Guinée : l’interdiction de cortèges anarchiques saluée par certains citoyens

Indéniablement, il faut connaitre un pays pour pouvoir le gérer. C’est donc en fin connaisseurs de certaines pratiques néfastes en cours que les nouveaux maîtres du pays ont décidé de mettre à un phénomène tant décrié par les citoyens. Il s’agit de ces concerts de cortèges à tout bout de champ. Pour un oui ou un nom, les anciens dirigeants et leurs proches usaient et abusaient de ces cortèges.

Du simple mariage à une cérémonie de fin de veuvage, les gens voulaient attirer l’attention sur eux. Pour montrer aux autres que, comme l’avait dit l’ancien député Aboubacar Soumah dans son slogan de campagne aux dernières législatives que c’est leur tour maintenant. Inutile de dire que ce comportement était décrié partout par tous. Que les nouvelles autorités décident d’y mettre fin, la satisfaction d’aujourd’hui est à la dimension de la frustration d’hier.

Il faut dire que les auteurs de ces pratiques étaient le plus souvent des arrivistes et autres proches des dirigeants qui n’ont jamais songer avoir ce statut social un jour. Une minorité de responsables faisait preuve de modestie et d’humilité. Par exemple, les voisins du chef d’état-major des Armée étaient témoins d’un fait, lorsque l’officier rentre chez lui il le fait en toute discrétion.

Mais les soldats qui l’ont accompagné, une fois que leur patron est descendu du véhicule, font un bruit assourdissant sur leur chemin de retour. Comme ce cas-ci, le plus souvent ce sont de simples soldats mal formés qui se comportent mal dans la circulation. Mais la hiérarchie savait ce qui se passait. Elle a laissé faire.

Le régime défunt se vantait fièrement de la réforme de l’armée. C’est vrai que les soldats se faisaient plus discrets que durant le court règne du capitaine Moussa Dadis Camara. Mais, comme dit le dicton populaire, quand le chat est absent la souris fait la fête. La place laissée par l’armée était occupée par la police et la gendarmerie. Lesquelles faisaient la pluie e le beau temps.

De nombreux observateurs n’avaient pas manqué de se poser cette question : à quoi sert l’absence de l’armée dans la rue si la police et la gendarmerie font pire. Par exemple, est-ce que l’absence de l’armée pour le maintien d’ordre avait réduit le nombre de victimes consécutives aux manifestations ? La réponse est bien évidement non au regard du nombre effroyable de morts déplorés par l’opposition durant les dix dernières années. Or pour une victime et les siens, peu importe qu’une balle mortelle soit tirée par un militaire, un policier ou un gendarme.

A la prise du pouvoir de M. Alpha Condé les Guinéens étaient partagés entre l’espoir et l’inquiétude. La formation de l’homme, son long séjour dans un pays développé et son refus de tout compromis avec les régimes décriés étaient, entre autres, des atouts potentiellement susceptibles de l’aider à mettre en œuvre son leitmotiv : le changement. Mais en même son manque d’expérience dans la gestion administrative et son ignorance de certaines réalités du pays étaient des handicaps difficilement surmontables.

A la fin de son règne, le scepticisme des uns avait largement pris le dessus sur l’optimisme des autres. Le pays était comparable à la chèvre que raconte le dicton populaire : elle est confiée à dix bergers. Pendant que chacun pense qu’un autre s’est occupée de la fameuse chèvre abandonnée à elle-même, finit par crever.

Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com

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