Situation des détenus politiques : Alpha Condé « a donné des instructions très fermes… » (Tibou Kamara)

Au cours d’un point de presse qu’il a animé ce jeudi, 6 mai 2021 (le premier depuis sa nomination  en tant que porte-parole du gouvernement), Tibou Kamara s’est exprimé sur la situation des détenus politiques en Guinée. Le ministre d’Etat de l’Industrie et des PME a annoncé que le gouvernement souhaite que ce dossier soit rapidement clôturé. Et en attendant, dit-il, le président Alpha Condé a donné des instructions fermes quant au respect des droits des prisonniers, a  constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Cela fait six mois que de nombreux responsables et militants de l’opposition, arrêtés au lendemain de la présidentielle du 18 octobre 2020, croupissent en prison sans jugement. Une situation accablante pour les autorités guinéennes, critiquées de toutes parts et accusées d’utiliser la justice pour éteindre toutes les voix discordantes. Des accusations face auxquelles le nouveau porte-parole du gouvernement a tenté de se défendre au cours d’un point de presse qu’il a animé ce jeudi 6 mai 2021, à Conakry. Tibou Kamara assure que l’exécutif lui-même souhaite une issue rapide de ce dossier, mais il ne peut pas piétiner l’indépendance de la justice.

« En tant que gouvernement, nous avons le souhait, même si nous ne disposons pas de pouvoir de pression sur la justice, nous exprimons le vœu que les procédures qui sont en cours soient rapidement instruites et qu’elles aboutissent à un procès qui permettra d’édifier l’opinion autour des faits qui leur sont reprochés.  Je pense que cela est d’autant plus important que vous le savez, le président de la République lui-même dans son passé d’opposant, d’homme politique, a été confronté à la même situation de l’indépendance de la justice, des difficultés à concilier parfois les droits politiques de l’autorité et de la justice.

Nous souhaitons donc que le procès connaisse une issue rapide. Qu’il se tienne déjà. Mais malheureusement, ce n’est qu’un vœu que nous pouvons exprimer parce que la justice est très jalouse de son indépendance et les magistrats de leur autonomie et de leur autorité. Mais il est vrai que c’est une situation qui préoccupe, que les dossiers qui sont en instance ne puissent pas aboutir à un procès rapide qui puisse éclairer la lanterne du public à propos des faits qui pouvaient leur être reprochés », a déclaré le ministre d’Etat, ministre de l’Industrie et des PME.

En attendant le jugement des opposants détenus, Tibou Kamara indique que le président Alpha Condé a donné des instructions fermes quant au respect de leurs droits. « Le chef de l’Etat, je peux vous le dire, a donné des instructions très fermes parce que cela relève de sa compétence et de son autorité pour que leurs droits soient garantis et que leur dignité soit défendue et préservée pendant ces moments de détention. C’est ainsi que le ministre de la justice a reçu l’instruction qu’il y ait un suivi médical des détenus et s’ils le souhaitent eux-mêmes qu’ils puissent bénéficier des services de leurs médecins personnels qui, peut-être, ont plus l’habitude de les suivre et aussi leur donnent plus de confiance dans la situation de privation de liberté dans laquelle ils se trouvent.

Nous allons, en ce qui nous concerne, veiller au respect de leurs droits, au respect de leur dignité et aussi, parce que cela relève de l’exécutif, nous assurer que leurs conditions de détention respectent les droits humains et la dignité des hommes et surtout sont conformes à un Etat de droit », a dit le conseiller personnel du chef de l’Etat. Il ajoute que si à l’issue du procès, les accusés arrivaient à être condamnés, le président de la République n’hésiterait pas à recourir à son droit de grâce pour les faire libérer.

« Je peux vous apporter un témoignage personnel. Le chef de l’Etat, je le dis et je l’assume, parce que je sais que c’est la vérité et c’est également sincère, si ça ne tenait qu’à lui, il le disait encore il y a quelques heures, il ne souhaite voir aucun guinéen en exil et vous verrez dans les prochaines heures. Et nous d’ailleurs et d’autres qui étaient dans cette situation et qui ne le sont plus, le chef de l’Etat, si ça ne tenait qu’à lui, qu’à sa volonté propre, il n’y aurait ni de Guinéens en exil, ni des Guinéens en prison. A chaque fois qu’il a pu user de sa clémence après les décisions de justice, il l’a fait parce que c’est un peu son histoire.

Lui-même est passé par les épreuves de la vie politique, de la vie tout court, et il sait combien quelqu’un peut souffrir d’une situation d’exil ou de détention. Je peux vous garantir que lorsque ça sera nécessaire, après que la justice se soit prononcée et que chacun soit plus ou moins situé sur son sort, comme il l’a fait pour les mineurs récemment, il n’hésitera pas de recourir à sa clémence habituelle et user de son droit de grâce pour créer les meilleures conditions de confiance entre les Guinéens mais aussi de coexistence pacifique », a dit le porte-parole du gouvernement.

Alpha Assia Baldé pour Guineematin.com

Tél : 622 68 00 41

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