Guinée : et si le coup d’Etat était inévitable ? (Par Dr Dioubaté Mohamed Lamine)

Dr Dioubaté Mohamed Lamine

« Le cheval que tu engraisses, c’est celui-là qui te donne les coups de pattes »

D’entrée de jeux, permettez-moi cette contradiction importante : mais ce cheval ne peut jamais vous donner ses coups de pattes, si vous ne lui donnez pas toutes les astuces possibles pour y parvenir. Il y a à peine 72h qu’un groupement dénommé « les forces spéciales » s’est emparé d’un pouvoir constitutionnellement chancelant, et institutionnellement titubant, je veux dire presque mourant dans son fonctionnement. Et ce, tous les voyants étaient aux rouges, pour comprendre que ce pouvoir ne tenait plus qu’à un bout de fil très sensible et fragile.

De la cherté de la vie que connaissent les guinéens, à l’augmentation fantaisiste des denrées alimentaires avant même celle du carburant sur le marché, des prix exorbitants des cartes d’identité, aux plaques d’immatriculation ; la corruption, le laisser pour compte et l’hémorragie financière que subissait ce pays, montraient que la Guinée n’était plus sous perfusion, mais à l’agonie, et rien dans toutes ces actions gouvernementales ne donnait une survie longue au pouvoir du PRAC. C’était d’ailleurs les signes annonciateurs de cette chute que l’on connaît aujourd’hui.

Depuis la prise du pouvoir par les forces spéciales de l’armée guinéenne, qui ont pourtant été mises en place par le PRAC, aucune analyse de la situation socio-politique de la Guinée ne semble s’intéresser sur l’après révolution. L’euphorie que cela suscite dans l’opinion nationale, la liesse et l’enthousiasme exprimés par une partie de la population guinéenne, montre à bien d’égard l’insouciance et le tort causé par le pouvoir déchu. Certes, tout changement de régime crée son lot de mécontents et de contents à la fois, mais aussi impose sa peur de l’inconnu que tous les guinéens devraient murirent pour éviter encore les surprises désagréables comme par le passé.

Oui ! Les discours tenus par les forces spéciales semblent rassurés certains, mais ce genre de discours ne devrait pas être une nouveauté pour les guinéens, l’alignement populaire recherché, le caractère flou et astucieux de ce discours, ne devrait plus prendre les guinéens au piège. D’autant plus qu’aucun chronogramme n’est encore décliné sur la formation du nouveau gouvernement. Je voudrais juste alerter que le labyrinthe ne fait que commencer car nous vivons dans une insouciance totale. Nous avons sans doute vécu le même passé à la fois tumultueux, inquiétant, mais serein, et nous devons encore avoir peur de ce qui adviendrait dans deux, trois ou quatre semaines et voir des mois et des années.

De nos jours, toutes sortes d’interprétations sont faites autour de cet événement, des dires des pseudos analystes, aux ragots des quartiers, rien n’épargne le PRAC et son Poulain Doumbouya, la vérité est que les dés étaient déjà pipés entre les deux personnalités importantes de ce pays. Et ça devait être l’un ou l’autre vu la crise et la tension qui montaient depuis plus de six mois entre ces deux symboles politico-militaires. Le premier ayant un sentiment de toutes puissances, se considérant au finish, comme le tenant et l’aboutissant de tous les problèmes de la Guinée, et enquiquiner par les caciques du RPG à l’intérieur du gouvernement sur la menace que représentait le Colonel Doumbouya, et le second se sentant frustré et humilié dans son égos militaire super bien-formé, il fallait qu’un reste et que l’autre parte. De ce que nous avons été réveillés depuis trois jours, les balles ont eu raison sur les politiques.

Les forces spéciales venues au pouvoir, fortement applaudies et accueillies ne distinguent pour l’heure aucun guinéen, aucune ethnie, aucun parti politique, ni de forces vives. Elles sont pour l’instant les seules et uniques représentantes du peuple et elles assument et devraient les assumer pendant et après leur règne. Le terrain politique est à analyser, le jeu militaire et militariste est à décortiquer pour le comprendre finement. L’enjeu politique n’est pas à ignorer, les guéguerres internes entre les partisans du RPG-arc-en-ciel sont à stopper de facto. Le peuple ne doit pas se laisser gruger, les forces spéciales aussi ne doivent pas se laisser berner par d’aucune force interne et externe pour leur bifurquer de leurs objectifs. Nous devons tous rester concentrer sur les idéaux communs de démocratie, de liberté, de prospérité, de développement et de bonheur pour l’intérêt commun de la Guinée.

Que Dieu protège la Guinée, les Guinéennes et les Guinéens.

Vive la démocratie en Guinée

Dr. Dioubaté Mohamed Lamine

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