Détournements à l’usine de coton de Kankan ? Les travailleurs accusent…

Depuis un certain temps, la filière coton de Kankan traverse une zone de turbulence. Sous la pression des travailleurs, le chef du projet coton et son adjoint ont été forcés à quitter la tête de l’entreprise, accusés de mauvaise gestion, rapporte le correspondant de Guineematin.com dans la préfecture.

L’usine de traitement de la de la fibre de coton, située au quartier Kankan Koura, dans la commune urbaine traverse une crise sans précédent. Les activités tournent au ralenti et un nombre important de ballots est stocké à la merci de la nature dans l’enceinte du projet.

Selon des informations confiées à Guineematin.com, ce sont 4 000 ballots (soit 868 tonnes, pour une valeur de plus de 12 milliards de francs guinéens) qui sont altérées par les intempéries et demeurent stockées en plein air. Une situation due à un manque de moyens financiers pour son acheminement sur le port de Conakry.

Aux dires de Daouda Diallo, responsable de la production agricole en 2013, la firme a été confrontée aux mêmes problèmes qui leur ont fait perdre des milliards. « En 2013, c’était pareil. Là, c’était le coton grain, on a perdu des milliards aussi, on a voulu envoyer la presse, mais la direction nous a empêché. Mais, cette fois ci, ça a débordé. Vous avez vu, on a 4000 balles qui sont parties, elles sont estimées à plus de 12 milliards de nos francs, sans compter les balles qui sont à Conakry. Et chaque fois, au niveau du port, on nous retourne parce que ce qui va en Europe est trié », a-t-il expliqué.

Selon lui, pour les préfectures de Koundara, Gaoual et Mali, toute la production de fibre de la campagne 2017-2018, soit 826 tonnes, sont resté bloquées au Sénégal pour non-paiement des frais d’égrenage et des taxes douanières.

Pour sa part, Kaba Camara, secrétaire général des syndicalistes et technicien à l’usine, ces 4 000 balles ne sont plus récupérables au risque de mettre les machines en panne. « Si on dit aujourd’hui de reconditionner, cela prendra quatre mois, parce qu’il faut déballer chaque balle, les trier et les récupérer. Donc, par estimation, on peut avoir 20% dans chaque balle et pour les reconditionner, il faut payer la main d’œuvre, il faut penser au coût du gasoil, on a un groupe qui consomme 160 litres par heure. Nous venons entretenir les machines. Donc, on n’acceptera pas de faire passer ces balles débouclées pour détruire ces machines », a-t-il fait remarquer.

Selon Adama Faro, chargé du service de formation à la direction de la production agricole, la direction démissionnaire est la seule responsable des maux dont souffre l’usine du projet coton. « C’est arrivé par l’avènement de la nouvelle direction qui n’a pas pu mener la barque du projet coton depuis 2011. On n’a pas pu évoluer. Au finish, deux audits demandés par la présidence de la République et le ministère de l’agriculture, ont révélé des milliards de détournement par la direction. A cela s’ajoute le mauvais traitement infligé aux travailleurs par la direction. C’est grâce au comportement de la direction que rien ne va », accuse monsieur Faro.

Pointé du doigt pour mauvaise gestion, Bakary Kaba, chef de projet adjoint, est dénoncé par les travailleurs comme étant le principal responsable de la mauvaise situation que traverse la firme cotonnière de Kankan. Même s’il a publiquement démissionné, le 26 septembre 2018, il continuerait à assumer la gestion de l’usine depuis Conakry.

La conséquence principale de cette crise qui sévit actuellement, à en croire les informations, est la baisse de la production au fil des années. A retenir qu’actuellement, c’est 203 travailleurs permanents, 150 saisonniers et plus de 10 000 paysans dans 700 villages de la Haute Guinée qui sont sans emploi depuis l’arrêt de l’usine il y a 4 mois.

De Kankan, Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com

Tél : 00224 627 24 13 24

Facebook Comments Box