Julien Dramou favorable à la nouvelle Constitution : « mais, il faut une rupture en 2020… »

Julien Dramou, président du mouvement ''La nouvelle République''
Julien Dramou, président du mouvement  »La nouvelle République »

La récente sortie médiatique du président Alpha Condé, invitant son Premier ministre à engager de larges consultations avec tous les acteurs sociopolitiques sur toutes les questions, y compris celles qui fâchent, est diversement appréciée dans l’opinion publique. Si les uns pensent que ces consultations sont opportunes, d’autres le voient d’un mauvais œil et pensent qu’elles contribuent à légitimer le débat pour la prolongation du mandat d’Alpha Condé à la tête de notre pays.

Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com dans la journée d’hier mercredi, 11 septembre 2019, Julien Dramou, président du mouvement La Nouvelle République, a donné sa position sur cette sortie présidentielle et sur l’appel de Kassory Fofana. Si monsieur Dramou pense que c’est important de se doter d’une nouvelle Constitution, cependant il souhaite qu’il y ait une rupture avec le système actuelle. Avec lui, il a été également question du mouvement Nouvelle République, de son implantation et de ses perspectives.

Guineematin.com : l’actualité politique est dominée par la sortie récente du Chef de l’Etat, suivie de la déclaration du Premier ministre. Aujourd’hui, les consultations ont déjà commencé. En tant que président du mouvement La Nouvelle République, comment avez-vous accueilli ces deux déclarations ?

Julien Dramou : la première déclaration, nous l’avons accueillie avec assez de satisfaction. D’abord, la déclaration du président de la République était une déclaration qui apaise, qui donne un nouveau tournant sur la Constitution, qui apporte un nouveau souffle. Et aujourd’hui, je pense que les gens sont en train de comprendre petit-à-petit que le débat sur la nouvelle Constitution n’est pas un débat pour un 3ème mandat. Et, l’objectif est train de changer dans tous les camps d’ailleurs. Certains militants du parti au pouvoir ont pensé au début que cette problématique de nouvelle constitution était essentiellement pour donner au président de la République un 3ème mandat, ce qui est un raisonnement erroné. Donc, eux-mêmes ils sont en train de se rendre à l’évidence et aussi les membres de l’opposition, certains leaders du FNDC, sont aussi en train de se rendre à l’évidence, pour comprendre que la problématique de la nouvelle constitution n’est pas une affaire de 3ème mandat, mais c’est une affaire citoyenne, c’est une affaire de la nation qu’on va résoudre ensemble, pour passer à une nouvelle étape de notre vie nationale. Et, la deuxième déclaration, celle du Premier ministre, nous la trouvons normale. Peut-être un peu hâtive, parce que dans cette déclaration, nous ne voyons pas la méthodologie concrète que le Premier ministre propose quant à la conduite de la consultation nationale que le président lui demande. Le président lui a demandé d’initier une consultation nationale, à notre sens, ce n’est pas à lui de mener cette consultation. Il doit élaborer des termes de référence très claires, dans lesquelles il y a une méthodologie de travail, il y a une échéance, il y a des objectifs, etc. Mais, quand il parle d’adresser des courriers à des personnes concernées, nous pensons que ça va dans le sens d’exclure d’autres personnes. Il devait à la limite créer une plateforme nationale de concertation, même si c’est en ligne, où les guinéens peuvent aller apporter leurs observations, apporter des avis, ou alors créer des numéros verts d’appels téléphoniques, des boites postales où les gens peuvent envoyer tout ce qu’ils pensent sur une éventuelle nouvelle constitution et sur l’actuelle constitution. Comme ça, le débat sera ouvert, ça sera transparent. Mais, si on doit identifier des personnes triées sur le volet et les consulter, on va créer de la frustration en omettant d’autres personnes qui ne sont pas forcément des moindres. Donc, c’est cette inquiétude que nous avons aujourd’hui. Si cette méthodologie du Premier ministre peut être revue, recadrer, pour apporter plus de crédibilité au travail qu’il va faire, ça va nous permettre de gagner en temps, que de faire un travail sur lequel on va revenir encore.

Guineematin.com : le président de la République est à son second et dernier mandat. Que pensez-vous de la gouvernance d’Alpha Condé ?

Julien Dramou, président du mouvement  »La nouvelle République »

Julien Dramou : la gouvernance du président Alpha Condé ! Ça sera biaisé que je me prononce dessus, mais je vais essayer de faire l’exercice. Parce que moi-même j’ai été membre de la cellule de communication du président de la République en 2015 pendant les campagnes. J’étais confiant à l’époque, que pendant le deuxième mandat, le président allait mieux faire. Parce que tout simplement dans le premier mandat, il y a eu assez de mouvements sociaux, il y a eu assez de problèmes, il y a eu la maladie Ebola, etc. Les arguments étaient fondés pour le retard accusé. Mais, dans le deuxième mandat, je pense qu’on pouvait mieux faire. On pouvait mieux faire, sauf qu’on a constaté qu’assez d’efforts ont été déployés pour peu de résultats. On peut dire qu’il est peut-être resté dans la macro-économie, le panier de la ménagère ne ressent pas les efforts fournis par le régime du professeur Alpha Condé dans le deuxième mandat en tout cas. Donc pour moi, c’est vraiment un résultat mitigé, à dents de scie. Donc, il faut qu’en 2020 qu’il y ait une rupture avec le système pour que les résultats fournis soient récompensés à leur juste valeur et que les guinéens sentent le développement.

Guineematin.com : le mouvement la Nouvelle République a été lancé depuis 1er juillet dernier. A ce jour, quelles sont les réalisations faites sur le terrain ? Est-ce que certains objectifs ont été atteints ?

Julien Dramou : oui, le mouvement La Nouvelle République a été effectivement lancé le 1er juillet 2019. Donc, nous sommes pratiquement dans le 3ème mois et il y a eu assez d’activités réalisées sur le terrain. Nous avons organisé deux conférences de presse, nous avons eu des séances de travail avec des associations de jeunes, avec des groupements de jeunes. Et, au cours de ces séances de travail, nous avons parlé de l’actuelle constitution, des défauts de l’actuelle constitution, nous avons parlé des avantages d’une nouvelle constitution pour la Guinée, pour les Guinéens, pour la nation, et nous avons mis en place des antennes à l’intérieur du pays. Aujourd’hui, nous sommes en train de travailler pour la mise en place des antennes à l’extérieur du pays. Donc, du travail a été fait, du travail est en train d’être fait et du travail sera fait. Alors, quand on parle d’objectifs déjà atteints, je pense qu’on a fait un gros pas. Parce que déjà le 3 juillet, je me rappelle qu’on a adressé une lettre ouverte au président de la République dans laquelle nous avons apporté des observations sur la procédure à mettre en place pour la mise en place d’une nouvelle constitution. Alors sur la forme, on avait recommandé au président de la République d’organiser une consultation nationale. Une consultation au cours de laquelle la majorité des guinéens sera consultée et la majorité pourra porter son avis sur la nouvelle constitution, sur l’ancienne constitution. Ce n’est que dans ce dialogue que les guinéens peuvent s’entendre, que les guinéens peuvent apprendre à se faire mutuellement confiance. Et, nous pensons que cet appel à l’endroit du président de la République a été écouté. Nous sommes contents de constater que le président de la République a fait une déclaration officielle allant dans ce sens. Et, il a invité son Premier ministre d’initier cette consultation nationale. Donc pour nous, c’est une grande avancée. Le mouvement La Nouvelle République se dit davantage confiante quant à l’avenir de ses objectifs, de ses ambitions.

Guineematin.com : à ce stade de l’évolution, quelles sont vos priorités ?

Julien Dramou : nos priorités en termes d’actions, je dirai que c’est essentiellement de continuer la mise en place des antennes, des représentations. C’est vrai que ce n’est pas du travail qui se fait avec assez de bruit, mais il est très profond. Au jour d’aujourd’hui, nous avons des milliers d’adhésions. Ce qui est très réjouissant dans notre démarche, c’est que c’est des gens qui viennent avec conviction. Ce sont des gens qui ont entendu nos différentes communications sur les réseaux sociaux, qui nous ont contactés pour nous représenter. Donc, ce n’est pas des gens à qui nous remettons de l’argent. D’ailleurs, nous n’avons pas assez de moyens pour remettre de l’argent à tous ces gens qui viennent à nous. Mais ce que nous leur apportons, c’est la confiance, c’est cet esprit d’initiatives, c’est de les scotcher eux aussi à pouvoir se prendre en charge. Donc du travail est en train d’être fait, la priorité, c’est la mise en place des antennes. Et aujourd’hui, nous nous focalisons sur notre objectif principal qui est d’être candidat indépendant en 2020. Donc, le travail est en train de se faire dans ce sens. Nous sommes en train de travailler sur nos outils de communication, nous travaillons sur notre projet de société, etc.

Guineematin.com : quel est le mot de la fin ?

Julien Dramou : le dernier mot serait que nous restons droits dans notre botte. Nous disons oui à une éventuelle nouvelle constitution pour une démocratie sûre, stable et inclusive pour le bonheur des guinéens. Mais, nous disons non à une éventualité mandat supplémentaire et nous appelons la jeunesse guinéenne à se rallier à notre cause, à travailler d’arrache-pied pour prendre son destin en main et produire un avenir radieux pour les générations futures.

Interview réalisée par Ibrahima Sory Diallo pour Guineematin.com

Tél. : (00224) 621 09 08 18

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