Détournement à l’OGP : l’Etat réclame plus de 42 milliards 115 millions à Paul Moussa Diawara et Inza Bayo

Paul Moussa Diawara, poursuivi pour le détournement d'environ 40 milliards à l'OGP
Paul Moussa Diawara, ancien DG de l’OGP, poursuivi pour le détournement de plus de 42 milliards

Comme annoncé précédemment, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kaloum a requis hier, lundi 04 Mars 2019, cinq (5) ans d’emprisonnement contre Paul Moussa Diawara et Inza Bayo, respectivement anciens Directeur Général et Comptable de l’office guinéen de publicité (OGP). Ces deux anciens dirigeants sont poursuivis pour détournement de deniers publics et complicité, portant sur la somme de 39 milliards 679 millions 25 mille 698 francs guinéens au préjudice de l’OGP dont le seul actionnaire est l’Etat guinéen. Les avocats de la partie civile ont plaidé pour une saisie des biens des prévenus, tandis que l’avocat de la défense a parlé d’acharnement contre son client, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a suivi ce procès.

Après plusieurs mois de procès, émaillé de reports et de rebondissements inattendus (demande de récusation du juge en charge du dossier), ce qui convient d’être appelé désormais ‘’l’affaire Paul Moussa Diawara et Inza Bayo’’ tend vers son épilogue au tribunal de première instance de Kaloum. Ce lundi, c’était l’épreuve fatidique des réquisitions et plaidoiries dans cette affaire qui porte sur un détournement présumé de deniers publics, dont le montant est estimé à près de 40 milliards de francs guinéens, au détriment de l’OGP. Un détournement pour lequel deux anciens cadres (le Directeur Général Paul Moussa Diawara et le comptable Inza Bayo) de l’office guinéen de publicité sont poursuivis par l’Etat Guinéen, représenté par l’agent judiciaire de l’Etat.

Selon Me Lancinet Sylla, un des avocats qui représentent l’agent judiciaire de l’Etat dans cette affaire, cette affaire porte sur un détournement de redevances et de taxes dont les origines sont entre autres les sociétés de téléphonie Orange, Cellcom et Areeba. Il s’est ensuite mis à lister des montants qui ont été décaissés par Paul Moussa Diawara et son comptable Inza Bayo, à des dates différentes pour des « voyages de formation imaginaires » à l’étranger et en Guinée.

« A la date du 20 avril 2015, un montant de 349 millions 860 mille francs guinéens a été décaissé pour une formation de quatre semaines au Maroc. Une formation qui était destinée à quatre agents. Pour la formation à Paris de cinq personnes, plus de 500 millions de francs guinéens ont été décaissés à la date du 25 juillet 2015. À la date du 20 Septembre 2015, un montant de 641 millions de francs guinéens a été déboursé pour une formation de trois semaines au Canada. On dit qu’il y avait cinq participants. À la date du 27 Février 2016, pour une deuxième formation en France de neuf personnes, un milliard 701 millions de francs guinéens a été décaissé… En l’espace d’un an et demi, la somme de 17 milliards, 170 millions 735 mille francs guinéens a été sortie des caisses de l’Etat guinéen pour des voyages imaginaires à l’étranger… La responsabilité pénal de Paul Moussa Diawara et Inza Bayo, les deux cosignataires de toutes les sorties de fonds dont nous avons fait état ici, est incontestablement établis. C’est pourquoi, nous vous demandons très respectueusement de prendre acte de la constitution de partie civile de l’Etat guinéen, représenté par l’agent judiciaire de l’Etat dans cette affaire. Ce faisant, vous allez reconnaître les sieurs Diawara et Bayo, coupables de détournement de deniers publics au préjudice de l’Etat guinéen. Ces fonds compromis et qui n’ont pas été justifiés s’élèvent à la somme de 42 milliards 115 millions 760 mille 20 francs guinéens. Et, à titre des dommages et intérêts, nous sollicitons le quart (1/4) de ce montant. C’est-à-dire 10 milliards 528 millions 940 mille 5 francs guinéens. Et, pour nous permettre d’obtenir le remboursement de ces deniers publics, nous sollicitons la confiscation totale de tous les biens appartenant aux deux prévenus. Pour terminer, nous sollicitons qu’il vous plaise, monsieur le président, d’ordonner l’exécution provisoire de cette mesure », a plaidé Me Lancinet Sylla.

L’avocat de l’Etat précise d’ailleurs qu’en dehors de ces « voyages imaginaires », il y avait d’autres pratiques qui permettaient « de dilapider, de détourner » de l’argent à l’OGP. « Il s’agissait de la coalition entre l’OGP et Horizon international. Un cabinet qui n’a aucune existence juridique, mais dont les prestations ont été facturées à 4 milliards 194 millions 782 mille francs guinéens. L’autre mode opératoire à l’OGP était une commission fictive de recouvrement qui a été mise en place pour pouvoir sortir des fonds ; alors que la même régi financière avait un huissier de justice qui était en charge du recouvrement des créances… », a-t-il expliqué.

Dans ses réquisitions, le ministère public est revenu sur les rebondissements qui ont caractérisé ce procès, avant de demander au tribunal de retenir Paul Moussa Diawara et Inza Bayo dans les liens de la prévention pour détournements de deniers publics et complicité. « Pour la répression… vous les condamnerez à 5 ans d’emprisonnement. Le ministère public demande aussi au tribunal d’ordonner la saisie des biens des prévenus. Et, nous demandons enfin au tribunal d’ordonner l’exécution provisoire », a requis le procureur Ousmane Sankhon, tout en indiquant que la place de ceux qui détournent les biens de l’Etat, c’est la prison.

« Les prévenus ont reconnu le recouvrement des montants qui ont été énumérés ici. Mais, pour ce qui est du versement de ces montants au trésor public, rien n’a été justifié… Les bandits en col blanc doivent aussi aller en prison au même titre que les petits voleurs qui sont jugés ici à longueur de journée », a insisté le procureur.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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