que monsieur Abdoulaye Bah sort de la prison ragaillardi, beaucoup plus engagé en politique qu’avant ?

Abdoulaye Bah, ancien détenu politique d’Alpha Condé

Abdoulaye Bah : Tout à fait. La prison, pour un homme politique qui défend des valeurs morales et légales fondées en démocratie, s’il est victime de l’injustice et qu’il fasse la prison, en revenant, il est rassuré qu’il est sur la bonne voie. Il était une menace pour ceux-là qui violaient les dispositions légales et morales du pays. Oui, Abdoulaye Bah revient ragaillardi, il revient déterminé avec modestie et humilité dans le cadre légal à continuer à combattre pour les valeurs démocratiques et morales pour son pays et pour ses concitoyens.

Vous devez votre salut à ces putschistes qui ont renversé Alpha Condé. Ils ont appelé à l’unisson, ils ont appelé tout le monde à se fédérer pour conduire cette transition. En tant qu’homme politique, vous y croyez et vous ne craignez pas un scénario à la Dadis ?  

Abdoulaye Bah : oui, en tant qu’humain, en tant que croyant, notre salut vient d’abord de Dieu qui nous a créés. Secundo, de leur prise de conscience de la décadence de la Guinée. Oui, nous avons bénéficié de leur largesse, de leur capacité à comprendre que la Guinée est dans l’abîme. Il (Mamady Doumbouya : ndlr) a dit quelque chose de très intéressant. Il a dit que le feu capitaine Rawlings du Ghana a dit ceci : lorsque l’élite politique civile faillit à sa mission d’unité nationale et de développement qui mènent au bonheur, l’élite militaire morale, car l’armée est morale, doit prendre sa responsabilité. La Guinée était dans cette situation. Cela étant dit, nous rendons grâce à Dieu qui nous a sauvés, à travers ce Comité National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD), vis-à-vis de la politique de destruction de monsieur Alpha Condé. Alpha Condé nous a causé du tort, il a tué nos enfants, des centaines de jeunes à la fleur de l’âge. Il a mis fin à des carrières, il a divisé la Guinée, la gabegie financière, l’administration inefficace, la justice et les forces de défense et de sécurité au service d’un homme. J’en passe les meilleurs. Si le colonel Mamady Doumbouya et ses collègues du CNRD prennent conscience de leur responsabilité face à la patrie, nous devons leur dire bravo et félicitations. Car, lorsque vous avez une victime et un bourreau et qu’il n’y a pas un sauveur entre les deux, c’est le malheur qui va continuer à frapper la victime en psychologie. Nous sommes très contents et nous l’encourageons à tenir parole ; car, ce qui est arrivé à monsieur Alpha Condé, c’est le parjure. Dieu n’aime pas que vos engagements, vos serments soient violés. C’est dans le saint coran, dans la Tora, dans la bible et dans l’évangile. Dieu dit que c’est une abomination de se parjurer, de ne pas respecter ses engagements. C’est moral. Donc, ce qui lui est arrivé devait arriver et c’est arriver à Blaise Compaoré, à Yaya Jammeh, à Laurent Gbagbo, etc.

Comment on vous a traité en prison, parce qu’on vous avait libéré sous condition et peu de temps après on vous a fait retourner ?

Abdoulaye Bah : moi je suis de Kindia. On nous a arrêtés et pour un début, on nous accusait d’avoir des industries de fabrication d’armes de guerre et sophistiquées. Pendant 10 mois, on n’a pas vu une aiguille encore moins une lame. Et puis, on nous accorde une liberté sanitaire et j’ai dit ce que je pensais et qui était la vérité dans une vidéo qu’un jeune a publiée. Et, j’assume mes propos. J’ai dit que le président élu démocratiquement à travers l’élection du 18 octobre, avec preuve à l’appui, c’est monsieur Mamadou Cellou Dalein Diallo et qu’Alpha Condé, sur la base des dispositions de l’article 27 de la constitution de mai 2010, est un ancien président et que nous devons continuer la lutte démocratique légale. Il m’a ramené en prison ; et pour cela, je n’ai pas frémi. Je suis un homme politique qui fait de la politique en connaissance de cause. Une fois en prison, il y a eu des restrictions de mes mouvements de la cellule vers la grande cour et de la mosquée. Pendant une semaine, j’étais entre la cellule et la petite cour. Le secteur de la prison où on était, c’était la cale mineure. C’est la partie où il y a beaucoup de mineurs. Beaucoup de jeunes sont là-bas, il faut les sauver. La moindre infraction, on vous envoie en prison, vous volez un téléphone qui coûte 100.000 francs, le procureur vous envoie en prison, vous restez 3,4 à 5 ans et on vous oublie. Vous volez un pneu de moto, on vous envoie en prison et on vous oublie. Il y a des centaines de jeunes comme ça dans cette cale mineure ; il faut y penser. Nous sommes des témoins vivants de cette situation. Donc, en prison, lorsqu’ils ont restreint mes mouvements, mes avocats : Me Traoré et Me Béa étaient informés. Ils ont remonté l’information, il y a eu un battage médiatique. Et, après, ils ont levé les restrictions après une semaine et j’ai continué mes mouvements normalement. Je n’ai pas été battu, je n’ai pas été insulté, je n’ai pas été maltraité. On m’a arrêté dans le bureau de monsieur Charles Victor Maka qui est le directeur national des prisons en Guinée et on m’a ramené en prison, parce que j’ai tenu des propos sur la base de la vérité des urnes. Et, tant que cette vérité ne sera pas respectée en Guinée, nous serons tous dans l’immobilisme. Ce n’est pas souhaitable.

Propos recueillis et décryptés par Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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