Vol de 10 mille euros et 17 millions de francs guinéens : un élève condamné à 1 an 5 mois de prison

Après 17 mois de détention, Mohamed Soumah vient de recouvrer sa liberté. Ce jeune (élève de la 10ème année au moment de son arrestation) était poursuivi pour vol de numéraires portant sur les sommes de 10 mille euros et 17 millions de francs guinéens. Son procès s’est tenu hier mercredi, 27 mars 2019, devant le tribunal correctionnel de Dixinn (délocalisé à la mairie de Ratoma).

Un tribunal qui l’a finalement condamné à un an et cinq mois de prison ferme, soit le temps qu’il a mis en prison, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a suivi ce procès.

Mohamed Soumah a été placé sous mandat de dépôt le 24 octobre 2017, pour vol de numéraires. Il lui était notamment reproché d’avoir volé dix mille (10.000) euros et dix-sept (17) millions de francs guinéens appartenant à Sophiane Sankhon, un homme pour lequel il lavait la maison.

À la barre, le prévenu a réfuté en bloc les faits mis à sa charge. «Je suis allé nettoyer sa maison. Et, le lendemain, il est venu dire que j’ai volé son argent… Moi, je n’ai rien pris. J’ai fait mon travail en sa présence (Sophiane Sankhon) et celle de son gardien. Quand j’ai fini, c’est monsieur Sankhon lui-même qui m’a donné 60 mille francs guinéens pour mon transport », a déclaré Mohamed Soumah, qui précise qu’il n’y a aucun contrat de travail entre lui et monsieur Sophiane Sankhon.

« C’est de temps en temps que je partais nettoyer sa maison. Il part chaque fois en France. Donc, c’est quand il revient qu’il m’appelle pour ce travail. Je le fais parce que c’est mon grand. Et, à chaque fois il me donne de l’argent », a-t-il ajouté.

Dans sa reconstitution des faits, le ministère public a indiqué que c’est quand monsieur Sankhon a constaté une effraction dans son appartement qu’il a soupçonné Mohamed Soumah. « Et, quand il a été interpellé, le prévenu ici présent a reconnu les faits devant les agents enquêteurs (…) », a expliqué le ministère public, tout en précisant que le plaignant (Sophiane Sankhon) a déjà retiré sa plainte depuis chez le magistrat instructeur.

Le procureur audiencier, Boubacar I Bah, a ensuite tenté de justifier la longue détention du prévenu contre lequel il a finalement requis la condamnation au temps mis en prison.
« Je ne sais pas si c’est au niveau du parquet ou si c’est chez le magistrat instructeur que le dossier a disparu (…). C’est pourquoi vous constaterez que le prévenu est en prison depuis 2017.

Pour qu’il comparaisse devant votre tribunal, il a fallu qu’on reconstitue le dossier… En ce qui concerne les faits pour lesquels Mohamed Soumah est ici, il est établi qu’il en est l’auteur. C’est pourquoi le ministère public vous demande de le retenir dans les liens de la prévention (…). Et, pour la répression, vous le condamnerez au temps mis », a requis le ministère public.

De son côté, Me Koïvogui Koïkoï Koto, l’avocat de la défense, a indiqué qu’il existe « un doute persistant » dans cette affaire. « Cette affaire est basée sur de simples soupçons. Le prévenu est allé travailler la veille. Il n’a pas passé la nuit là-bas. Et, c’est le lendemain vers 10 heures, que le plaignant a constaté la disparition de son argent. Et, au lieu de soupçonner son gardien avec lequel il a surement passé la nuit, il pointe Mohamed Soumah du doigt. Il prend ce jeune élève qui fait la 10ème année pour l’envoyer et l’oublier en prison (…)

Comme par magie, monsieur Sophiane Sankhon vient désister devant le juge d’instruction. Ce qui laisse quand même planer le doute sur l’existence même de l’argent qui est prétendu volé. Je connais la valeur de 10 mille euros en francs guinéens. Quand on vous vol tout cet argent, vous ne désistez pas comme si ce sont des cacahouètes qu’on vous a pris (…).

Dans cette affaire, l’infraction n’est pas constituée. Il y a le doute. Donc, nous vous prions d’aider ce jeune à recouvrer sa liberté. Et, si par extraordinaire vous ne rendez pas une décision sur siège, je vous demande de mettre le prévenu à ma disposition, en attendant le jour de la décision », a plaidé Me Koïvogui Koïkoï Koto.

Finalement, le tribunal, après avoir suspendu l’audience pour une quinzaine de minutes, a condamné Mohamed Soumah à un an et 5 mois de prison ferme. Soit les 17 mois qu’il a déjà passés en prison.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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