Visa pour le Brésil : des victimes réclament plus de 12 milliards à un présumé escroc

Il n’est un secret pour personne que le football fait rêver de très nombreux jeunes guinéens. Très doués, ces jeunes ont souvent une folle envie d’aller monnayer leur talent à l’extérieur. Mais, sur leur chemin, ils rencontrent de nombreux arnaqueurs et autres marchands d’illusions. Le plus souvent, c’est des affaires qui arrivent au tribunal quand les uns abusent de la confiance des autres. C’est dans ce cadre qu’un procès se tient actuellement au Tribunal de Première Instance de Kaloum où Aboubacar Bangoura est poursuivi pour escroquerie au préjudice de 23 personnes, a constaté un reporter que Guineematin.com a dépêché au tribunal.

Aboubacar Bangoura est responsable de la structure Guinée Vison Sport. Il a promis, depuis 2017, à travers une campagne médiatique, à de nombreux jeunes guinéens de les aider à aller au Brésil pour jouer au ballon. Pour y arriver, il fallait remplir des conditions techniques, physiques et financières. Selon lui, sa structure est reconnue par la Fédération Guinéenne de Football et l’ambassade du Brésil.

De nombreux jeunes gens, qui ont réussi au test physique et technique, parviennent à convaincre leurs proches de mettre la main dans la poche à l’effet de les aider à aller jouer au football au pays de Pelé.

Les 23 plaignants dans cette affaire affirment avoir versé des sommes de 5 000 dollars pour les uns, 17 millions de francs guinéens et 3500 dollars pour les autres. Les jeunes ont également remis à Aboubacar Bangoura leurs passeports et livrets scolaires. Malheureusement ces jeunes ont vu leur rêve se briser, car ils ne se sont pas rendus au Brésil, ni récupérés les montants versés encore moins leurs passeports et livrets scolaires.

Finalement, monsieur Bangoura est mis aux arrêts, inculpé pour abus de confiance et mis en prison depuis le 15 février 2018.

Après de nombreuses audiences, la journée d’hier mercredi, 16 janvier 2019, a été consacrée aux réquisitions et plaidoiries des parties au procès.

Lors des précédentes audiences, Aboubacar Bangoura a reconnu avoir reçu ces sommes d’argent des mains des plaignants. Il avait précisé que son acte n’était pas criminel, qu’il a voulu aider la jeunesse guinéenne et qu’il avait réussi à envoyer d’autres jeunes au Brésil dans le cadre du même projet.

A l’entame de l’audience, la juge, madame Bamba Kallo va demander à ce que le prévenu restitue les passeports et livrets scolaires aux victimes. Ce qui fut fait sur le champ.

Prenant la parole, maître Abou Camara, un des avocats de la partie civile a soutenu que « depuis le début, les intentions de Mr Bangoura étaient d’appauvrir les pauvres citoyens pour s’enrichir, construire des belles maisons, mettre ses enfants dans des bonnes écoles, sans se soucier du reste ».
Il a également expliqué que la maman d’un des clients d’Aboubacar Bangoura, en l’occurrence Mme Khady Bangoura, a eu un AVC causé par le choc, et est couchée dans une clinique de la place.

Plus loin, maitre Camara dira qu’au sein de certaines familles, les enfants ne vont plus à l’école depuis un an parce qu’ils n’ont pas de livret scolaire. Il a rappelé que l’avenir des ces jeunes est brisé, sans oublier que les parents des victimes se sont endettés dans l’espoir de voir leur enfants aller au Brésil.

Par conséquent, Maître Abou va demander au tribunal de condamner Bangoura Aboubacar au payement de la somme de 2 milliards 700 cent millions de francs guinéens, au titre des différents montants perçus, et 10 milliards de francs guinéens au titre de dommages et intérêts.

Pour sa part, dans ses réquisitions, le procureur Ousmane Sankhon, va demander qu’il plaise au tribunal de retenir Aboubacar Bangoura dans les liens de la culpabilité du délit d’escroquerie. Pour la répression, le procureur va requérir un an de prison et le payement d’une amende de 5 millions de francs guinéens.

Une réquisition qui n’a pas été du goût de l’avocat de la défense. Maitre Fodé Camara va demander la relaxe pour son client ou, à défaut, de lui accorder des circonstances atténuantes en le condamnant au temps mis en prison, parce que « c’est une incompréhension notoire des uns des autres » qui a conduit son client en prison depuis 11 mois.

Le tribunal a renvoyé l’affaire au vendredi, 18 janvier 2019, pour décision être rendue.

Salimatou Diallo pour Guineematin.com

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